Les paysages de la plaine de la Lys appartiennent
à ces bas pays aux terres lourdes, sortis des eaux à
force d’acharnement agricole, que l’on traverse dans
l’insouciance, oubliant leur nature profonde et leur histoire.
Au Nord de ces paysages de plaine se déploient les
collines du Houtland, au-delà d’une frontière ténue, mais
pourtant bien présente entre le monde de la platitude et
le monde de la Flandre ondulée. Une certaine familiarité
unit ces paysages ou alternent les bruns des labours, les
verts des prairies, les rouges des toitures. Mais la Flandre
ondule, lorsque la plaine tisse sa toile de chemins d’eau.
Au Sud, le Bassin minier impose comme partout sa franche
différence : celle qui tient essentiellement à un abandon
radical de la ruralité face auquel les quelques ambiances
industrielles de la Lys, essentiellement situées le long du
canal, ne peuvent réellement rivaliser, tant la plaine de la
Lys demeure avant tout rurale et néo-urbaine. ce titre,
la limite avec les paysages de la Métropole tend à perdre
en netteté, lentement recouverte d’un développement
pavillonnaire uniforme des Weppes à la Lys en passant
par la Deûle… Au demeurant, le Grand paysage régional
de la plaine de la Lys n’intègre pas la vallée industrielle
qui se poursuit à l’Est d’Armentières. Il nous a en effet
semblé que le « seuil » d’Armentières constituait une césure
paysagère. Au-delà de ce seuil, dans lequel se faufilent les
voies historiques et modernes reliant Lille à Dunkerque,
l’industrialisation et l’urbanisation gagnent en densité et la
vallée en étroitesse. C’est également à partir de ce seuil
que la rivière devient elle-même frontière. Enfin, à l’Ouest,
l’eau préside également aux destinées paysagères du
pays d’Aire ; mais le relief contient encore ces eaux, avant
qu’elles n’aillent se répandre dans l’immense plaine, si
symbolique des paysages nordistes.