La beauté sans égale des paysages des falaises d’Opale
justifie leur puissance d’attraction pour les urbains des
agglomérations régionales. La pratique massive des sports
de vent - char à voile, speed sail, planche à voile, cerf volant…-
atteste que ces lieux ont avant tout une fonction récréative
et contemplative. Mais la « massification » de ces pratiques,
comme de celle, toute simple, qui consiste à se promener ou
même à se dorer sur la plage pose à l’évidence la question
de la gestion de la fréquentation, voire de la sur-fréquentation,
de ces lieux. Car la concentration des visiteurs et de leurs
véhicules ainsi que l’ensemble des services développés à
leur intention pourraient bien, si elle était mal gérée, nuire à la
qualité des sites en les dégradant.
Le site des Caps est à ce sujet emblématique : l’opération
« grand site national des 2 Caps », la seule au Nord de la
Seine, est promue par le Conseil Général du Pas-de-Calais.
Elle est l’amorce d’une requalification régionale mais aussi
nationale voire internationale du territoire côtier. La démarche
de projet engagée dans le cadre du Grand site national vise à
canaliser l’important flux humain dans le respect des milieux
naturels et des migrations animales ! Le déplacement de l’aire
de stationnement est symbolique d’une exigence renforcée.
Comme n’hésite pas à le dire Hervé Poher, Président d’Eden
62 : « La beauté ça se mérite, et faire 400 mètres pour
admirer la baie de Wissant c’est normal ». Cette affirmation,
qui n’empêche pas l’étude d’un mode de transport collectif
pour ceux et celles qui ne bénéficient pas d’une autonomie
de marche, témoigne d’un mouvement puissant de « re-
naturation » des grands sites du littoral régional. C’est donc
une forme de sanctuarisation qui est en marche ; les
monuments naturels les plus grandioses s’arriment dans
l’imaginaire collectif, offrant à chacun d’éprouver le sublime.
En un sens, la loi Littoral contribue à cette tendance en
permettant une protection intégrale des premiers mètres de
terre, reportant vers l’arrière les espaces de développement.
Et le développement frappe fort à la porte sur ce littoral
pris entre l’agglomération calaisienne et l’agglomération
boulonnaise. L’attractivité ne touche pas uniquement des
visiteurs occasionnels, elle concerne également des activités
économiques et des actifs à la recherche d’une certaine
qualité de vie. Sur le littoral des falaises d’Opale, la population
augmente depuis plusieurs années, là ou d’autres secteurs
de la région se dépeuplent. Un phénomène d’urbanisation
est en cours, qui se concentre sur les communes littorales
– lesquelles ont bien du mal à gérer les besoins en
développement et les attentes de préservation - mais
également dans les campagnes rétro-littorales. L’attention est
portée sur le trait de côte, avec ses caprices et ses évolutions.
Il existe pourtant des enjeux considérables à quelques
kilomètres à l’intérieur des terres. Des villages subissent
de plein fouet d’importantes pressions : demandes de
constructions, développement des résidences secondaires,
des hébergements légers de loisirs dans un contexte foncier
défavorable à l’agriculture. La qualité des paysages des
falaises d’Opale doit beaucoup à l’harmonie des campagnes
qui les précèdent. Cette fraternité paysagère mérite des
égards, justifient des accompagnements importants, tels
qu’en développe le Parc naturel régional pour les communes
de son périmètre.
A Boulogne-sur-mer, il existe des enjeux de mutation portuaire
qui - étalés sur plusieurs décennies - devraient conduire à
une métamorphose des lieux aussi prégnante que celle qui
suivit la reconstruction. La ville et le port ont un dialogue
à construire, en complémentarité avec une redistribution
équilibrée des fonctions portuaires entre les trois grands ports
du littoral régional Dunkerque, Calais et Boulogne.