La crête de Vimy
Vimy (comme Lorette,
Olhain, …) se situe sur
le rebord du plateau
d’Artois dont elle
constitue le rebord
escarpé septentrional.
Sa position en belvédère
surplombant, au Nord, le
Bas Pays a été considérée
comme stratégique sur le
plan militaire.
Le plateau artésien
s’abaisse doucement vers
le Sud pour atteindre 130
à 140 m. Il surplombe
d’environ 50 à 80 m la
vaste plaine de la Scarpe.
Le sous-sol est surtout
constitué de terrains
calcaires du crétacé
supérieur. Les couches
supérieures sédimentaires
sont constituées de
limons pléistocènes,
c’est à dire de la période
la plus ancienne du
quaternaire, sur les
plateaux agricoles. Ce
loess argilo-sabloneux,
d’épaisseur variable, a
d’ailleurs localement
été exploité pour la
confection de briques.
Dans le Bois de Vimy, on
rencontre les marnes du
Turonien moyen sur une
partie du plateau. Sur le
versant Nord-Est apparaît
la craie blanche à silex
dont l’épaisseur peut
atteindre 50 mètres.
La présence d’horizons
argileux imperméables
favorise l’engorgement
en eau et la formation de
sols hydromorphes. Sur la
crête de Vimy, la craie qui
affleure donne naissance
à des sols calcimorphes
plus filtrants : ce sont
des rendzines. On
trouve aussi des sols
bruns calcaires et des
sols lessivés acides sur
les sables et grès du
Landénien, ou encore
des dépressions humides
temporaires, nées des
anciennes tranchées de
la guerre 1914-1918
ou des trous de bombe
existent par endroits.
D’importantes plantations
ont eu lieu pour
commémorer les soldats
qui y sont morts.
Un paysage de transitions…
Sur le plan géographique et morphologique, ce Grand
paysage comporte deux entités très différenciées : les
belvédères artésiens constituent le rebord septentrional de
l’Artois et s’inscrivent, de ce fait, dans le Haut Pays ; le val de
Scarpe et le val de Sensée appartiennent déjà, au Bas Pays.
Sur le plan géomorphologique, l’Artois est un vaste plateau
d’origine anticlinale et constitue le rebord Nord du Bassin
parisien. Sur le plan topographique, les belvédères artésiens
sont caractérisés par de grands plateaux entrecoupés de
vallées. Ces hautes vallées appartiennent toutes au bassin-
versant de l’Escaut : toutefois, elles n’empruntent pas toutes
le même chemin : la Clarence et la Lawe vont rejoindre la Lys
et transitent par sa vaste plaine avant de rejoindre l’Escaut
loin en Belgique ; la haute vallée de la Deûle, son affluent, va
ensuite s’étaler et se fondre dans la Métropole lilloise ; enfin,
la Scarpe et la Sensée vont se jeter dans l’Escaut avant la
frontière belge.
Le plateau domine nettement les vallées de la Scarpe et de
la Sensée : son altitude oscille entre 130 et 180 m, tandis
que la plaine s’écoule autour de 50 à 70 m. Cette position de
belvédère du fait des escarpements puissants a été utilisée à
des fins militaires et bien des hommes ont laissé leur vie pour
maintenir une position stratégique sur les crêtes, devenues
tristement célèbres, de Lorette, Olhain, Vimy…
On distingue généralement trois grands ensembles
géologiques sur le plateau artésien soit, par ordre d’âge, les
dépôts superficiels (quaternaires), la couverture secondaire et
tertiaire et, enfin, le socle paléozoïque (primaire) qui, en raison
des recherches pétrolières et houillères, est relativement bien
connu. Le substrat crayeux du secondaire est recouvert par
une épaisse (jusqu’à 10 m) couche de limons quaternaires
résultant de l’accumulation de fines poussières éoliennes
(loess). Ces dépôts proviennent essentiellement de la région
Rhin-Meuse ou d’énormes quantités de matériaux ont été
soumises à l’action du vent et transportées sur de grandes
distances. C’est pour cela que les versants occidentaux des
vallées et vallons sont peu recouverts.
Les immenses surfaces recouvertes de limons sont surtout
agricoles. En effet, ces limons recouvrant les plateaux et les
pentes sont d’une grande fertilité. Le long des versants et
des vallées exposés aux vents dominants, la craie apparaît.
L’opposition qui existe entre les « bonnes terres » exposées
à l’Est et les « mauvaises terres » (« les blancs ») tournées
vers l’Ouest résulte de conditions géomorphologiques et
climatiques. Les terrains marneux du Turonien déterminent
les zones les plus humides, le plus souvent occupées par des
prairies ou des boisements.
La continuité du seuil de Bapaume se poursuit jusque dans le
Bas Pays. Ce secteur en raison de sa topographie plus basse
et des ondulations plus modestes de son relief a été une zone
de passage préférentiel depuis des siècles : cela se confirme
encore de nos jours avec la présence d’infrastructures
majeures (A1, A26, TGV). Sa mise en valeur agricole a été
également très précoce en raison du caractère très favorable
de son sous-sol : une importante couche de craie tertiaire
stockant de l’eau et une couche superficielle de limons
éoliens très fertiles et généralement bien drainants.
Le val de Scarpe et le val de Sensée ont dans leur parcours
artésien une orientation grosso modo NO-SE, liée à la
structure géomorphologique sous-jacente (jeu de blocs). Elles
obéissent ensuite uniquement à la topographie et partent à
la perpendiculaire, vers le NE, en direction de la mer du Nord.
Elles ont l’une et l’autre, grâce à leur évasement, leur fertilité
et la présence de l’eau, permis la colonisation en profondeur
du plateau artésien par l’urbanisation et l’industrie.