Les moëres
Autre curiosité géomorphologique et géographique de la Flandre maritime : les Moëres (prononcer les moures, du flamand de moeren, les marais) constituent le point le plus bas du territoire français : - 4 mètres au-dessous du niveau de la mer.
Sur le plan biogéographique et écologique, les Moëres sont la maquette des vastes polders belges et néerlandais.
C’est à partir de 1619 que leur assèchement est entrepris par les wateringues : 23 moulins à vent vont pomper l’eau avec des vis d’Archimède et la rejeter dans le Ringsloot (fossé périphérique) ceinturant le marais. Les moëres sont les polders les plus anciens de l’Europe du Nord.
C’est un réel plaisir que de se promener dans ce vaste ensemble plat balayé par les vents et dont l’écosystème est resté assez peu modifié depuis plusieurs siècles.
Les paysages de nature du littoral du département du Nord
sont très largement englobés par leur caractère côtier. Les
milieux sont caractérisés par une mosaïque à grain grossier
alternant des vastes massifs dunaires avec des installations
industrielles et urbaines.
l’Ouest, une transition franche a lieu vers le Boulonnais : on
grimpe brutalement sur le rebord du plateau artésien qui se
termine, face à la mer du Nord, par les falaises du cap Blanc-
Nez. l’Est en revanche, la continuité avec les littoraux
belges et néerlandais est totalement imperceptible.
Si autrefois, le vaste delta de l’Aa, qui est à l’origine
(naturelle) de ces vastes ensembles, était le lien d’un
mélange de l’eau douce et de l’eau salée, le spectaculaire
travail de poldérisation engagé par les hommes à partir du
XIIe siècle a réduit ces échanges au minimum. L’évacuation
de l’eau douce est assurée par des wateringues (canaux
circulaires en flamand). A présent, à deux mondes parallèles
qui s’affrontent et ne s’interpénètrent plus, les ouvrages à
la mer et la gestion du niveau d’eau douce participent à la
défense du territoire contre les eaux sales.
Les dunes de Flandre maritime (dites dunkerquiennes)
possèdent une géomorphologie typique des rivages de
la mer du Nord (vastes dunes paraboliques avec érosion
active –siffle vent-, reliefs en crocs, pannes en formation ou
affleure la nappe phréatique, …). On y observe deux grands
ensembles caractéristiques ; la xérosère (partie sèche) et
l’hygrosère (partie humide). Ces deux milieux alternent sous
forme de mosaïque, même si à présent, ce sont les formations
sèches qui dominent largement. On peut y observer tous les
stades de développement du cordon dunaire depuis les
dunes bordières jusqu’aux dunes boisées. La dynamique
dunaire est à présent la plupart du temps contrôlée du fait de
ses implications en matière d’urbanisme ou de transport.
Les plages de la Flandre maritime possèdent des estrans
sablo-vaseux très vastes, s’étendant parfois sur plusieurs
kilomètres à marée basse (Fort Vert et Hemmes de Marck).
Elles constituent un écosystème apprécié des oiseaux
migrateurs, notamment des Limicoles qui y séjournent par
milliers en saison internuptiale.
Autre élément structurant majeur du littoral : les zones
industrialo-portuaires, dont le Port autonome de Dunkerque
(PAD) représentant un vaste ensemble qui contribue pour
une part au paysage de nature. Une zone industrielle avait
été planifiée de manière continue sur tout le littoral entre
Dunkerque et Calais par l’OREAM dans les années 1970.
Fort heureusement, ces prévisions ne se sont pas réalisées.
Toutefois, bien que la majorité des milieux soient issus des
activités humaines, la biodiversité et la valeur patrimoniale
globale des habitats naturels du PAD restent très élevées. Les
habitats sont très diversifiés et se présentent généralement
sous formes de mosaïques. Par ailleurs, plus de 500 espèces
floristiques ont été recensées, ce qui représente quasiment
le quart de la flore régionale.
Le paysage de la mer du Nord est également le siège de
nombreux déplacements d’Oiseaux, qu’ils soient marins,
côtiers ou terrestres : le ciel est en permanence marqué par
le ballet incessant des migrateurs.
Les bancs de sable qui émergent sur les hauts fonds du
Dunkerquois et les vastes plages très peu fréquentées du
Calaisis permettent depuis quelques années à une population
de Phoque veau-marin de s’y établir.
Enfin, les ports de pêche présentent un intérêt sur le
plan écologique : ils accueillent généralement une guilde
importante de Laridés (famille des mouettes et goélands) qui
bénéficient des déchets de la pêche et égaient les quais de
leurs cris rauques.