Structures paysagères et agraires révélées par satellite
Les travaux de Jeannine
COUDOUX de l’Université
de Lille I ont mis en
évidence la présence de
constantes paysagères dans
les paysages du Cambrésis
(images satellite).
J. COUDOUX a identifié
cinq types de styles
linéamentaires :
– style lâche, peu dense et
indéterminé ;
– style à allure rayonnante ;
– style arrageois (orientation
30-35° Ouest / 120-125°
Ouest) ;
– style cambrésien (15-18°
Est / 105-108° Est) ;
– style de Maurepas (33-35°
Est / 123-125° Est).
Ces travaux caractérisent
un ensemble centré sur
l’Arrageois et le Cambrésis
ou les structures linéaires
mises en évidence tendent
à éliminer les structures en
cernes.
Les éléments d’explication
avancés pour comprendre
ces structures
linéamentaires paysagiques
reposent probablement
dans la manière dont
les hommes se sont
appropriés les paysages
et les ont façonnés au
cours des siècles. Cambrai
se trouve au coeur d’un
macrocerne, phénomène
déjà observé pour d’autres
villes de l’Artois (Arras et
Thérouanne). Ces terroirs
radioconcentriques
semblent caractériser des
villes très anciennes.
Comme le suggère très
justement J. COUDOUX,
il serait prudent que les
études d’aménagements
en paysage d’openfield, tels
le remembrement et les
routes, soient précédées
d’une mise en évidence des
constantes paysagères afin
d’éviter des destructions
irréversibles dans le
patrimoine paysager
régional.
Les plateaux artésiens et cambrésiens constituent sans conteste
la région la moins boisée du Nord – Pas-de-Calais (le Cambrésis
a un taux de boisement de 2% environ). Par exception, quelques
grands boisements ont été conservés dans la partie occidentale
du Cambrésis (Bois de Bourlon, Bois d’Havrincourt, Bois des
Vaux, Bois St Pierre Vaast) pour des raisons historiques (maintien
de zones de chasse, grandes propriétés foncières issues du
Moyen-Âge, …) ou économiques (pentes fortes ou sols peu
productifs). Le plateau à riots (rivières) du Sud Cambrésis est
également parsemé de boisements généralement de plus petite
taille.
C’est le paysage de l’openfield par excellence qui domine les
écosystèmes. Les champs couvrent des surfaces importantes :
des parcelles faisant 50 à 100 hectares d’un seul tenant ne sont
pas rares et les exploitations sont, en proportion, de plusieurs
centaines d’hectares. Les cultures industrielles (céréales, plantes
sarclées, …) sont ici chez elles. Tout le paysage a été transformé
pour optimiser le travail de la terre et laisser libre cours à une
agriculture intensive.
Les cultures industrielles dominent totalement le paysage.
Les aménagements agricoles dédiés (silos, hangars, dépôts
divers,…) contribuent également à prouver que tout l’espace
appartient à l’agriculture.
Les espaces laissés aux habitats naturels ainsi qu’à la flore et à
la faune sauvages se limitent la plupart du temps aux formations
herbacées le long des accotements des voies ferrées, des routes
et des chemins agricoles (bermes et talus). En complément, des
couronnes partielles de prairies pâturées entourées de haies
basses discontinues ceinturent les villages.
On peut scinder schématiquement les habitats naturels en
quatre sous-ensembles principaux : le système des cultures en
openfield, les talus et les accotements des chemins d’exploitation
et des voies de communication, les boisements épars et la
végétation des prairies pâturées.
Le système mésophile des cultures en openfield est pauvre en
habitats naturels et semi-naturels puisqu’il est occupé en grande
partie par des cultures céréalières et des plantes sarclées.
Les amendements et traitements importants, de même que
les remaniements incessants dont ils font l’objet, réduisent
considérablement leur intérêt biologique et écologique. De ce
fait, le cortège des plantes indigènes adventices des cultures est
très fragmentaire et se trouve limité à la marge des parcelles, là
ou les traitements sont plus réduits.
Toutefois, quelques espèces animales bien particulières ont su
s’adapter à ces conditions très dures de type steppique. Ainsi, les
busards sont des rapaces qui occupaient autrefois des milieux
naturels (landes, marais, …) aujourd’hui quasiment disparus. Ils
ont notamment réussi à s’adapter depuis quelques décennies
à ces écosystèmes artificiels secondaires dont la structure de
végétation (strate herbacée dense) leur sert de biotope de
substitution.
Les talus et accotements peuvent constituer des refuges non
négligeables pour la faune et la flore. L’un des paramètres
importants est leur dénivellation : en effet, leur taille, d’une part,
les protège des apports (engrais et pesticides) agricoles voisins
et, d’autre part, favorise la percolation de l’eau et des éléments
minéraux conduisant ainsi, à un équilibre dynamique de la
végétation du milieu.
On peut parfois y trouver des pelouses et des ourlets à
affinité calcicole avec tout un cortège d’Insectes et d’Oiseaux
associés. Ces pelouses-ourlets sont dominées par des plantes
mésotrophes calcicoles. Des plantes plus rares et menacées,
comme le Panicaut champêtre ou Chardon roulant, subsistent
localement.
Certains talus, peu ou rarement fauchés, possèdent une
végétation ligneuse. On les appelle alors des rideaux.