Le pays d’Aire, tel que défini dans cet atlas, ne correspond pas à
une unité géographique.
Il est à cheval sur deux unités géomorphologiques bien distinctes :
l’Artois au Sud et la plaine de la Lys au Nord.
Ces deux ensembles fonctionnent en totale indépendance,
hormis sur le plan hydraulique et ont généré deux sous-unités
indépendantes également, le Haut pays d’Aire, au Sud, et le Bas
pays d’Aire, au Nord.
L’Artois forme le sommet de l’anticlinal artésien dont il constitue le
rebord septentrional, en belvédère sur le pays d’Aire puis la plaine
de la Lys. Ce plateau a évolué en « croupes » dont le rebord est
formé d’un affleurement de craie sénonienne. Ce paysage est
voué essentiellement à la culture industrielle et est entrecoupé
ponctuellement de vallées verdoyantes ou les villages et l’élevage
se sont installés.
Sur le plan géologique et géomorphologique, on est ici situé sur
le rebord septentrional du vaste anticlinal artésien. La large assise
de craie de l’Artois plonge vers le Nord-Est sous les formations
cénozoïques et quaternaires de la plaine des Flandres. Les
terrains crétacés y sont affleurants, le quaternaire étant présent
dans les vallées sous forme de limons ou d’alluvions.
l’échelle du pays d’Aire, le plateau d’Artois constitue le bassin-
versant unique qui draîne toutes les eaux vers le Bas Pays puis la
mer du Nord.
Véritable château d’eau régional, le Haut Artois, par ses
précipitations abondantes ainsi que par son substrat calcaire
perméable et ses nombreuses vallées sèches, alimente les
nappes phréatiques. L’aquifère est ici constitué par la craie parfois
affleurante. La nappe est hydrauliquement libre, peu protégée. Elle
alimente les nappes superficielles qui elles-mêmes maintiennent
le cours de la Lys à un niveau relativement stable tout au long de
l’année.
l’opposé de l’Artois, tout en altitude et en relief, la plaine de la
Lys est basse, plane et sans topographie marquée. Elle constitue
toutefois le phénomène morphologique majeur du Bas Pays :
« une vaste dépression géométrique qui recoupe à l’emporte
pièce la topographie générale environnante du Bas Pays ».
En effet, alors que la très grande majorité du relief du Nord de
la France résulte d’une alternance de phases d’accumulation de
sédiments par de vastes mers anciennes et de reprise par l’érosion
de ces sédiments en phase d’exondation, la Plaine de la Lys et
ses versants résultent d’une action combinée de la tectonique et
de l’érosion.
l’ère tertiaire, interviennent des mouvements tectoniques
(mouvements affectant les couches profondes de la surface de
la terre). Les vastes zones de terrains sédimentaires se mettent à
onduler mollement sous les impulsions lentes mais puissantes des
forces internes de la surface de la terre. Elles se déforment alors
en de grandes ondulations faisant alterner des zones surélevées
(anticlinaux) et des zones plus basses (synclinaux). L’Artois se
soulève et devient sur le plan géomorphologique un anticlinal
majeur : le Bassin Parisien est séparé des bassins de Mons, de
Bruxelles et de Londres. Il constitue alors pour la première fois
une barrière pour les transgressions marines futures et explique
les histoires assez divergentes du haut et du bas pays d’Aire à
compter de cette date.
La Plaine de la Lys a connu une évolution subsidente (lent
enfoncement des terrains) à partir du Pléistocène moyen (c’est-
à-dire depuis environ 2,5 millions d’années). La Plaine de la Lys
est donc un jeu de blocs ondulés et basculés, séparés par des
failles et des fractures (voir schéma ci-dessous). L’ère Quaternaire
voit se succéder des phases froides, dites périodes glaciaires, et
des phases de réchauffement climatique. Au cours des phases
glaciaires, le paysage se transforme en de vastes étendues de
végétation rase ou absente, balayées par les vents violents qui
transportent les loess sur de grandes distances.