Pendant des siècles, la région a appuyé son rayonnement sur son terroir (pays de blé, pays de draps ou de dentelle), sur le commerce (terre de passage) ou encore sur son destin militaire. Le XIXème siècle vient bouleverser ces premières logiques, couplant d’une manière inédite développements économiques et développements urbains. Trois activités économiques majeures ont généré de nouvelles formes de développement urbain, souvent très novatrices :
« L’or noir », ou l’étonnante histoire du bassin minier du Nord - Pas-de-Calais
D abord cantonné dans le bassin de Valenciennes, la propagation de ces villes-champignons et de leurs « magmas urbains » s’est très rapidement étendue de Condé à l’Est à Auchel à l’Ouest. Les formes urbaines produites et les cicatrices béantes laissées par la fermeture de toutes ces exploitations restent incontestablement des enjeux majeurs de la question urbaine régionale.
« L’or blanc » ou l’histoire du textile dans le Nord
Contemporain de « l’or noir », il a lui aussi généré l’explosion urbaine, notamment dans la métropole lilloise et dans quelques secteurs (comme Caudry, Solesmes, Le Cateau et Avesnes, Trélon, Fourmies) ou dans quelques villes isolées (comme Calais ou, dans une moindre mesure, Arras, Hazebrouck, Cambrai, La Bassée…). Plus « urbains » dans leur développement que l’or noir, les usines et l’habitat généré par l’activité de l’or blanc se sont implantés aux portes ou dans la continuité stricte des structures urbaines existantes, créant ainsi une urbanisation quasi continue.
« L’or bleu » ou l’attractivité du littoral Nord – Pas-de-Calais
Beaucoup plus diversifié que les deux premiers, l’or bleu se traduit dans deux domaines économiques distincts, générant leurs propres formes urbaines .
– L activité portuaire est fortement liée à l’histoire de la région et du territoire national. D’abord militaires, les ports se sont ensuite diversifiés dans la pêche, le transport de passagers ou de marchandises, d’autres activités économiques liées à la mer, tissant, tantôt des liens privilégiés avec la ville ou, au contraire, s enfermant et se cloisonnant derrière ses bassins et ses faisceaux de voies ferrées. Les deux dernières décennies du XXème siècle ont totalement réorganisé l’activité portuaire de la région, d’une part, en affectant l’industrie à Dunkerque, le transport à Calais et la pêche à Boulogne, et, d autre part, en redonnant à la ville la possibilité de reconquérir les franges portuaires désertées par les activités portuaires lourdes.
– L’activité touristique, se traduisant, depuis la fin du XIXème siècle, par la création de stations balnéaires au destin très varié.
La Côte d’Opale compte aujourd’hui une succession de lieux de villégiature souvent créés de toute pièce ou implantés en frange immédiate de villages de pêcheurs ou de villes existantes. Comme pour l’or noir, les formes urbaines produites ignorent totalement les structures en place.