Des auréoles bocagères autour des villages
La plupart des villages de
l’Artois possèdent une couronne
bocagère périphérique. Nul
ne sait dire quelle est la part
liée au caractère pratique et
quelle est celle liée au caractère esthétique. Cette couronne
bocagère est très nette vue
du ciel et de certains points
hauts du relief. Les prairies sont
souvent complantées de fruitiers
et entourées, plus ou moins
partiellement de haies bocagères. Cette trame bocagère
périurbaine constitue des oasis
de verdure dans une mer de
cultures ouvertes.
Fait paradoxal, on trouve donc
en milieu urbain des oiseaux
des campagnes : les Pies
bavardes, les Pinsons des arbres
et les Pigeons ramiers ne se
trouvent, par exemple, que dans
les villages alors que leur habitat
originel se trouve plutôt en forêt
ou dans les campagnes.
C’est, de loin, la plus grande entité naturelle du Nord - Pas-de-Calais. Le bombement anticlinal de l’Artois a créé une limite majeure sur le plan géologique, géomorphologique, puis géographique et biogéographique entre les Bas Pays
du Nord et le Haut Pays. Des siècles de transformations humaines n’ont pas réussi à aplanir ces différences originelles fondamentales au sein de nos paysages.
Il s’agit d’une mosaïque au grain essentiellement grossier à l’échelle de travail (1/250 000).
Le paysage est ici très structuré par la topographie et les caractères éco-paysagers originels (géologie, humidité), et ce malgré les nombreuses transformations apportées par le travail de l’homme.
La matrice est dominée par les cultures ouvertes (open field) qui occupent tous les plateaux.
Même les taches sont ici très structurées et forment de. réseaux interconnectés. Les taches prairiales et urbaine. occupent les fonds et versants des vallées, formant ainsi des cordons linéaires entremêlés. Elles forment un chevelu très entrelacé et ramifié à l’extrême. On a ici la plus parfaite illustration du rôle double du réseau hydrographique en tant que trame bleue et élément déterminant de la trame verte.
Ce phénomène est très remarquable et dénote une bonne conservation des terroirs agricoles originels malgré les modifications agricoles récentes (remembrements, machinisation, déprise agricole, etc.). Cet état de fait est d’autant plus remarquable qu’il s’applique à un espace de très grande superficie et en dehors de toute volonté publique (hors territoire ’protégé’ de type Parc naturel régional, hors de maîtrises foncières ou de gestion).
Les taches sont très nombreuses et possèdent une structure double. la trame précédemment décrite s’ajoutent de nombreuses taches correspondant à des boisements. Traditionnellement situés sur les terrains les plus pauvres sur le plan pédologique et sur les terrains pentus, ces taches s’organisent en un réseau également cohérent sous-tendu par la géologie et la géomorphologie. Il existe
ainsi un gradient Ouest-Est dans la trame boisée, avec une prééminence et une densité élevée des grands bois dans la partie occidentale (à l’Ouest d’une ligne imaginaire Hesdin-Lumbres).
Cette trame structurée en est train de se renforcer fortement, d’une manière plus désorganisée, sous forme de plantations récentes (moins de 20 ans pour la plupart) et au gré des déprises agricoles. Ce boisement est la plupart du temps lié à des initiatives individuelles d’exploitants, aidés ou non par le Fonds forestier national ou d’autres aides. Ces plantations n’entrent dans aucun cadre de planification et sont en train de modifier profondément le fonctionnement écologique de cet ensemble éco-paysager.
Ainsi, on peut scinder le réseau des connexions biologiques en deux sous-ensembles :
– le premier est lié au réseau hydrographique fortement encaissé dans les plateaux et qui offre une continuité importante pour les milieux aquatiques et les milieux prairiaux semi-bocagers, même si de nombreuses coupures apparaissent liées aux villages ;
– le second réside dans la trame forestière et possède
une structure discontinue en gué qui ne constitue généralement pas un handicap du fait de l’absence de barrières écologiques.
Le réseau hydrographique très dense dans le château d’eau du Nord - Pas-de-Calais constitue réellement un réseau remarquable de corridors biologiques qui permet des continuités écologiques à travers l’obstacle topographique majeur que représente l’Artois à l’échelle du Nord - Pas-de-Calais.
Il est constitué d’une trame double. La Canche et l’Authie constituent des axes majeurs dans le sens Est-Ouest.
Elles permettent de relier le centre de la région Nord - Pas-de-Calais à la frange littorale, notamment en récupérant la haute vallée de la Scarpe en amont d’Arras. Tandis que dans le sens Nord-Sud, les hautes vallées de l’Aa, de la Lys, de la Clarence et les affluents de la rive droite de la Canche irriguent tout le plateau central.
Toutefois, des points de rupture de ces continuités existent
entre l’Authie et la Canche et sont étiolées sur la dorsale centrale. Les liaisons Ouest-Est sont également affaiblies au niveau de la ligne de partage des eaux entre les hautes vallées de la Ternoise, de la Canche et de la Scarpe. Il s’agit
du secteur compris entre Avesnes-le-Comte, Frévent et St Michel-sur-Ternoise. Tout comme la Haie d’Avesnes dans l’Avesnois, c’est un secteur clef de voûte pour la trame verte régionale qu’il convient de maintenir et restaurer.
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C’est un paysage trés homogène à l’échelle fine et hétérogène à grande échelle.
Hormis l’effet des grandes cultures, la fragmentation des
habitats est assez réduite notamment comparativement à
la surface de cette région. Toutefois, les autoroutes A16 et
A26 ainsi que la LGV constituent des barrières majeures
dans le sens Nord-Sud.
Les habitats naturels sont quasiment absents en dehors
de quelques pelouses sèches.