première vue, la Plaine de la Lys est une terre de culture,
mais d’habitat dispersé, offrant la surprise d’une grande
forêt de plaine et d’une longue vallée industrielle. Avec
67% de cultures et 9% de prairies, les paysages de la
Plaine de Lys ne répondent pas aux caractéristiques des
paysages d’élevage, herbagers et bocagers. Seule la
trame bâtie, qui quadrille la plaine avec rigueur, témoigne
de l’aventure hydraulique menée en ces lieux. Dans la
partie Est de la Plaine, au Nord comme au Sud, les routes
semblent dessinées sur la carte d’occupation du sol à force
de maisons et de prés, avec une nette dominance des
angles droits. Entre Fleurbaix et Laventie, les tracés sont si
rigoureux, que l’on imagine un dessein préalable aux coups
de pioches qui creusèrent les fossés, butèrent les voies…
Mais, l’examen attentif des usages des sols révèle des
arrangements différents que la promenade seule ne permet
pas d’appréhender. A l’Ouest de la RD 947, qui apparaît
comme une ligne urbaine continue, isolée et marquante
au Nord avant sa traversée d’Estaires et plus modeste et
ténue au Sud, la Plaine délaisse l’angle droit au bénéfice
de la courbe.
Entre Merville et Béthune, les maisons alignées poursuivent
d’improbables tracés, s’adaptant aux contraintes données
par les méandres de la rivière de la Lawe.
Plus à l’Ouest, la trame bâtie se fait plus lâche, isolant des
solitudes cultivées, comme celle présente au Sud de Saint-
Venant.
Au Nord-Ouest, les villages s’enroulent autour de la forêt de
Nieppe, et ce jusqu’à son coeur avec la Motte-au-Bois.
Moins large que le canal d’Aire à La Bassée, La Lys
se devine à l’importance des espaces urbanisés qui
l’accompagnent. Ils représentent près de 25% des sols de
ce secteur, dont 5% d’espaces industriels. Si Isbergues
apparaît comme solitaire, les rives de la Lys égrainent les
usines de Merville à Armentières, avec à l’Est de Merville
le grand ensemble de La Gorgue. Comme souvent dans
les secteurs d’industrialisation ancienne, les villes et les
activités s’entremêlent, bien que ces dernières privilégient
le « bord à canal », qui fut longtemps la grande chance
de cette plaine par ailleurs difficile à traverser en période
de pluies. La grande tache urbaine du Sud de Merville,
qui semble échapper à l’emprise de la rivière canalisée,
correspond en fait à l’aérodrome de Merville-Calonne !
En dehors des villes-canal, les villes-sentinelle qui entourent
la plaine se risquent peu dans ses terres basses. Les villes
industrielles d’Isbergues et de Béthune échappent à cette
règle. Ce sont d’ailleurs les zones industrielles non minières
de cette dernière qui gagnent les terres humides de la
plaine pour atteindre le canal d’Aire à La Bassée. Quant
aux autres, Bailleul domine la plaine du haut de son talus
bordier, Hazebrouck semble buter contre son marécage
et La Bassée profite d’une butte entre plaine de la Lys et
vallée de la Deûle…
Comme les campagnes métropolitaines, la Plaine de la Lys
présente des terres maraîchères en particulier autour des
villages de Illies et Herlies.
