Le patrimoine industriel du bord de la Lys
L’appropriation de la Lys
par l’industrie interdit
toute perméabilité
urbaine !
La douloureuse
délocalisation de ces
activités pourvoyeuses
d’emplois offre de
nouvelles perspectives sur
le plan de l’urbanisme…
La ville peut tisser de
nouveaux liens avec sa
rivière. Conjointement,
la réhabilitation de ce
patrimoine permet
d’introduire sur le marché
de nouvelles formes
d’habitats …
Ici tout semble habité ! Au centre, la vallée de la Lys
« draine » une urbanisation quasi continue de Nieppe à
Isbergues … Au Nord, le saupoudrage de l’habitat conjugue
omniprésence et faible densité … Au Sud, les rues habitées
découpent le territoire selon un axe Nord-Est Sud-Ouest,
perpendiculaire aux courants qui rejoignent la Lys … Même
les franges immédiates de ce grand paysage sont très
fortement habitées, avec la présence de villes importantes,
comme Hazebrouck, Bailleul, Armentières, La Bassée,
Béthune, Aire-sur-la-Lys et Lillers.
L’histoire de la vallée de Lys se mélange entre une activité
agricole dominée par le lin, une position stratégique
permettant de réunir les canaux du Nord à l’Escaut et une
industrie florissante dès le XVème siècle. Ces trois aspects
dominants transpirent pleinement dans les structures
urbaines et dans l’architecture de ce territoire.
Le passé et parfois encore le présent agricole marquent
les franges de Lys avec « sagesse », en évitant tout contact
« brutal ». bonne distance de l’eau, les fermes au carré
entretiennent un rapport immédiat au territoire, tant par leur
implantation que par leur ancrage très direct à l’argile local,
qui produit les deux principaux matériaux de construction,
la brique et la tuile.
Les franchissements
Ici, le pont constitue
le seul élément de
perception de l’eau …
L’explosion industrielle de cette vallée s’est totalement
« appropriée », voire « accaparée » les rives de la Lys.
Indispensable à la production textile et à son transport
vers les grandes villes, l’eau reste l’élément fédérateur de
cette industrie. D’abord artisanale et en lien direct avec
l’agriculture locale, le « rouissage » du lin prend rapidement
des allures de « machines industrielles », imposant à ces
petites villes une cadence de développement soutenue.
Route, chemin de fer et façonnage des berges de la Lys
accompagnent les premiers coteaux de cette micro vallée.
Avec cet appel de main d’œuvre, un panel d’habitats, allant
de la modeste courée à la grosse maison bourgeoise bien
orientée, étire les villages d’origines le long des principaux
axes routiers. Quelque peu « chahutée » par les deux
guerres mondiales du XXème siècle, cette stratification
urbaine reste encore très lisible. La terre cuite associée
au métal pour les industries et au bois pour l’architecture
domestique offrent un patrimoine d’une grande diversité.
Les conflits et notamment celui de la « grande guerre »
laissent en héritage quelques bâtiments majeurs, voire
quelques quartiers. L’architecture des années 1920 et 1930
« oppose » à cette dominante de rouge, toutes les facéties
que procurent l’association des briques moulées et des
enduits décoratifs.
Malgré les mutations économiques engagées depuis
les années 1980, ce territoire reste particulièrement
attractif et réorganise son activité autour de « quelques
locomotives ». Cette croissance constante engendre un
développement urbain soutenu, favorisant très largement
les organisations pavillonnaires les plus classiques. « Les
lotissements en grappe » se connectent principalement
à la partie Sud de la route départementale n°945. Très
consommateur d’espace, la pavillonnaire individuel comble
progressivement la moindre dent creuse, transformant
des rues de village aérées, en continuité bâtie monotone
ignorant totalement le paysage qui l’entoure ! Avant d’être
réduite à une succession de rues construites, sans aucune
forme de continuité et de centralité, ce territoire doit profiter
des mutations industrielles pour réussir le triple pari de
rénover un dialogue avec la Lys, de densifier et diversifier
les entités urbaines existantes et d’épargner les plaines
Nord et Sud d’une périurbanisation bientôt irréversible !