Plateaux cambrésiens
C’est sur une large bande de 20 kilomètres environ,
située entre Le Cateau et Cambrai de part et d’autre de
la nationale 43, que s’étend l’entité des grands plateaux
cambrésiens. Les paysages sont marqués par les petites
vallées affluentes de l’Escaut (l’Erclin, la Selle) qui naissent
sur les plateaux et se poursuivent vers le Nord pour y
devenir de « véritables » vallées. Sur le plateau cambrésien,
elles constituent des entailles assez profondes, pas encore
des vallées, mais des vallées en puissance qui donnent à
ces plateaux un relief spécifique. La toponymie utilise ici et
là le terme de « riot ». Vers le Sud, il faut noter la présence
assez régulière de petits bois aux formes géométriques,
dont le bois du Gard est le plus significatif. Un élément
structurant de cette entité réside dans le maillage routier au
départ de Cambrai, avec sa structure radiale en étoile vers
Le Cateau, Bohain ou Solesmes. Alors que les grandes
voies larges, comme la nationale 43, offrent une vision peu
valorisante de ces paysages, le réseau secondaire qui relie
les villages entre eux est enrichi par les pavés qui parfois
constituent encore les voies et surtout par les talus qui les
bordent. Le plateau cambrésien se singularise par le réseau
dense des villes et des villages, au sein duquel s’organisait
le bassin dentellier, fondé sur le travail à domicile.
La découverte de cette entité peut utilement emprunter la
ligne de train qui joint Cambrai à Bohain en passant par
Caudry. Mais surtout, il faut recommander chaudement de
quitter les grands axes pour emprunter les petites routes
qui permettent d’entrer dans l’intimité de ces plateaux tout
en accroissant, par une certaine solitude, l’impression
d’immensité qu’ils procurent.
Vallée de l’Escaut
La vallée de l’Escaut s’étend sur une vingtaine de
kilomètres de long du Nord de Cambrai jusqu’à la limite
régionale. Il s’agit d’une vallée assez étroite – l’entité
paysagère n’est large que de quelques kilomètres - ou
villages et espaces agricoles ou naturels se succèdent
avec une belle harmonie. Au Sud de l’entité paysagère,
c’est-à-dire au Sud de Masnières, les villages offrent
des ambiances très paisibles, avec un cadre de bâti de
qualité dans un cadre « naturel » également qualitatif. Le
patrimoine architectural est très riche, illustré par la célèbre
abbaye de Vaucelles située entre Banteux et Les Rues des
Vignes. Les campagnes associent prairies grasses de fond
de vallée et boisements, des étangs accrochent la lumière
au creux de petits bois tandis que les labours dévalent les
pentes de la vallée. Le canal de l’Escaut allie les charmes
de la navigation fluviale – ponts, écluses, quais – à celui de
l’intimité bucolique de la vallée. l’approche de Cambrai,
et à mesure que la vallée progresse vers le Nord, son
caractère industriel se développe, entre anciennes usines
textiles et activités contemporaines avec notamment la
sucrerie et sa cohorte de boisements compensatoires.
C’est aussi à partir de Cambrai que la vallée gagne
progressivement en largeur.
La découverte de la vallée de l’Escaut peut, idéalement,
prendre le temps du fil de l’eau et emprunter le chemin
de halage qui borde le canal. Un effort d’imagination
redonnera au canal sa vie et ses bruits du XIXème siècle
et du début du XXème. Deux petites routes longent la
vallée, jouant à saute-mouton sur son étroit relief. Elles
offent des vues sur les coteaux et sur l’ensemble de la
vallée, montent et descendent entre les villages que 3 à 5
kilomètres séparent…
Grands plateaux artésiens et cambrésiens
Cette entité de grands plateaux, qui constituent l’archétype
de ces paysages, s’étend sur une bande de 25 kilomètres
d’Est en Ouest et de 20 kilomètres du Nord au Sud. Elle
vient buter sur la vallée de l’Escaut à l’Est, et se glisse
progressivement à l’Ouest quelque part entre la voie ferrée
et la RD 19.
Elle représente les paysages de plateau par excellence :
les arbres et le relief sont rares, les vallées qui y prennent
naissance ne sont encore que des ondulations à peine
visibles, les villages sont assez régulièrement répartis et
ont une caractéristique nettement agricole. Ces plateaux,
connus sous le nom de « seuil de Bapaume », se définissent
par une spécificité géographique à peine perceptible :
il s’agit de la ligne de partage des eaux entre le Bassin
parisien et la mer du Nord. Du point de vue des paysages,
ils appartiennent clairement aux immensités picardes. Cette
entité est également caractérisée par une « vascularisation »
très riche et très dense. De nombreuses routes nationales
et départementales s’y déploient en rayon depuis les deux
villes d’Arras et de Cambrai. Les autoroutes ne sont pas en
reste puisque l’entité paysagère est traversée par l’A1, l’A2
et l’A26, sans oublier le train avec les lignes Paris-Lille et
Cambrai-Compiègne.
Ces infrastructures sont d’ailleurs un moyen idéal de
saisir ces paysages de la vitesse, même si celle du TGV
est un peu excessive pour saisir les infimes nuances de
ces paysages. Pour une appréhension plus intime on
empruntera les nombreuses petites routes et chemins de
traverses, et pourquoi pas la route départementale n° 5.
Plateaux artésiens
L’entité des plateaux artésiens se rapproche beaucoup
de l’entité précédente. Elle s’étend sur une bande de
10 kilomètres de large entre les plateaux artésiens et
cambrésiens et le Ternois.
Elle s’en distingue toutefois par l’absence de grandes
infrastructures de transport, mise à part la RN 25, ce
qui en fait une entité plus « reculée ». Mais surtout, elle
comporte des auréoles bocagères autour des villages
et des boisements qui confèrent à ces paysages un air
plus champêtre. Selon la Direction Départementale de
l’Agriculture et de la Forêt (DDAF), cette entité se distingue
du reste des plateaux de l’Est, puisqu’une limite entre
« Petites régions agricoles » est tracée. Du point de vue de
la perception des paysages, cette entité apparaît d’abord
comme un espace de transition vers le Ternois. Les 10
petits kilomètres de route donnent le temps au visiteur
distrait de se laisser doucement glisser d’un paysage dans
un autre.
Pour découvrir cet espace la RD 6 entre Foncquevillers
et Pas-en-Artois ou encore la RD 59 entre Arras et la
vallée de la Canche sont des cheminements intéressants
pour expérimenter le glissement progressif ainsi que la
succession des villages précédés de leurs parures d’arbres
et de haies.