Eso1
Le maintien et l’amélioration de la qualité des nappes sont des enjeux visant à garantir :
– Une eau potable disponible, de qualité et à un coût maîtrisé ;
– Une eau disponible et de qualité pour tous les usages ;
– Le maintien et l’amélioration des milieux aquatiques de surface alimentés par les nappes.
L’alimentation en eau potable des populations en région provient à 93 % des prélèvements effectués dans les eaux souterraines (majoritairement nappe de la craie et dans une moindre mesure les nappes des calcaires Carbonifère).
Les secteurs où la nappe de la craie présente une productivité intéressante sont limités. Or la quasi-totalité de ces secteurs sont déjà largement exploités, réduisant les possibilités d’augmentation des points de prélèvements et des volumes prélevés.
Cela rend la question de l’accès à la ressource en eau d’autant plus sensible que la qualité des eaux des nappes est souvent dégradée et que le recours à de l’eau de bonne qualité, cherchée de plus en plus loin, touche ses limites dans la région.
Ainsi, fin 2009, plus de 150 captages de production d’eau potable avaient déjà été abandonnés et 51 ouvrages étaient en perspective d’abandon sur un total régional de plus de 750. Cette situation implique un enjeu de reconquête de la qualité des eaux souterraines.
De plus, la présence de micropolluants dans les nappes, tels que les perturbateurs endocriniens, pose la question des risques sanitaires et se traduit par des enjeux de santé et de connaissance : suivi de micropolluants spécifiques, connaissance des impacts sur la santé (cf. chapitre « Synthèse transversale » : rejets médicamenteux et pesticides).
Les eaux souterraines sont également utilisées, en proportion moindre, par des entreprises et des exploitations agricoles. La qualité des nappes doit aussi être compatible avec ces usages, plus ou moins exigeante en fonction des productions destinées ou non à l’alimentation.
Enfin, les milieux aquatiques de la région sont essentiellement alimentés par les eaux souterraines. Par conséquent, leur bon fonctionnement écologique est tributaire de la qualité des nappes qui les alimentent. À titre d’exemple, une nappe riche en nitrates induira une qualité dégradée du milieu aquatique.
Les marges de progrès
(lien avec le chapitre eaux superficielles)
1.1 - Diminution de la pollution diffuse par les nitrates
En 2010, il a été utilisé 160 kg/ha de fertilisation nette d’azote par l’agriculture en région dont 111 kg/ha de fertilisation minérale avec un surplus global d’azote résiduel estimé à 36 kg/ha de SAU [1]. Cela équivaut à environ 30 kt/an de quantité maximale d’azote risquant d’être transférés vers les milieux aquatiques. Les rejets effectifs dans les nappes ne sont à ce jour pas chiffrés. Les zones vulnérables aux pollutions diffuses des eaux souterraines et superficielles par les nitrates d’origines agricoles concernent la quasi-totalité de la région (cf. enjeu eaux superficielles). Après traitement, en concentration moyenne sur l’année, 0,18 % de la population du bassin était desservie par une eau non-conforme en nitrates (concentration supérieure à 50 mg/l) en 2010, contre 0,83 % en 2009. Le Pas-de-Calais est plus exposé que le Nord avec 14 captages concernés en 2012 [2] .
1.2 - Diminution de l’usage des pesticides par l’agriculture, les particuliers, les collectivités, les gestionnaires d’infrastructures et les entreprises (entretien des espaces verts) :
– 95 % des produits phytosanitaires sont achetés en France par l’activité agricole, le reste par les ménages, collectivités et gestionnaires de réseaux ;
– Seuls 6 % de la SAU régionale ne reçoivent ni traitement phytosanitaire ni engrais [3]. En 2011, on compte 7 404 ha de surfaces dédiées à l’agriculture biologique soient 0,9 % de la SAU, en augmentation de 48,1 % entre 2010 et 2011 ;
– 84 communes sur 1545 en région étaient signataires en 2012 de la charte « Entretien des espaces publics » mise en place par l’Agence de l’Eau et le Conseil régional.
Concernant les infrastructures, plusieurs gestionnaires mènent des actions de réduction de l’usage de pesticides. À titre d’exemple, dans le cadre de sa politique développement durable, VNF n’utilise plus de produits phytosanitaires. Dès 2017, la loi sur la transition énergétique prévoit l’interdiction des pesticides aux personnes publiques pour l’entretien des espaces verts.
Après traitement, environ 1 % des habitants du bassin ont été desservis au moins une fois dans l’année par une eau non-conforme vis-à-vis des pesticides en 2010, contre 2 % en 2009.
1.3 - Diminution de la pollution liée aux infrastructures routières
Les réseaux de collecte et de traitement (rétention/infiltration) dont sont dotées les infrastructures récentes permettent de protéger le milieu aquatique extérieur, en régulant les écoulements et en traitant partiellement les eaux récoltées. Les voiries dépourvues de ces équipements rejettent directement dans le milieu naturel. Ces impacts sont à ce jour difficilement quantifiables.
(lien avec le chapitre eaux superficielles)
Les flux de pollution en matières organiques vers les eaux souterraines sont principalement dus aux systèmes d’assainissement non collectifs quand leur niveau de fonctionnement est très moyen. La carte ci-dessus permet de visualiser les territoires comptant le plus grand nombre de logements non raccordés au système d’assainissement collectif.
2.1 - Amélioration des systèmes d’assainissement non collectifs (ANC)
On estime que parmi ces logements, 80 % disposent d’une installation d’assainissement individuelle non conforme.
2.2 - Amélioration du taux de raccordement
La part de logements non raccordés à un réseau et sans assainissement est estimée à 5,8 % en 2008 pour une moyenne en France métropolitaine de 1,8 %.
– 95 % des captages dans le Nord et 87 % dans le Pas-de-Calais, sont protégés par déclaration d’utilité publique sur leur périmètre de protection.
– Début 2014, 30 Opérations de Reconquête de la QUalité de l’Eau (ORQUE) étaient en cours sur la bassin Artois-Picardie pour protéger plus largement les aires d’alimentation des captages (AEAP) en réduisant les pollutions à la source.
4.1 - Traitement des sites pollués
4.2 - Gestion de la problématique des munitions non explosées de la première guerre mondiale, des zones de « pétardage » et des pollutions consécutives
Elles constituent des zones de protection des ressources en eau par le traitement naturel des pollutions qui s’y opère (lien avec les enjeux 1 et 3 relatifs aux eaux superficielles : préservation et restauration du fonctionnement écologique des milieux aquatiques et des zones humides).
Zoom1
Pour garantir à tous l’accès à une eau potable de qualité, l’agence de l’Eau Artois-Picardie met en œuvre des actions permettant notamment de protéger la ressource en eau, de sécuriser l’approvisionnement et d’améliorer le rendement des réseaux d’eau potable.
Le prix moyen des services de l’eau dans le bassin Artois-Picardie est de 4,40 euros TTC/m3 pour une consommation annuelle moyenne d’un foyer de 120 m3. L’observatoire mis en place depuis 20 ans
par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie permet de constater que le prix des services n’a jamais cessé d’augmenter. En 20 ans, le prix des services de l’eau a augmenté de 3 %/an (soit 0,81 %/an hors inflation). L’assainissement représente de l’ordre de 44 % du prix et la distribution en eau potable 35 %.
La ressource en eau elle-même est gratuite, car, patrimoine commun de la nation (article L. 210-1 du code de l’environnement) : elle n’appartient à personne. Ce n’est pas l’eau que l’on paie mais les services nécessaires pour prélever, traiter, transporter et dépolluer cette eau.