De l’eau, de l’Aire !
Aire-sur-Lys offre mille
surprises. L’une d’entre
elles est l’étonnant
contraste entre la
présence de l’eau
hors et dans la ville.
Hors les murs, l’eau
est partout : dans les
sols, les végétaux, l’air
même. Dans les murs,
la voici ceinturée de
briques, cachée, à peine
aperçue à la dérobée.
Les retrouvailles entre
la ville et ses eaux sont
sans doute l’un des paris
patrimoniaux de la ville.
Si le Pays d’Aire était un jardin, les terrasses qui le
structurent seraient sans nul doute l’élément fort de la
composition. La visite commencerait juste au-dessus de la
première des grandes marches artésiennes dans l’un ou
l’autre des petits villages - Sains-les-Pernes, Fiefs ou Laires,
qui regardent vers le Nord-Est, vers les grandes plaines. Il
faudrait ensuite dévaler l’Artois par l’une des nombreuses
voies qui l’affrontent et poursuivre en empruntant le cours
de la Lys, de la Nave ou de la Laquette jusqu’à ces langues
de terre dominant de quelques mètres les plaines, à Moulin-
le-Conte, Molinghem ou Ham-en-Artois. Enfin, l’entrée
dans les terres basses se ferait par les berges d’un canal
et finirait aux portes orientales d’Aire-sur-la-Lys, véritable
carrefour navigable…
Mais, le Pays d’Aire est plus sûrement une terre de
passage ! Un pays découpé dans le sens contraire de sa
« nature » et qui peine à préserver ses passages successifs
entre le haut et le bas. La place des infrastructures de
transport est énorme : lignes à haute tension, autoroute,
routes, canaux, voie ferrée… Chaque ligne génère ses
talus, ses tranchées. Chaque ligne doit être traversée au
prix d’efforts coûteux : ponts, passages souterrains, feux.
Tout s’organise du littoral vers l’intérieur, de l’intérieur vers
le littoral. Il faut donc s’obstiner pour retrouver le fil de l’eau,
la relation nécessaire entre les presque désertes hauteurs
artésiennes et les bruyantes plaines. Il y a là quelque chose
d’essentiel à la musicalité terrienne de la région Nord - Pas-
de-Calais, quelque chose qui s’oppose à la vitesse des
économies urbaines… Le pays d’Aire est sans doute le
plus traversé de ces pays qui composent le coeur rural de
la région – Haut-Artois, Ternois, Montreuillois… Il est ainsi
proche et lointain, vu sans être regardé.
Est-ce pour cela que la belle ville d’Aire a ce visage de
ville en peine, de ville un peu oubliée, de ville esseulée qui
regarde son patrimoine perdre doucement la mémoire…
Aire est un joyau sans le sou ! Et pourtant, que de beautés,
que de richesses, que de potentiels pour cette cité bâtie sur
les eaux.
Si le pays d’Aire était un jardin, Aire en serait le château ;
la Lys, le grand canal ; l’Artois, la grande terrasse ; les
cressonnières, les grottes… Mais, le pays d’Aire n’est-il pas
d’ores et déjà un jardin ?