Avec 65% de cultures et plus de 22% de prairies et de
bois, les paysages du Pays d’Aire s’affirment comme des
paysages ruraux. La proportion est plus forte encore pour
le haut pays d’Aire, pour lequel ces usages du sol totalisent
92%. Le bas pays donne une part plus grande aux villes
(Aire, Lillers) - soit 15% de ses sols - laissant tout de même
80% de ses terres à des usages agricoles.
La part des labours rapproche les paysages du pays d’Aire
de ceux de la voisine plaine de la Lys (67%) ; mais, les
prairies sont ici bien plus nombreuses (18 contre 9%). La
répartition spatiale de ces prairies dessine la géographie du
pays de manière bien plus lisible que le simple chevelu de
rivières et de ruisseaux, épaississant ces derniers avec la
régularité du métronome. Les prairies, systématiquement
couplées avec les espaces artificialisés, mettent ainsi
en lumière les deux visages du Pays d’Aire : haut et bas
Pays.
Dans le haut pays, les vallées apparaissent comme des
traces nettes, dont parfois des prairies s’échappent comme
c’est le cas dans les paysages du Haut Artois. Lorsque
les prairies entourent un noyau villageois, on devine sans
erreur qu’il s’agit d’un village de plateau, concentré autour
de son clocher. L’A26 départage de manière assez sûre les
différences de paysage en présence. l’Est de sa ligne
aux amples ondulations, le nombre des sillons gris et verts
augmente singulièrement, laissant de moins en moins de
place aux labours. Force est de constater que la carte
d’occupation des sols restitue mal l’imbrication des terres
de labours de part et d’autre d’une frontière topographique
invisible. Ainsi, entre les vallées du bas pays d’Aire, l’aplat
jaune des cultures ne dit pas s’il s’agit des derniers champs
« hauts » de l’Artois ou des premiers champs « bas » des
plaines.
La place des villes et des activités industrielles distingue
également fortement les deux visages du pays d’Aire
: l’habitat est groupé sur le plateau et dispersé dans la
plaine. Quelques terrils, ultimes traces d’un bassin minier
qui n’en finissait pas de s’étendre, ajoutent leur relief aux
courbes de l’Artois dans le Haut Pays. Néanmoins, les
villes sont absentes, les seuls villages représentant 7%
des usages des sols. Il en va tout autrement du bas pays :
les deux villes moyennes d’Aire et de Lillers sont entourées
de nombreux villages, ancrés sur la RN43 peu connectés
à l’autoroute qui n’offre de diffuseurs qu’au niveau des
grandes agglomérations voisines : Béthune et Saint-Omer.
Du point de vue industriel, le canal de Neuffossé voit
s’égrener les usines, y compris aux abords de la ville d’Aire.
Lillers quant à elle, répartit des industries à ses portes, ces
dernières étant couplées à l’Est aux imposants bassins de
décantation nécessaires aux activités sucrières.
L’eau, enfin ! Avec 0,82% des sols à l’échelle du Grand
paysage régional, l’eau ne se livre pas d’emblée comme
une part importante de ces paysages. Cependant, la
proportion est réduite à 0,09% dans le haut pays, pour
atteindre 1,76% dans le bas pays. Sur ce thème, le pays
d’Aire se rapproche de la plaine maritime (1,90%), mais
est largement devancé par les paysages du val de Sensée
(plus de 5%)…