Albion la blanche
Par beau temps, une ligne blanche, que l’on devine en tous points semblable à la nôtre, orne l’horizon. Les géologues, que le temps n’effraie pas, racontent l’histoire d’une rupture sans remèdes, suivi d’un éloignement progressif mais constant.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
La noria des navires réduit visuellement l’échelle du Channel, tandis que le tunnel situé sous nos pieds rappelle que le rêve peut devenir réalité.
Au sein d’une côte régionale à dominante sableuse connue
pour ses immenses plages, les falaises qui s’étirent de l’Ouest
de Calais au Sud de Boulogne-sur-Mer sont une exception
remarquée. Après des kilomètres de cordons dunaires, les
falaises d’Opale constituent un belvédère somptueux sur le
détroit du Pas de Calais ; offrant - luxe suprême réservé au
temps clair - de contempler l’autre rive du « fleuve Manche ».
Cette dimension exceptionnelle et monumentale a tendance
à focaliser tous les regards tant le surplomb, la puissance
du contact entre la terre surélevée et la mer sont forts…
l’évidence, les limites entre ce littoral et ses voisins de sable
sont nettes. Sangatte, les paysages de la plaine maritime
s’achèvent sur les croupes fièrement dressées du Cap Blanc-
Nez. De bas en haut et de haut en bas, les paysages s’opposent
sans compromis. Au Sud d’Équihen, les frondaisons épaisses
qui recouvrent les sables estompent les perceptions des limites
entre les paysages des dunes et estuaires et ceux des falaises
d’Opale.
Vers l’intérieur, les paysages littoraux jouxtent ceux
des Coteaux calaisiens et du Pays de Licques au niveau des
caps ; tandis que les paysages boulonnais composent l’arrière-
pays de l’agglomération boulonnaise. Là encore, les paysages
jouent un registre d’opposition : les immensités céréalières du
Nord cèdent la place aux collines bocagères, tandis que les
falaises immaculées au Nord prennent des teintes terreuses
au Sud. Mais, entre les paysages littoraux et ceux situés à
l’arrière, quelles limites retenir ? Faut-il retenir les vues offertes
ici et là depuis des points hauts ou s’appuyer sur des indices de
maritimité comme ces flobarts perdus aux milieux des ronds-
points ? Sont-ce les versants des petits fleuves côtiers qui
doivent guider le trait ou faut-il réduire les paysages littoraux
au « nez » de la marche que constitue la falaise ? La solution
retenue est imparfaite mais commode ; il s’agit globalement de
l’autoroute A 16.