Des épandages potentiellement polluants pour les sols et les eaux

Dernier ajout : 25 mars 2019.

L’agriculture en région utilise des quantités importantes d’intrants (engrais, produits phytosanitaires…) pour viser de forts rendements.

Les pressions significatives qu’ils exercent sur le sol, l’eau et la biodiversité sont difficiles à quantifier précisément étant donné leur caractère diffus.

L’utilisation d’engrais minéraux est au-dessus de la moyenne nationale mais dépend du type de production (CGDD SOeS 2013) :
- 160 kg/ha de fertilisation nette d’azote dont 111 de
minérale, sont utilisées en région contre 111 kg/ha dont 66 de minérale pour la moyenne nationale.
Toutefois, le bilan est plus nuancé si l’on examine la situation par rapport à des régions de productivité comparable : pour le blé par exemple, qui est la 1ère culture régionale, la fertilisation minérale azotée régionale est de 156 kg/ha en 2011, contre 180 kg/ha pour la zone Nord (Agreste).
- Le surplus d’azote résiduel [1]moyen en région est au-delà de la moyenne nationale avec 36 kg/ha de SAU soit près de 30 kt, contre 32 au niveau national, mais proche de région à productivité comparable.
Cet azote résiduel se retrouve sous différentes formes dans les sols et l’eau dans des quantités difficiles à estimer. Il peut être utilisé par les plantes de la génération suivante, réduit par les micro-organismes du sol ou rejoindre les nappes et cours d’eau.

82 % de la SAU (terres labourables, surfaces toujours en herbe et cultures permanentes) reçoit un traitement phytosanitaire.
Les traitements sont plutôt élevés en région (voir exemple du blé tendre ci-contre) compte-tenu notamment des rendements visés, mais ils sont disparates selon les secteurs. Ainsi les zones bocagères plus herbeuses reçoivent globalement moins d’intrants que les zones de culture.
Enfin, seule 6 % de la SAU ne reçoit ni traitement phytosanitaire ni engrais minéral. (Recensement agricole)

Par ailleurs, les rejets des produits médicamenteux des élevages dans le milieu sont mal connus.

[1quantité excédentaire non consommée par la culture qui risque d’être transférée vers le milieu aquatique

Zoom1

Les pressions sur les eaux :

 La migration des nitrates et des produits phytosanitaires jusqu’aux nappes dépend de nombreux paramètres (formule chimique, qualité de la matière organique, du sol et du sous-sol, etc.).
 Des résidus des différents intrants sont susceptibles de rejoindre les cours d’eau par lessivage, ou par entraînement des particules de sol lors des phénomènes d’érosion, comme les nappes phréatiques par infiltration, sans que ces apports soient réellement mesurables (cinétique, transformation chimique, etc.).
- Pour le bassin Artois-Picardie, les rejets en azote débouchant aux estuaires seraient dus à 77 % à l’agriculture (AEAP), ce chiffre intègre les flux provenant des territoires picards.
 Peu de prélèvements : la pluviométrie étant souvent suffisante, l’irrigation n’est utilisée que sur 5,5 % de la SAU, contre 8,5 % en France ; ainsi moins de 4 % des prélèvements d’eau souterraine sont imputables à l’agriculture (AEAP).
 160 000 hectares sont drainés pour favoriser l’évacuation de l’eau dans un objectif d’optimisation agronomique des sols, cela représente 20 % de la SAU régionale contre 10 % en France.

Zoom2

Des pratiques qui évoluent :

 En 2010, 130 000 ha ont été couverts de CIPAN (culture de couverture implantée pour "piéger les nitrates" c’est à dire les retenir dans les plantes et le sol, réduire le lessivage et le transfert à la nappe), soit 70 % des surfaces en cultures annuelles, contre 40 000 ha en 2000 (DRAAF).
 Fin 2012, plus de 7 300 agriculteurs, soit plus de 50% des effectifs en région, sont formés au Certiphyto (note suivi régional DRAAF Plan Ecophyto).
 7,2 millions d’euros ont été mobilisés pour les Mesures Agro-Environnementales Territorialisées (MAET) entre 2007 et 2012 pour protéger la ressource en eau et préserver des zones humides (PRAD DRAAF, RA 2010).

Zoom3

Certiphyto ?

Pour le bien-être de tous, depuis 2014, tout acte professionnel d’utilisation, de distribution, de conseil ou de vente de produits phytopharmaceutiques, est soumis à la détention du certificat individuel pour les produits phytopharmaceutiques, dit communément Certiphyto. Ce certificat atteste de connaissances suffisantes pour utiliser les pesticides en sécurité et en réduire leur usage.

Un Indice de Fréquence de Traitement (IFT) élevé

IFT exprimé en nombre de doses homologuées appliquées sur une parcelle pendant une campagne culturale (AGRESTE 2011).
La diversité des cultures, l’influence des conditions climatiques peuvent expliquer ces différences.
Source : pratiques culturales 2011 AGRESTE - Ministère de l’agriculture - SSI

Le cycle de l’azote

Source : Réseau Action Climat-France, Agriculture et gaz à effet de serre : état des lieux et perspectives
http://www.rac-f.org/Agriculture-et-gaz-a-effet-de

Des surplus d’azote résiduel plus importants dans les secteurs d’élevage que dans les secteurs céréaliers

Surplus azoté rapporté à la SAU (kg / ha de SAU)
Entre 70 et 145
Entre 46 et 70
Entre 35 et 46
Entre 24 et 35
Entre 5 et 24
Pas de données
Répartition du surplus positif azoté en kg/ha en 2010.
En région, il atteint 36 kg/an contre 32 kg/an moyenne nationale. La méthode semble néanmoins sur-évaluer l’azote organique et sous-évaluer l’azote minéral, rendant difficile la comparaison entre cantons.
(source : SOeS 2013)