Un paysage européen
La Flandre intérieure, qui apparaît si aisément « bornée » au sein des paysages régionaux, appartient à un très vaste ensemble, qui vient s’éteindre en France, mais qui occupe de vastes espaces au royaume de Belgique.
Les doux vallonnements et la ligne des Monts sont présents des deux côtés de la frontière, proposant une indéniable continuité paysagère. Pourtant, législation et cultures révèlent peu à peu les différences : densité commerciale,dispersion de l’habitat
récent, etc…
La Flandre intérieure est sans conteste un paysage
clairement identifié, ou se mêlent la puissance évocatrice
d’une culture et sa réalité paysagère.
Lorsqu’il est prononcé, le mot Flandre convoque les monts,
les volets peints, les estaminets, les houblonnières…
Les paysages se « condensent » autour de la présence
d’un relief naturel, par opposition aux terrils édifiés de
main d’homme, relief qui constitue comme une colonne
vertébrale affleurant au ras de la plaine, comme la
gigantesque épine dorsale d’un dragon fossilisé. Mais
au-delà, quelles limites distinguer ? Les frontières
linguistiques gagnent la mer au Nord, s’ouvrent largement
à l’Est… Les frontières historiques courent jusqu’à la
Scarpe au Sud… Cependant la Flandre, lorsqu’elle est
« intérieure », c’est d’abord un bombé argileux entre des
plaines : la plaine wateringuée au Nord, la plaine de la Lys
au Sud et le marais audomarois à l’Ouest. Au beau milieu
de ces vastes étendues, la Flandre intérieure apparaît
comme une « cocagne du Nord », ou s’épanchent de
douces collines dardées de rayons clairs et lumineux.
Les limites septentrionales sont très marquées et pour
cause : la mer, avant de « s’enfuir de Bruges », recouvrait
jadis la vaste plaine et venait mourir sur le relief argileux
du Houtland. Il suffit pour avoir une idée de ce balcon
maritime de se rendre à Merckeghem ou à Pitgam d’ou
les vues sur la plaine sont proprement saisissantes,
s’étendant par beau temps jusqu’au cordon dunaire qui
protège la plaine d’aujourd’hui. Vers le Sud une curiosité
géographique, le « talus bordier » au relief moins marqué
qu’au Nord mais bien présent, sépare la Flandre de
la Plaine de la Lys. Ce talus peut parfois faussement
ressembler à des Monts, comme le Mont de Lille à
Bailleul.