Les chiffres sociaux et économiques clés en région
– En 2010, 67 % de la superficie régionale est consacrée à l’agriculture, contre une moyenne nationale de 51,4 % ;
– 1,3 milliard d’euros de production agricole régionale (2011) ;
– 14ème région française (2/3 végétal et 1/3 animal) ;
– 1ère région de France pour les exportations (par le chiffre d’affaires), avec 1/8ème de l’export national en 2012 ;
– 4ème région agro-alimentaire française en termes de valeur ajoutée ;
– 38 200 tonnes de pêche fraîche et congelée vendues ;
– 0,9 % de la SAU dédiées à l’agriculture bio pour une moyenne nationale à 3,6 % ;
– 9 000 postes de salariés potentiels dans l’économie verdissante (emplois verts et verdissants).
Les principales contributions de l’agriculture aux enjeux environnementaux en Nord Pas-de-Calais
Enjeux sols
Les terres agricoles sont fortement soumises à la pression foncière : 2500%ha/an ont été consommés entre 1998 et 2009. Les Surfaces Toujours en Herbe (STH) ont diminué de 23 % en 20 ans (1989-2010), plus vite que la Surface Agricole Utile (SAU). La préservation des terres agricoles et notamment des prairies est un enjeu important lié à l’enjeu de gestion optimisée de l’occupation du sol.
En termes de qualité agronomique :
– Les épandages (engrais, produits phytosanitaires…) liés à l’activité agricole sont potentiellement polluants, selon les quantités utilisées et les usages. 82 % de la surface agricole utile (SAU) reçoit un traitement de ce type. Les pressions qui en découlent sont difficiles à quantifier précisément en raison de leur caractère diffus, mais sont significatives.
– Les évolutions techniques des activités agricoles (mécanisation) et des pratiques d’assolement peuvent entraîner une dégradation physique des sols. Les pratiques agricoles (assolements, fertilisations, amendements, etc.) peuvent provoquer une baisse des teneurs en matière organique.
La baisse de matières organiques augmente la sensibilité à l’érosion. Les pertes irréversibles de terres arables, fertiles et vivantes sont également aggravées par certaines techniques agricoles ou encore l’arrachage des haies.
Enjeux eaux
Représentant un enjeu pour les sols, l’utilisation des engrais et produits phytosanitaires a également une incidence potentielle sur la qualité des eaux. Des résidus des différents intrants sont susceptibles de rejoindre les cours d’eau (par « lessivage » ou par l’érosion qui entraîne des particules de sol) comme les nappes phréatiques (par infiltration). Même si ces phénomènes sont difficilement mesurables, on estime que dans le bassin Artois-Picardie, les rejets en azote débouchant aux estuaires seraient dus à 77 % à l’agriculture.
La pêche en mer et l’aquaculture exercent également des pressions sur les milieux aquatiques. La Manche Est est en effet la troisième zone de pêche la plus fréquentée par les navires français ; par ailleurs, la pêche de certaines espèces non commerciales (capturées et rejetées) peut avoir un impact sur la flore et la faune maritimes ; aussi, les fonds marins sont également touchés par les techniques de pêche (abrasion, dans le cas de la pêche aux arts traînants). La pêche et l’aquaculture sont également des émetteurs significatifs de déchets.
Enfin, à noter que le secteur agricole peut contribuer aux inondations s’il recourt à des pratiques culturales inadaptées qui aggravent les ruissellements.
Enjeux air
L’agriculture contribue à 15,5 % des émissions régionales directes de particules fines (PM 10), (chiffres 2008), pour un total de 4,2 kt, dont 70 % sont liées aux pratiques culturales. Par le biais des épandages d’engrais et du stockage d’effluents, c’est le secteur agricole qui émet l’essentiel de l’ammoniac (97 % au niveau national), principal élément précurseur pour la formation des particules fines secondaires dans l’atmosphère (d’origine indirecte).
Enjeux évolution du climat
4,75 teqCO2/ha de SAU sont émises par an contre 3,6 au niveau national (principalement dues à l’élevage). 10 % des émissions agricoles sont absorbées par les prairies, jouant le rôle de puits de carbone lors des 20 premières années de leur constitution (environ 316 000 teqCO2/an). L’agriculture contribue à hauteur de 7 % aux émissions de GES dans la région.
Les effets qu’aura le réchauffement climatique sur l’agriculture sont difficiles à appréhender (hausse probable de certains rendements agricoles contrebalancée par une augmentation des vagues de chaleurs et des périodes sèches sans compter, dans certaines zones basses, les effets d’une remontée des eaux).
Enjeux biodiversité
L’agriculture contribue à l’évolution du capital régional de biodiversité, en créant les conditions favorables à l’existence d’éco-systèmes originaux, que constituent les pelouses des coteaux calcaires, les prairies humides, ou encore les zones de bocage.
L’activité agricole a aussi vocation à préserver la biodiversité domestique. L’agriculture influe enfin sur la biodiversité ordinaire : les haies, bandes enherbées et autres bordures de champs sont autant de corridors écologiques (existants ou potentiels), qui constituent un enjeu de préservation. La réintroduction d’éléments naturels ou de pratiques culturales adaptées peut permettre la réapparition de biodiversité dans les territoires les plus pauvres.
Enjeux paysagers
Couvrant 67 % du territoire, les espaces agricoles concourent fortement à la diversité et à l’évolution des paysages régionaux.
D’une part, l’agriculture constitue la composante d’origine de certains sites d’exception, et contribue donc à la valorisation des paysages (avec également un impact touristique dans certains espaces).
D’autre part, les évolutions de l’économie agricole ont une incidence sur les paysages :
– La diminution du nombre d’élevages et des prairies qui s’y attachaient au profit de grandes cultures ou de boisements fait disparaître des éléments identitaires hérités des traditions agro-pastorales ;
– L’intégration des bâtiments neufs a un impact sur les paysages. La qualité de cette intégration est un enjeu paysager.
Ressources énergétiques
Un fort potentiel de production d’énergie renouvelable est disponible (solaires, pompe à chaleur, chaudière à bois et méthanisation par exemple).
La sylviculture permet la production du bois de chauffage dans la limite des possibilités de renouvellement. Plus de 50 % des propriétés forestières font l’objet d’un document dit de « gestion durable ». Mais la région consomme plus de bois-énergie qu’elle n’en produit : le déficit est donc de l’ordre de 400 000 tonnes/an.
Ressources matières
L’accès aux ressources agronomiques implique en premier lieu la disponibilité en terres agricoles. L’enjeu de préservation des espaces agricoles est donc important (cf. chapitre sol). Il est couplé à l’enjeu de préservation, voire d’amélioration de la qualité agronomique des sols, cette qualité pouvant être altérée par des modes de productions agricoles non adaptés.
Par ailleurs, l’agriculture génère en région près de 1 million de tonnes de déchets organiques, qui sont collectés et valorisés par épandage. La très grande majorité des lisiers, fumiers et autres résidus de culture est ainsi utilisée directement par les exploitations. L’agriculture valorise également une très grande majorité de boues de stations d’épuration urbaines et industrielles.
En termes de ressources halieutiques, la pêche a des impacts notables : on estime en effet à 21 % la part des réserves halieutiques considérées comme sur-exploitées dans la région marine Manche-Mer du Nord [1] ; de plus, les conséquences s’étendent à des espèces non consommées, qui sont également prélevées lors de la pêche (oursins, étoiles de mers, algues, certains poissons et coquillages).