Les collégiales
Fiertés de Lillers et
d’Aire-sur-la Lys, les
collégiales se distinguent
des cathédrales par
leur attachement à un
chapitre de Chanoines,
et non à un siège
épiscopal.
La collégiale Saint-
Omer de Lillers mesure
60 mètres de long, 32
mètres de large et 14
mètres de haut. Elle
demeure à ce titre la
plus imposante collégiale
romane du Nord de
la France. Plus tardive,
celle d’Aire-sur-la-Lys se
distingue par sa taille et
son style flamboyant.
Dans ce Grand paysage du pays d’Aire tout semble converger
vers cette petite ville d’origine médiévale. Située aux confins
de la Flandre et de l’Artois, la plaine marécageuse drainée
par la Lys et d’autres petits cours d’eau prenant leur source
plus à l’Ouest, contribuent fortement au système défensif de
la ville. Longtemps disputée, cette place forte « exacerbée » par
Vauban, allie avec une grande force la maîtrise de l’eau et les
fortifications bastionnées. Démantelée en 1889, la ville noue un
nouveau dialogue avec l’eau, notamment par une exploitation
industrielle du canal d’Aire. Aujourd’hui, seules deux portes
subsistent : la porte de Beaulieu qui date du Moyen-Âge et la
porte de craie blanche du Fort Saint-François construite sous
Vauban. Malgré cette faible conservation des enceintes, la
ville préserve avec beaucoup de ferveur, un patrimoine civil et
religieux assez conséquent, notamment marqué par :
– la collégiale, qui semble « régir » l’ensemble de la ville,
– la place centrale, bordée par un hôtel de ville monumental et
des maisons à pilastres, dont le Bailliage,
– les rues pavées, bordées de rangs de maisons de ville alliant
grès au rez-de-chaussée et appareillage de brique et de pierre
aux étages qui participent très largement à cette ambiance
patrimoniale, parfois presque « muséale ».
Après un étirement industriel vers l’Est au profit du canal et de la
voie ferrée, la ville, bloquée au Nord et à l’Ouest par les marais,
rompt avec la rigueur de son plan d’urbanisme établi au début
du XVIIIe siècle, au profit d’un développement Sud constitué
d’une addition de formes urbaines plus organiques.
Les plans reliefs
Créés en 1668 par
Louvois, ministre de la
guerre de Louis XIV,
les plans reliefs servent
pleinement la stratégie
militaire de l’époque (et
également le prestige
des souverains).
De nombreuses places
fortes du Nord de la
France bénéficient d’un
plan relief, dont la ville
d’Aire-sur—la-Lys. Une
partie de la collection
est conservée au Palais
des Beaux Arts de Lille.
En limite Ouest du Pays d’Aire, la ville de Thérouanne prend
naissance au croisement de la Lys et de la Chaussée Brunehaut
qui relie Arras à Boulogne. Principalement organisée le long de
cinq voies qui convergent vers une petite place très allongée,
Thérouanne ne regroupe plus qu’un peu plus de 1 000 habitants
au dernier recensement de 1999. Rien de comparable avec
les 20 000 âmes, assiégées par 60 000 soldats conduits par
Charles Quint qui ordonne en 1553 de « labourer toute la ville ».
Les vestiges de maisons gallo-romaines et de l’une des plus
grandes cathédrales gothiques de France subsistent, juste au
Nord du centre actuel, au lieu-dit « la Vieille Ville ».
Aujourd’hui le village se développe modestement, principalement
sous la forme d’un habitat individuel qui s’implante le long des
cinq voies rayonnantes. La construction du collège renforce un
étirement récent vers l’Ouest, le long de la vallée de la Lys.
Lillers, tout au Sud, marque la troisième « empreinte urbaine »
de ce Grand paysage. Située aux portes du bassin minier, la
ville de Lillers se développe au cœur d’un delta « formé » par
la Nave et l’un de ses petits affluents. Organisée autour de sa
collégiale, la ville s’étire rapidement le long d’un axe Nord-Sud,
renforcé par l’arrivée du chemin de fer. Longtemps connue pour
ses fabriques de chaussures, Lillers se repositionne autour de
l’agroalimentaire, avec notamment son imposante sucrerie-
distillerie. Aujourd’hui la ville poursuit un développement
mesuré, mais continu. La croissance urbaine privilégie plutôt les
extensions en petites opérations groupées localisées à l’Ouest,
entre la ville ancienne et l’autoroute A26. La frange Est, plus
humide, accueille des activités plus ludiques en rapport direct
avec l’eau.
Au Nord du Grand paysage, les villages étirent leur organisation
urbaine dans des structures linéaires souvent distendues le
long des quelques voies qui traversent les marais.
Plus au Sud, les villages semblent descendre des derniers
côteaux de l’Artois, dans des structures tout aussi linéaires,
mais beaucoup plus continues.