Les ports et navires constituent un fond commun
d’inspiration pour les peintres de scènes de genre, les plus
anciennes représentations de ce paysage - avec les cartes
militaires - avant que ne soit inventée la notion moderne
de littoral. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ces paysages
sont tout de même relativement « récents » puisque la
dernière transgression dunkerquienne importante remonte
au IVème siècle après Jésus-Christ ! C’est peut-être ce
qui explique l’étonnante permanence des représentations
du monde portuaire qui fascine encore aujourd’hui les
photographes, comme il inspirait les peintres il y a deux
cents ans. Bien sûr les sujets ont changé, les navires
dans la tempête, les représentations de corsaires, les
scènes de criée, les bateaux déchargeant leur cargaison
ont été remplacées. Leur a succédé, la fascination pour
la technicité démonstrative de ces espaces dont la
fonction est immédiatement perceptible : grues, docks,
embarcadères, darses, sans compter l’immense vivier de
la photo industrielle qui fascine, de Bernard Plossu à Josef
Koudelka.
C’est donc surtout l’immense charge émotionnelle des villes
portuaires - voyage, promesse de départ, rêve d’un ailleurs,
progrès techniques - qui retient au premier chef l’attention
des artistes. La dimension balnéaire du littoral Nord réussit
mal à porter la voix dans le concert des représentations
portuaires. Le littoral belge semble y parvenir davantage
opposant plages immenses et immeubles-falaises.
Plus récentes encore, les représentations naturalistes
accompagnent le mouvement de la protection du littoral qui
parviendra, avec les problèmes économiques des années
1980, à limiter l’extension portuaire prévue vers 1970 « en
continu » entre Dunkerque et Calais. Cordon dunaire ou
portuaire, la dune unifie et concentre.