Il s’agit d’une mosaïque au grain essentiellement grossier à l’échelle de travail (1/250 000). Une seconde trame de taches à grain fin apparaît de manière sous-jacente.
On a ici un paysage très structuré à architecture régulière. C’est la mise en valeur agricole très précoce de ces vastes plateaux fertiles qui a conduit à cette trame régulière. Chaque village a défriché un finage agricole dans l’ancienne forêt primaire et c’est pourquoi on a ce semis de villages d’une taille très voisine au milieu d’un terroir agricole très semblable également.
Cette structure paysagère en cercle résultant d’un défrichement radial s’observe encore à une échelle de travail plus fine. J. COUDOUX, de l’Université de Lille, a ainsi mis en évidence le maintien de « structures paysagiques » (éléments constants dans le paysage au travers du temps) concentriques fines dans le terroir agricole de l’Artois et tout particulièrement du Cambrésis. Cette structure concentrique est encore lisible dans le paysage à l’échelle de travail et on perçoit encore les limites des défrichements du Moyen-Âge. Les seules villes qui ont connu un essor urbain et démographique important ont profité d’une situation géographique particulière (Cambrai sur l’Escaut et Arras sur la Scarpe). Ces villes ont elles-même induit un développement en couronne des villages périphériques basé sur un tissu de relations économiques.
La matrice est ici plus encore qu’ailleurs dominée par les cultures ouvertes (openfield) qui occupent tous les plateaux. C’est le paysage steppique secondaire par excellence. Au Sud et à l’Est de Cambrai apparaît un réseau hydrographique qui entaille ce plateau artésien (le plateau à riots).
Les taches, nombreuses, sont ici structurées dans un semis régulier qui a pour double angine les relations économiques urbaines et les finages agricoles. On a une structure en taches imbriquées. Chaque noyau villageo-constitue une tache de milieu urbanisé cernée par une tache périphérique, en couronne, de prairies et vergers.
Le modèle a presque disparu devant les mutations agricoles profondes et c’est plutôt un mini-semis de cellules prairiales disjointes qui cerne à présent les cœurs villageois.
La Haute Scarpe et le Haut Escaut constituent des supports fédérant les taches en cordons linéaires. Aux taches urbaines et prairiales, s’ajoutent dans ces vallées tout un réseau de petites zones humides et micro-boisements. Les forêts sont exceptionnelles dans ce secteur le moins boisé du Nord - Pas-de-Calais (2 %).
Dans cet océan de cultures, les connexions biologique. sont rares et limitées aux cours d’eau cités et à leur. affluents. Elles sont évidemment fortement affaiblies dan. leur continuité par les noyaux urbains. Pour la faune la plu. mobile, les Oiseaux, de nombreux petits points d’eau artificiels (bassins de décantation, stations d’épuration, etc.’ constituent des structures relais intéressantes.
C’est un paysage homogène à grande échelle et plu. encore à échelle fine. En plus des grandes cultures, la fragmentation des grands paysages est assez prononcée car ils sont compartimentés par de grandes infrastructures linéaires (LGV, A1, A26, A2, canaux, lignes haute-tension).
Les habitats naturels sont absents.
