Zoom sur quelques sujets pour lesquels les connaissances manquent : les rejets médicamenteux

Dernier ajout : 3 mai 2017.

En matière de santé, les besoins de connaissance sur les émissions, l’exposition ou les effets sur la santé demeurent importants pour plusieurs thèmes, tels que les pesticides, les rejets médicamenteux, les particules respirées, les ondes électromagnétiques ou les nanoparticules. La question des perturbateurs endocriniens ou celle des effets cocktail [1] nécessiteraient une consolidation des connaissances.

[1effet d’une exposition aux mélanges de produits chimiques

Les médicaments sont par nature des substances ayant des effets sur l’organisme (c’est leur but). Par conséquent, il est légitime de s’interroger sur les impacts sanitaires des rejets médicamenteux dans l’environnement.

La connaissance de l’exposition et des effets des substances médicamenteuses dans l’environnement demeure faible. Quelques points de repères peuvent néanmoins être donnés.

Exposition

La campagne nationale de mesure des substances médicamenteuses dans les eaux destinées à la consommation humaine [1] donne les principaux résultats suivants :
 Parmi les 76 molécules prioritaires, 45 ont pu être dosées ;

 30 molécules ont été détectées en eaux brutes et 19 en eaux traitées ;

 75 % des eaux traitées ne contiennent aucune molécule quantifiable ;

 Des besoins d’investigations complémentaires sur certaines familles de médicaments (anticancéreux, antiparasitaires…) sont nécessaires ;

 Dans les stations d’épuration, la biodégradation et/ou l’adsorption des molécules conduisent à une élimination très variable (de nulle à plus de 90 %) selon les molécules.

Il y a plusieurs voies possibles de contamination de l’environnement [2] :

 Les rejets par excrétion suite à l’utilisation de traitements médicamenteux sont la principale source de contamination du milieu. Par exemple, 35 à 50 % des œstrogènes dans les rivières auraient pour origine l’utilisation de la pilule, ayant pour conséquence d’engendrer la « féminisation » des espèces ;

 Les rejets directs des médicaments non utilisés qui polluent via les déchets ménagers ou via les réseaux d’assainissement (source non négligeable et avec possibilité de contrôle à la source) ;

 Les rejets et les pertes lors des procédés industriels de fabrication (source mineure) ;

 Les rejets des stations d’élevage (traitements internes et externes avec produits vétérinaires, désinfectants et hormones naturelles animales).

[1Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail - 2011

[2Académie nationale de Pharmacie, 2008

Zoom1

Effets sur la santé et l’environnement

L’écotoxicité des rejets médicamenteux est ici illustrée à partir de quelques exemples :
 Les œstrogènes naturels et synthétiques représentent sans doute le cas le plus connu du public ; leurs effets peuvent se traduire par des modifications physiologiques de la reproduction des animaux du milieu aquatique (poissons, oiseaux et mammifères marins…) ;

 Les rejets médicamenteux de certains antibiotiques ont une toxicité à très faible dose sur les algues vertes et bleues ; il n’est pas exclu non plus qu’ils exercent une pression de sélection sur les bactéries dans les milieux environnementaux et participent ainsi à la sélection de bactéries antibiorésistantes ;

 Les médicaments anticancéreux sont par nature des molécules très agressives sur les phénomènes biologiques les plus élémentaires, puisqu’ils présentent généralement des propriétés carcinogènes, mutagènes et génotoxiques.

Voies de transfert des substances médicamenteuses