Synthèse des pressions régionales exercées sur les eaux superficielles

Dernier ajout : 10 juillet 2013.

Les cours d’eau du bassin Artois-Picardie subissent de fortes pressions liées à une densité de population importante et à l’activité humaine. Les faibles débits de nos cours d’eau empêchent une dilution de ces pollutions, augmentent l’impact de ces rejets
et réduisent les phénomènes d’auto-épuration du milieu. L’importance de ces rejets a entraîné, au fil des années, une augmentation importante de la concentration de polluants dans nos cours d’eau qui ont conduit à l’apparition de phénomènes d’eutrophisation.
Seulement 17% des masses d’eau sont en bon état écologique.

Ménages et société civile Ménages

Les flux de pollution vers les eaux douces superficielles sont principalement dues aux rejets domestiques, notamment les pertes sur les réseaux d’assainissement (44 100 t/an de DCO par exemple en 2012). Les déchets, les emballages plastiques, les émissions atmosphériques des chauffages peu performants (HAP par exemple pour les chauffages aux bois et charbon) ou les rejets médicamentaux dégradent également le milieu.

Agriculture, sylviculture, pêche Agriculture

L’estimation des flux rejetés dans les eaux douces superficielles par les activités agricoles est difficile à établir. En 2010, 82 % de la Surface Agricole Utile régionale a reçu un traitement phytosanitaire. Seule 6 % de la SAU ne reçoit ni traitement phytosanitaire ni engrais minéral (RA2010). Il a été utilisé 160 kg/ha de fertilisation nette d’azote dont 111 de minérale avec un surplus global d’azote résiduel moyen estimé à 36kg/ha de SAU. Cela équivaut à environ 30 kt/an de quantité maximale d’azote risquant d’être transféré vers les milieux aquatiques. L’azote peut être utilisé par les plantes de la génération suivante ou être réduit par les micro-organismes du sol ou rejoindre les nappes voire les cours d’eau après ruissellement. Les rejets dans les cours d’eau ne sont pas réellement mesurables.

Agriculture, sylviculture, pêche Pisciculture

Les rejets des piscicultures en région sont estimés en 2012 à 500 t/an de matières en suspension (MES) et 80 tonnes par an d’ammonium (NH4+) dans les eaux superficielles. (Les rejets en mer sont de l’ordre de 100 tonnes par an de MES et autant d’ammonium.)

Industrie Industrie

Il existe deux types de rejets ; les rejets raccordés à des stations de traitement des eaux usagées et les rejets non raccordés, effectués par les industriels eux-mêmes après traitement adapté des effluents.
Sur 356 entreprises ayant fait une déclaration GEREP en 2012, 168 d’entre elles possédaient un rejet direct vers le milieu naturel, 187 un rejet vers les réseaux d’assainissement et 12 un rejet direct vers les milieux marins.
Les déclarations GEREP représentent de l’ordre de 50% des flux globaux rejetés par les industriels sur notre région. On peut donc estimer, en 2012, les rejets dans les eaux superficielles pour l’ensemble des industriels de la région.

Transports et logistique Transports

Les voiries dépourvues de système d’assainissement (bassins de rétention…) rejettent directement dans le milieu naturel les eaux de ruissellement des surfaces imperméabilisées. Ces rejets sont
fortement chargés en métaux et Hydrocarbure Aromatique Polycyclique qui impactent les milieux mais restent difficilement quantifiables.

Au niveau du bassin Artois-Picardie (intégrant les flux de la région picarde très agricole) :
 Les rejets en matières organiques sont dus à 94 % à l’activité domestique et 6% à l’activité industrielle ;
 Les rejets en azote dans les eaux superficielles et souterraines sont dus à 19,5 % à l’activité domestique, 77% à l’activité agricole et 3,5% à l’activité industrielle. 71% du territoire est occupé par l’agriculture, ce qui explique cette prédominance.
 Les rejets en phosphore sont dus à 85 % à l’activité domestique et 15% à l’activité industrielle.

5. Pression en matières azotées sur les masses d'eau continentales
Pression en matières azotées sur les masses d’eau continentales
La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.
5. Pression en matières organiques sur les masses d'eau continentales
Pression en matières organiques sur les masses d’eau continentales
La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.
5. Pression en matières phosphorées sur les masses d'eau continentales
Pression en matières phosphorées sur les masses d’eau continentales
La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.
5. Phénomène d'eutrophisation à Ambleuteuse
Phénomène d’eutrophisation à Ambleuteuse
Photo : phenomer, Alain Lefebvre

Le bassin Artois-Picardie a une forte tradition d’aménagements hydrauliques : lutte contre les intrusions d’eaux salées, assèchement des zones humides, évacuation des eaux de ruissellement, canaux, moulins… Il dispose d’un réseau maillé de cours d’eau canalisés et de canaux navigables sans équivalent en France. Cette situation, associée à une forte densité de population et d’industries, a une influence sur la qualité de l’eau : elle altère les mécanismes d’épuration naturelle au sein des cours d’eau et porte atteinte à la qualité des écosystèmes.

Urbanisation et artificialisation des sols Urbanisation et artificialisation

Endiguement et remblais pour lutter contre les inondations, ouvrages de régulation qui réduisent les lits des cours d’eau et les fragmentent.
Urbanisation des zones inondables (1,74 millions de m2 de surfaces bâties en zone inondable), humides ou marécageuses.
Beaucoup de rivières ont été enterrées aux 17ème-18ème dans une logique de salubrité publique, elles le sont aujourd’hui pour permettre une urbanisation croissante.
Dégradation des berges et de la ripisylve (protection des berges qui sont bétonnées, palplanches, etc.).
Les zones imperméabilisées empêchent l’infiltration des eaux pluviales, accélèrent les flux, et augmentent la pollution.

Agriculture, sylviculture, pêche Agriculture

Assèchement des zones humides et marais dès le 11ème siècle (cf. wateringues, marais de la Scarpe etc.).
Surcreusement et/ou rectification des lits pour améliorer les dispositifs de drainage dans les années 1950.
Colmatage important des cours d’eau et turbidité suite à l’apport de particules fines, et des intrants des cultures via l’érosion et le ruissellement.
160 000 hectares sont drainés (20 % de la SAU régionale).
Dégradation des berges et de la ripisylve (optimisation de l’espace, accès du bétail sur les berges).

Transports et logistique Transport

Plusieurs rivières et fleuves du bassin Artois-Picardie ont été profondément modifiés (rectification et recalibrage des cours d’eau) par l’usage « navigation » et ce, dès le Moyen-Âge.
La création d’infrastructures modifie l’écoulement des eaux de surface, une dégradation des berges et entraîne une fragmentation des cours d’eau. Ces ouvrages entravent à la fois le transport solide (graviers…) qui constitue l’architecture des habitats de l’écosystème, mais aussi la circulation des espèces aquatiques.

Industrie Industrie

Amplification des aménagements hydrauliques des cours d’eau au 19ème siècle pour bénéficier de leur puissance hydraulique (forges, tanneries, filature, etc.).

5. Risque d'érosion diffuse d'origine agricole
Risque d’érosion diffuse d’origine agricole

L’érosion génère des pertes irréversibles de terres arables, fertiles, vivantes et riches en matière organique, qui devront se reconstituer. Elle est susceptible de causer inondations et coulées de boue.

L’aménagement des berges et l’absence de végétation (ripisylve) contribuent à modifier la morphologie des cours d’eau et des écosystèmes associés.

Issues de l’érosion des sols, en l’absence d’éléments naturels du paysage pour les retenir, les particules fines sont acheminées vers les cours d’eau par ruissellement. Outre un
problème de perte de sol problématique pour l’agriculture, ce phénomène, qui peut être associé à un entraînement de matières polluantes, provoque un colmatage important des cours d’eau du bassin Artois-Picardie. La présence de particules fines est également favorisée par les rectifications, recalibrages et aménagements de berges qui engendrent des érosions naturelles internes aux cours d’eau.

Dans la région Nord Pas-de-Calais, 405 Mm3 ont été prélevés dans le milieu naturel en 2011, dont 28 % dans les eaux superficielles (soit 113 Mm3).

La grande majorité des prélèvements en eau de surface ont un usage industriel. Bien que la quasi-totalité des besoins en eau potable soit assuré à partir de prélèvements en eau souterraine, certains prélèvements sont encore réalisés en eau de surface afin notamment d’assurer l’alimentation en eau potable de la communauté urbaine lilloise. La part des prélèvements réservés à l’irrigation est quant à elle négligeable.

Depuis 15 ans, on constate une diminution importante des prélèvements dans les eaux de surface de l’ordre de 40% en région.

Industrie Industrie

Dans la région, en 2010, les prélèvements pour l’industrie s’élevaient à 88,72 Mm3, soit 78,5 % des prélèvements totaux, auquel s’ajoute 0,982 Mm3 (soit 0,9 % des prélèvements totaux) pour la
production d’énergie.

En 2001, la somme de ces deux types de prélèvements s’élevaient à 138,3 Mm3.
Les prélèvements ont donc diminué de 47 % en 10 ans, avec notamment une forte accélération de la baisse depuis 2007.
93% des eaux de surface prélevées par l’industrie est restituée au milieu après usage.

Ménages et société civile Ménages

Les prélèvements domestiques concernent les prélèvements liés à l’alimentation et à l’eau potable. Celle-ci peut être consommée par des activités non domestiques comme les services, l’artisanat et même certaines industries ou sites agricoles s’alimentant à partir du réseau d’eau publique.
Cependant, la plupart des industries et sites agricoles possèdent leurs propres forages d’eau.
En 2011, les prélèvements domestiques en eau superficielle s’élevaient à 20,53 M de m3, soit 20 % des volumes prélevés.
Bien que modestes, les prélèvements domestiques en eau de surface ont connu une augmentation de 27 % au cours de ces 10 dernières années.

Agriculture, sylviculture, pêche Agriculture

Dans la région, les prélèvements directs pour l’agriculture s’élevaient à 0,676 Mm3 en 2011, soit seulement 0,6 % des volumes prélevés.
Ces prélèvements sont très dépendants du climat, et donc assez fluctuants d’une année sur l’autre.

Transports et logistique Transport

Afin de garantir la navigation des 717 km de voies fluviales dont 234 km de voie à grands gabarits en région, le transfert d’eau provenant de cours d’eau vers les canaux représente environ chaque année 150 millions de m3.

5. Prélèvements en eau superficielle
Prélèvements en eau superficielle
Source : AEAP
5. Volumes prélevés dans les masses d'eau de surface
Volumes prélevés dans les masses d’eau de surface
Rejets vers les eaux superficielles en 2012 en région

Source : État des lieux / AEAP / DREAL Nord Pas-de-Calais

Pression en matières azotées sur les masses d’eau continentales

La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.

Pression en matières organiques sur les masses d’eau continentales

La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.

Pression en matières phosphorées sur les masses d’eau continentales

La contribution de l’agriculture n’est pas connue spatialement à l’heure actuelle et n’est donc pas représentée.

Phénomène d’eutrophisation à Ambleuteuse

Photo : phenomer, Alain Lefebvre

Risque d’érosion diffuse d’origine agricole
Volumes prélevés dans les masses d’eau de surface
Prélèvements en eau superficielle

Source : AEAP