Chacune des différentes approches thématiques- géographie, représentations, appartenance, paysages naturels, ruraux et urbains - développée a permis d’élaborer des cartes de synthèse découpant le territoire régional en autant de sous-ensembles pertinents de point de vue de la thématique en question. Cette analyse a été complétée par le récolement des paysages identifiés lors d’études paysagères déjà réalisées régionalement (n’ont été retenues que les études portant sur de vastes parties de territoires - cartes en annexes).
Des investigations de terrain sont enfin venues compléter ce premier diagnostic, de nature essentiellement bibliographique. La méthode de travail que nous avons appliquée est celle de la compilation rigoureuse et pourtant inventive ! Nous avons superposé les cartes de synthèse à la recherche de « concordances », c’est-à-dire de redondance dans la définition des sous-ensembles thématiques. Ce travail a été opéré sur les limites des sous-ensembles thématiques ainsi que sur leur dénomination. Lorsque toutes les approches mettent en avant un sous-ensemble « Boulonnais », l’existence de ce dernier en tant que Grand paysages régional apparaît comme évident. Mais tous les paysages régionaux ne bénéficient pas de ce niveau de concordance. Certains ne sont définis que par l’un ou l’autre de nos points de vue. Les plaines du Cambrésis et de l’Arrageois apparaissent dans l’approche des paysages naturels et du point de vue des paysages ruraux,même si la limite départementale et historique impose des dénominations différentes. Enfin, il est des paysages qui n’apparaissent que par défaut, limités par le voisinage…
La carte ci-contre dresse le bilan de cette recherche de concordance, permettant l’émergence des Grands paysages régionaux. L’analyse de la carte ci-contre révèle, au centre de la Région, un « ventre mou » paysager. Il s’agit d’une frontière épaisse, une vaste zone de transition à la limite entre le Haut et le Bas Pays.
Ce territoire « entre-deux » - auquel il a paru possible d’adjoindre le bassin minier qui présente également des paysages complexes, en superposition - nous a
mené à introduire la notion de Grandes familles de paysages. Cette nouvelle échelle de paysages a pour objectif de révéler, et ainsi de faire reconnaître, l’importance des paysages d’interface au cœur même de la Région Nord - Pas-de-Calais, cette Région dépourvue de frontières naturelles, en dehors du littoral.
Les Grands paysages régionaux qui sont issus de cette méthode s’inspirent, sans les copier intégralement, des toponymes régionaux, anciens et plus
récents. Leurs limites ne sont pas historiques, arrêtées arbitrairement sur la base de tel ou tel traité du XVIIème ou au XVIIIème siècle. Les Grands paysages
régionaux ne sont pas non plus issus d’une lecture démographique ou socio-économique, généralement centrées sur les villes. Ces grands paysages mettent
en relief des communautés paysagères qui sont finalement des communautés d’intérêts, de problématiques et donc de travail et de définition partagée d’avenirs.