Les paysages de la plaine maritime cultivent les céréales
et les paradoxes ! Peu de paysages régionaux affichent
comme eux 77% de cultures. La plaine maritime fait ainsi
concurrence aux 80% de cultures des paysages des
Grands plateaux artésiens et cambrésiens. Ainsi parée de
labours, la plaine ne semble guère se souvenir de sa sortie
des eaux. Les plaines de la région conservent souvent
un important manteau prairial en dépit des techniques
agricoles qui autorisent aujourd’hui à cultiver des terres
lourdes et humides. Dans la plaine maritime, le mot plaine
trouve l’espace nécessaire à sa plénitude ; mais les
paysages contrastent par rapport à ceux de la plaine de la
Lys ou de celle de la Scarpe. Ici, il n’y a pas d’arbres et pas
d’ensembles prairiaux (à l’exception des marais calaisiens).
Cette plaine-là est d’une autre famille, d’une autre trempe,
d’une autre histoire.
Dans les paysages de la plaine, les cours d’eau et les
plans d’eau sont rares. Ils représentent moins de 2% de
l’ensemble et 1% dans les Moëres dont il faut se rappeler
qu’il s’agissait d’un grand marais au XVIIIème siècle
encore. l’opposé, les Marais calaisiens revendiquent leur
nom, puisqu’ils présentent 14% de marais intérieurs et de
cours d’eau et 22% de prairies.
Entre les marais calaisiens et les Moëres, les paysages du
Bas Pays déclinent deux archétypes que tout oppose et qui
pourtant partagent l’intensité d’une contrainte hydraulique
majeure. Le paysage des Moëres ne laisse rien deviner
de son passé ; 93% de cultures et 4% d’espaces habités
pour labourer, semer et moissonner ces terres font de ce
paysage l’un des plus mono-spécifiques de la région. Ainsi,
l’aménagement du marais des Moëres est une réussite
technique parfaite. Les marais calaisiens, alimentés
par des résurgences hydrauliques surgies des pieds de
l’Artois n’ont pas connu un tel destin. L’eau dicte sa loi et
génère les paysages qu’on lui connaît : prairies humides,
boisements, étangs et autres mares. Dans les marais
calaisiens, l’occupation du sol est diversifiée : 45% de
cultures, 22% de prairies, 14% d’espaces urbanisés, 10%
de marais, 4% de bois… Ces paysages sont des frères qui
ne se ressemblent pas !
Les paysages de la plaine s’apparentent davantage à
ceux des Moëres. Le Blootland mérite bien son nom de
pays nu. Les espaces urbanisés ne représentent que
8% des espaces et ils sont concentrés dans quelques
villes : Coulogne, Bourbourg, Bergues… Les villages sont
modestes et très linéaires dans la partie occidentale de
la plaine, plus ramassés et étendus à l’Est. L’influence de
l’agglomération dunkerquoise semble ici plus prégnante,
cette dernière trouvant au Sud les espaces de son
extension.
Les 7% de prairies sont dispersés en très petites touches
dans l’ensemble de la plaine. Chaque point minuscule
associe une prairie à une bâtisse et révèle l’organisation
agricole de la plaine. Au centre de la plaine, de part et
d’autre de l’Aa, ces parcelles d’herbe s’égrainent comme
les perles d’un collier sur des axes Nord / Sud, soulignant
ainsi la trame des fossés qui drainent la plaine.
Enfin, avec 1,5% de bois, la plaine fait figure de table
rase. Le secteur de Bergues apparaît, par contraste, très
boisé. Le long du canal de Bergues, des plantations ont été
réalisées qui composent aujourd’hui un véritable espace
verdoyant entre le littoral dunkerquois et la ville forte de
Bergues.