Les espaces agricoles, couvrant 67 % de la région, concourent fortement à la diversité et à l’évolution des paysages régionaux.
Certaines activités agricoles entretiennent des espaces riches en biodiversité. D’autres, notamment les larges surfaces agricoles, laissent peu de place pour que la biodiversité s’exprime.
Les paysages ruraux et péri-urbains façonnés par l’agriculture ont une importance majeure dans la définition et l’identification paysagère régionale (cf. tome 1).
L’agriculture intervient de façon dynamique dans la valorisation paysagère et touristique des espaces régionaux. Elle constitue la composante d’origine de certains sites d’exception.
L’évolution des paysages régionaux est étroitement liée aux évolutions de l’économie agricole. À titre d’exemple :
– La diminution du nombre des élevages et consécutivement des prairies au profit de grandes cultures ou de boisements contribue à une banalisation des paysages par la disparition d’éléments identitaires hérités des traditions agro-pastorales ;
– Les bâtiments agricoles neufs, souvent éloignés des habitations, présentent un risque d’impact paysager dépendant de la qualité de leur intégration.
En outre, l’extension de l’urbanisation influence fortement l’agriculture péri-urbaine et les paysages associés.
Biodiversité et agriculture, des liens étroits
L’agriculture contribue à l’évolution du capital régional, en créant des conditions favorables à l’existence d’écosystèmes originaux : biodiversité remarquable sur les pelouses des coteaux calcaires ou les prairies humides, les zones de bocage…
L’agriculture a aussi vocation à préserver la biodiversité domestique. À ce sujet, au moins 5 races locales d’élevage sont menacées de disparition : l’élevage du mouton du Boulonnais est relancé par le CRRG [1] les races bovines “ Bleue du Nord “ et “ Rouge flamande“ se maintiennent. La situation est plus critique pour les deux races locales de chevaux de trait que sont le Boulonnais et le Trait du Nord. Certains végétaux cultivés localement sont également devenus rares. Enfin, l’apiculture contribue à la biodiversité floristique.
L’agriculture influe également sur la biodiversité ordinaire : les haies, les bandes enherbées et même les bordures des champs peuvent constituer des corridors écologiques existants ou potentiels.
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Les pressions sur la biodiversité : un bilan contrasté
Les traitements phytosanitaires sur de vastes territoires sont à l’origine de la diminution des invertébrés (notamment les insectes dont les pollinisateurs comme les abeilles) et des espèces messicoles et prairiales (bleuets et coquelicots par exemple).
Le drainage des zones humides, notamment sur la période 1950-2000, est une des causes de la régression des milieux humides et de la disparition d’un grand nombre d’espèces qui leurs sont inféodées. Les peupleraies implantées en zones humides ont aussi contribué à leur régression.
L’apport d’engrais et le travail du sol contribuent à l’eutrophisation et à l’augmentation de la turbidité de l’eau, comme les pressions urbaines. Ces phénomènes se réalisent au détriment des herbiers aquatiques de plantes vasculaires ou de bryophytes et de la faune qui les exploite.
Les aménagements fonciers accompagnés d’arrachage de haies réalisés dans la période 1960-2000 sur certains secteurs, ainsi que la régression du bocage, ont simplifié le paysage au détriment des espèces animales et végétales qui utilisent ces milieux.
Enfin, la mécanisation des récoltes est une cause de régression de la faune sauvage nichant dans les champs.
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Une évolution des pratiques pour réduire les pressions en faveur de l’environnement et de la biodiversité :
Les arrachages de haies réalisés avant les années 2000, mal quantifiés, ont été évoqués précédemment. On note en revanche qu’en 2010, 71 % des exploitants maintiennent des haies ou alignements d’arbres et 10 % en ont mis en place ces dernières années.
Près de 14 millions d’euros ont été investis entre 2007 et 2012, dans le cadre des mesures agro-environnementales territorialisées (MAET), pour des actions de préservation du paysage ou de lutte contre l’érosion :
– Plus de 1 960 km de haies, fossés, ripisylves, fascines crées ou entretenues ;
– 12 795 éléments unitaires implantés (arbres isolés tétards, mare, etc).
(PRAD, DRAAF données OSIRIS RA 2010)