Des richesses biologiques à prendre en compte
Les paysages de la
Pévèle et de la plaine
de la Scarpe, et
particulièrement ces
derniers, présentent une
diversité biologique en
grande partie liée aux
massifs forestiers et
aux espaces prairiaux
les plus humides.
C’est ainsi que le Parc
naturel régional tente
tout pour préserver
une agriculture basée
sur les prairies, qui
sont garantes de cette
richesse floristique
et faunistique, mais
également paysagère et
ethnologique.
Avec sa complexité intrinsèque faite d’entrelacements, la
variété de ses déclinaisons et sa capacité à digérer les
évolutions de la périurbanité, ces paysages pourraient
sembler « inaltérables ». Cette diversité paysagère, ancrée
sur l’imbrication, ne serait elle pas le remède universel
à l’uniformisation des paysages soumis aux influences
urbaines ? Développant une forte capacité d’intégration, ces
paysages ne sont pourtant pas à l’abri de certains dangers
d’autant plus difficiles à contrer qu’ils se développeront
de manière très lente et quasiment imperceptible, dans
un paysage ou toute intrusion semble absorbée par la
complexité de la trame existante.
La fermeture du bocage urbain est le premier risque à court
terme pour ce Grand paysage régional. Le résultat de cette
fermeture est perceptible dans certains paysages belges
qui proposent des kilomètres de bords de route garnis de
maisons avec jardins, rivalisant de beauté et d’entretien,
mais rendant impossible toute relation visuelle entre les
différents plans du paysage. La pâture qui bordait le fond
du jardin, dès lors qu’elle n’est plus perceptible depuis
la route, demeure une réalité économique et agricole
mais disparaît en tant que réalité paysagère. Il en est
de même pour la série de champs, de prairies, de forêts
ou encore de peupleraies qui rythmaient la progression
des automobilistes sur une route reliant deux villages,
dès lors que celle-ci se retrouve étroitement bordée de
maisons, elles-mêmes séparées par des haies de thuyas
faisant écran. Or à l’évidence, c’est l’interpénétration des
images et des plans qui fait la qualité et l’esthétique de ces
paysages qui semblent constituer ainsi le summum d’une
certaine image de la qualité du cadre de vie : la vie urbaine
dans un cadre champêtre. Le diorama permanent qui se
joue dans ce paysage, ces effets de rideaux tirés et levés
par le couvert végétal méritent de persister et interrogent
quant aux formes urbaines nouvelles à développer. Quel
urbanisme contemporain pour les paysages de la Pévèle
et de la plaine de la Scarpe et plus exactement comment
rompre avec une tradition d’étirement le long des routes et
de comblement des « dents creuses » entre les fermes ?
La seconde série de risques, ou d’enjeux, percute la
première, elle concerne les mutations agricoles. Quelle
agriculture a des chances de pouvoir se maintenir dans la
ville ou dans le bocage urbain ? Le maintien de l’élevage
pose des problèmes de voisinage liés aux « nuisances »
afférentes, qui posent problème dans les zones les plus
habitées. Par ailleurs, quelle sera l’agriculture dans les
secteurs les plus humides, qui répondent difficilement aux
exigences d’une agriculture intensive, mais nécessitent
un entretien quasi quotidien pour ne pas sombrer dans
l’abandon ? Sans compter les problèmes de coexistence.
Tôt ou tard, urbains et agriculteurs connaîtront des conflits
plus divers encore que ceux relatifs aux odeurs ou aux
trainées de boues sur les routes… Finalement, seule une
« agriculture des villes » a des chances de réussir le défi de
la cohabitation avec les urbains soucieux non seulement du
paysage, mais également de leur santé et de leur qualité
de vie. Mais, c’est pourtant l’agriculture qui produit ces
paysages si attractifs pour les urbains !
Toutes les questions de la ville périurbaine et de son
agriculture au XXIème siècle sont ainsi posées concernant
des paysages qui, depuis deux siècles au moins, ont
prospéré sur le fil ténu d’une union entre la ville et la
campagne.