Quels que soient les milieux de l’environnement étudiés, force est de constater que la connaissance est incomplète : mieux connaître les milieux, les pressions que ces derniers subissent et les impacts qui en découlent permet de mieux cerner les problématiques à l’œuvre et de cibler les actions à engager. La connaissance est donc un enjeu prioritaire dans une perspective de développement durable.
L’état des lieux des milieux réalisé dans le tome 1, et l’identification des pressions réalisée dans le tome 2 permettent de dresser un état de la connaissance environnementale en région très fin avec de nombreuses cartographies de plus en plus précises, disponibles sur Internet. Beaucoup de sujets sont aujourd’hui bien appréhendés, permettant ainsi la mise en œuvre d’actions concrètes. Ainsi via notamment les différents observatoires (Atmo, Climat, Biodiversité…) et les réseaux d’acteurs comme le Réseau des Acteurs de l’Information Naturaliste (RAIN) la connaissance est déjà très riche et fine, permettant de suivre les évolutions dans le temps et engager des mesures comme le Schéma Régional Climat Air Énergie, le Plan de Protection de l’Atmosphère, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux, etc..
Ce présent diagnostic identifie néanmoins quelques connaissances à approfondir récapitulées ici par milieu environnemental.
Les eaux souterraines et superficielles terrestres
Le milieu marin
Air
En matière de qualité de l’air, bien que beaucoup d’informations aient été récemment accumulées sur les émissions de polluants, les enjeux de connaissance sont importants pour mieux connaître les émissions et impacts des micropolluants dans l’air (pesticides, certains métaux…). Il est important d’estimer aussi les effets cumulés.
Le caractère allergène des pollens, de graminées et de bouleau notamment, semble aggravé par la présence de micropolluants. Privilégier des espèces non allergisantes est une des marges de progrès potentielles en milieu urbain.
La qualité de l’air est également fonction des sources de pollutions extrarégionales variables selon les émissions et des mécanismes de chimie et de transport dans l’air. La connaissance des impacts sur l’air du trafic maritime et des embruns marins est perfectible, tout comme la coopération inter-frontalière en matière de connaissance et de réduction des émissions de polluants atmosphériques.
Enfin, la question de la connaissance des impacts économiques est à approfondir ; par exemple la question des impacts potentiels de l’augmentation probable des pics de concentration en ozone sur les rendements agricoles se pose.
Sur la qualité de l’air intérieur : l’amélioration des dispositifs de surveillance est à poursuivre suite au Grenelle de l’environnement pour développer un niveau de connaissance plus adapté. L’Observatoire National de la Qualité de l’Air Intérieur mène des programmes d’études par lieu de vie (logement, milieu scolaire et crèche, bureaux, lieux de loisirs et bâtiments performants énergétiquement). L’étiquetage des produits participe à cette connaissance.
Biodiversité
L’amélioration de la connaissance sur la biodiversité extraordinaire (marine notamment) et la biodiversité ordinaire, ainsi que sa diffusion auprès de la population, constituent à la fois un enjeu significatif et un paramètre incontournable pour la préservation des milieux et des espèces. La connaissance du fonctionnement des corridors écologiques est notamment nécessaire pour résorber les obstacles à la circulation des espèces.
Émissions de GES? et évolution du climat
Quelles seront les conséquences du changement climatique sur l’occurrence et la gravité des risques naturels ? Comment prévenir et prendre en compte ces phénomènes ?
Ces questions qui constituent le premier enjeu de connaissance et de gouvernance lié à l’évolution du climat, se traduisent en particulier dans le Nord Pas-de-Calais par le besoin :
D’études de caractérisation des aléas et de leur prise en compte par les acteurs du littoral dans leurs documents de planification et stratégies d’aménagement ;
De stratégies d’aménagement et de gestion foncière adaptée au risque de submersion marine.
À noter que ces deux axes sont en cours de développement par l’État via le programme de travail sur les risques littoraux, la mise en œuvre progressive des plans de prévention des risques littoraux, et la constitution d’une gouvernance adaptée.
L’autre enjeu est lié à la connaissance et la prévention des effets du changement climatique sur la biodiversité régionale qui restent à développer.
Ressources énergétiques
Les capacités de production de bois de chauffage en région sont mal connues.
Le potentiel éolien en mer et en micro-éolien n’est pas évalué à ce jour.
La question du stockage de l’électricité produite par certaines formes d’énergies renouvelables intermittentes (solaire, éolien, etc.) est un des grands enjeux de connaissance technologique de la transition énergétique : comment stocker l’électricité produite pendant les pointes de production pour la consommer lors des pointes de consommation ? Le stockage d’énergie est l’une des solutions pour accroître le déploiement des énergies renouvelables intermittentes au sein d’un réseau électrique efficace et intelligent.
Ressources matières
Pour mieux préserver les ressources agronomiques, une meilleure connaissance de la qualité agronomique des sols est un enjeu important pour identifier les espaces agricoles à ne pas urbaniser prioritairement.
En termes de ressources matières, l’enjeu est aujourd’hui de mieux connaitre les modes et voies de valorisation envisageables des gisements de déchets non valorisés à ce jour.
La mise en place du nouveau modèle économique qu’est l’économie circulaire nécessite de développer l’échange et la collaboration entre tous les acteurs des territoires. Depuis plusieurs années l’État, les collectivités, les entreprises et les praticiens ont développé des initiatives et des outils mais les informations existantes sont souvent fragmentaires et dispersées. C’est pourquoi l’Institut de l’économie circulaire, le Centre International de Ressources et d’Innovation pour le Développement Durable (CIRIDD), avec le soutien de l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME?) et du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, lanceront à l’automne 2015 economiecirculaire.org, la plateforme nationale sur l’économie circulaire.
Disposer d’un diagnostic stratégique du territoire relatif à l’économie circulaire est important pour que les différents acteurs se coordonnent efficacement dans une perspective commune. Ce diagnostic pourrait utilement :
Lister les atouts spécifiques du territoire et les ressources locales (matières entrantes, sortantes, etc.) ;
Identifier les enjeux, les opportunités et les synergies à établir ;
Les acteurs clés.
Il constituerait un point de départ pour développer l’économie circulaire en région. Des plateformes de connaissance sur les flux de matières au niveau territorial sont notamment nécessaires pour bien comprendre la quantité de matières mises en jeu, puis orienter les actions d’économie circulaire, et suivre leurs effets.
À noter que le CD2E (Création Développement Éco-Entreprises) est une association régionale pour accompagner les acteurs économiques vers l’économie circulaire (cf. page sur la gouvernance relative à la gestion des déchets et à l’économie circulaire).