Les paysages du Pays d’Aire appartiennent sans conteste
aux paysages d’interface entre le Haut et le Bas Pays ;
comme tous ces paysages, le relief s’organise selon une
diagonale Sud-Est/Nord-Ouest. Mais alors qu’ailleurs, les
coteaux calcaires se cassent avec une grande franchise,
ici le geste topographique semble hésitant. La transition
s’opère le long d’un vaste escalier paysager, composé
de marches successives glissant progressivement des
hauteurs artésiennes vers les grandes plaines humides.
Le tracé de la vallée de la Lys et de ses affluents traverse
et complique cet étirement. Et puis, quelque chose comme
un recouvrement obère les perceptions des parties les
plus basses : l’urbanisation de l’extrémité Ouest du bassin
minier et plus au Nord, la succession des villes d’Aire-sur-
la-Lys, d’Isbergues et de Lillers.
Le Pays d’Aire possède de très nombreux voisinages ; si
nombreux et parfois prestigieux, qu’il semble y perdre son
identité. Sur les hauteurs, en limite Sud-Ouest, les paysages
du Ternois succèdent aux Hauts plateaux artésiens. Il
n’existe pas ici de véritable frontière paysagère, mais un
basculement qui ouvre les horizons sur les plaines du Nord.
Dans l’axe de l’Artois, les voisins sont aussi terres d’interface.
Au Sud-Est, les Belvédères artésiens assurent avec plus
de brutalité le passage du haut au bas.
Puis, viennent les
paysages miniers, qui s’éteignent progressivement dans
les parties les plus basses du Pays d’Aire. Au Nord, la
vallée de l’Aa (paysages du Marais audomarois) fraternise
avec la vallée de la Lys. Enfin, à l’Est, du côté des plaines,
le Pays d’Aire s’évapore dans l’ample plaine de la Lys et
borde une petite partie des paysages du Houtland. Un pied
en pays minier, un autre dans les lourdes terres argileuses
des plaines, la tête perchée dans les nuages qui dominent
l’ensemble, voici le Pays d’Aire !