Zoom sur quelques sujets pour lesquels les connaissances manquent : les pesticides

Dernier ajout : 31 décembre 2015.

Si un certain nombre d’effets sur la santé sont bien identifiés, les connaissances concernant les émissions et l’exposition restent très partielles.

Exposition aux pesticides

En 2009, l’Institut Français de l’ENvironnement (IFEN) souligne que la présence de pesticides dans les cours d’eau et dans les eaux souterraines de la région est quasi généralisée :
 Les substances actives recherchées ont été détectées au moins une fois dans 91 % des points de mesures des cours d’eau et dans 55 % des points de mesures des nappes souterraines ;
 36 % des points de mesures des eaux de surface ont une qualité moyenne à mauvaise ;
 25 % des points de mesures des nappes souterraines ont une qualité médiocre à mauvaise.

En 2007, à l’échelle nationale, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a procédé à l’analyse de 5 412 échantillons de fruits, légumes, céréales et produits transformés dont 61 % étaient d’origine française. Sur les 266 matières actives recherchées, les molécules les plus souvent retrouvées sont les insecticides et les fongicides. Les résultats d’analyses relatives au plan de surveillance des aliments indiquaient des traces de pesticides détectées dans plus de 52 % des échantillons, dont 7,6 % étaient associées à des concentrations supérieures aux limites réglementaires.

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Effets sur la santé

En 1999, une enquête de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) a montré qu’un utilisateur de produits phytopharmaceutiques sur 5 a ressenti des troubles (irritations de la peau, problèmes respiratoires, vomissements, maux de tête…) au moins une fois dans l’année écoulée. Les troubles observés concernent principalement les muqueuses et la peau (40 % des cas étudiés), le système digestif (34 % des cas), le système respiratoire (20 %), puis le reste de l’organisme (24 %).

D’une façon générale, il ressort que l’évaluation des risques de cancers associés à l’exposition de pesticides manque de données toxicologiques et épidémiologiques. Mais en juin 2013, l’Inserm conclut à de « fortes présomptions » concernant l’association entre l’exposition professionnelle aux pesticides et le risque de survenue du lymphome non hodgkinien, du myélome multiple et du cancer de la prostate chez l’adulte.

Plusieurs pesticides, anciens ou d’usages actuels, sont considérés comme des perturbateurs endocriniens tels que : le DDT, la chlordecone, la dieldrine ou l’endosulfan. Tout comme d’autres molécules, ces substances sont soupçonnées d’induire des atteintes à la fonction de reproduction, des malformations de l’appareil génital masculin ou des modifications du comportement sexuel. Néanmoins, à l’exception notable de la chlordecone dont les effets néfastes sur la fertilité masculine ont été démontrés, les données épidémiologiques actuelles demeurent insuffisantes pour confirmer les mécanismes de perturbations endocriniennes des pesticides dans la survenue d’atteintes de la reproduction humaine.

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Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), rattaché à l’OMS, examine le pouvoir cancérogène éventuel de produits chimiques. Depuis 1971, plus de 900 agents ont ainsi été évalués parmi lesquels 400 ont été classés comme étant cancérogènes ou potentiellement cancérogènes pour l’être humain.

Le CIRC définit 4 groupes (de 1 à 4) correspondant à des degrés d’indication de cancérogénicité pour l’être humain (le deuxième est subdivisé en groupe 2A et 2B).

Le tableau ci-dessous résume les principes qui guident ce classement des agents par degré d’indication du risque et précise leur nombre actuel dans chacun des groupes.

Par exemple, le 20/03/2015, le glyphosate (herbicide non sélectif), le malathion et le diazinon (insecticides) ont été classés cancérigènes probable pour l’homme (2A). Le tétrachlorvinphos et le parathion (insecticides) ont été classés cancérigènes possible (2B).

Les critères de classement des agents selon le degré d’indication de cancérogénicité

Classes d’agents Critères de détermination du degré d’indication de risque pour l’homme et pour l’animal de laboratoire : principes généraux et particuliers de classement de l’agent dans le groupe Nombre d’agents

(au 23/10/2014)

Exemples
Agent cancérogène pour l’homme (groupe 1) Principe général : Indications suffisantes de cancérogénicité pour l’homme

Exception : Indications pas tout à fait suffisantes pour l’homme associées à des indications suffisantes pour l’animal et à fortes présomptions envers un mécanisme de cancérogénicité reconnu.

114 agents Fumer, rayon UV (été), lindane, particules fines, pollution de l’air, amiante
Agent probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A) Principe général : Indications limitées de cancérogénicité chez l’homme et suffisantes chez l’animal.

Cas particulier : Indications insuffisantes pour l’homme et suffisantes pour l’animal associées à de fortes présomptions pour une cancérogénèse selon un mécanisme identique chez l’homme.

Exceptions :

 Seule base des indications limitées de cancérogénicité pour l’homme.

 Appartenance de l’agent à une catégorie d’agents dont un ou plusieurs membres ont été classés dans le groupe 1 ou 2A.

69 agents DDT, Glyphosphate, malathion, diazinon
Agent peut-être cancérogène pour l’homme (groupe 2B) Principe général (2 formes) :

Forme 1 : Indications limitées de cancérogénicité chez l’homme et insuffisantes chez l’animal.

Forme 2 : Indications insuffisantes chez l’homme et suffisantes chez l’animal.
Cas particuliers :

 Indications insuffisantes pour l’homme et insuffisantes pour l’animal cependant corroborées par des données sur les mécanismes notamment.

 Seule base d’indications solides provenant de données sur les mécanismes.

283 agents tétrachlorvinphos, parathion
utilisateurs intensifs de téléphones portables
Agent inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme (groupe 3) Principe général : Indications insuffisantes chez l’homme et insuffisantes ou limitées chez l’animal.

Exceptions : Indications insuffisantes pour l’homme et suffisantes chez l’animal associés à de fortes présomptions pour un mécanisme de cancérogénicité chez l’animal ne fonctionnant pas chez l’homme.

504 agents Thé, sulfites
Agent n’est probablement pas cancérogène pour l’homme (groupe 4) Principe général : Indications suggérant une absence de cancérogénicité chez l’homme et chez l’animal de laboratoire.

Cas particulier : Indications insuffisantes pour l’homme associés à des indications suggérant une absence de cancérogénicité pour l’animal et fortement corroborées par des données pertinentes.

1 agent (caprolactame)