Le Houtland occupe une position stratégique
entre le littoral, et son débouché maritime, et
l’agglomération lilloise devenue métropole. Depuis
des siècles, ces campagnes riches et grasses surent
bénéficier de ces bassins naturels d’écoulement
de leurs productions : drap, élevage, céréales et
légumes… Le Grand paysage connut même une
certaine industrialisation autour de son prestigieux
passé textile (rien de comparable cependant aux
campagnes cambrésiennes évoquées dans le
Grand paysage des Grands plateaux artésiens et
cambrésiens).
Dans ce contexte de dynamisme économique
qui semble courir, en dehors des nombreuses
périodes de guerre, du XIIIème siècle à nos jours,
l’acheminement des marchandises est un enjeu
majeur. Le Houtland n’ayant pas de canaux au
coeur de son territoire, il fallut bien s’appuyer sur la
route. Et des routes, le pays en possède, certaines
très anciennes comme ces voies rectilignes qui
rayonnent autour de Cassel et qui datent de
l’époque romaine. Au XIXème siècle, la Flandre
intérieure parvint à obtenir la réalisation de lignes de
chemins de fer permettant d’évacuer la production
agricole, entre autres de betteraves. Ces lignes ne
fonctionnèrent guère qu’un petit siècle… Car l’enjeu
des déplacements dépasse le modeste Houtland,
espace de passage entre deux pôles en fort
développement économique dans la première partie
du XXème siècle. C’est ainsi que le Grand paysage
régional est traversé par l’une des premières
autoroutes françaises, l’autoroute A25, qui unit Lille
à Dunkerque dès les années 1970.
Comment expliquer qu’il faut attendre la fin du XXème
siècle, pour que l’influence de cette infrastructure
devienne fortement sensible dans les paysages
flamands ? La raison est sans doute à rechercher
dans le contrecoup économique qui toucha le littoral
comme la métropole. Les premiers signes de reprise
se concentrèrent dans et aux abords des grandes
agglomérations.
Mais la fièvre gagne et les distances-temps
diminuent ! Les monts furent longtemps un jardin du
dimanche, ils deviennent aujourd’hui un jardin de tous
les jours… Avec une agriculture forte encore (une
ville comme Bailleul comptait encore une centaine
d’agriculteurs à la fin des années 1990), mais
souffrante, le Houtland est à l’aube d’une nouvelle
mutation, sans doute plus profonde que celle qui le
touchât après la seconde guerre mondiale.
La Flandre avait opéré une mutation agricole qui
l’inscrivait dans le mouvement de l’intensification
impulsé, en partie, par la politique agricole
commune développée au niveau européen. Quelles
orientations agricoles promouvoir aujourd’hui ?
Comment résister aux tentatives de conquête des
agriculteurs belges tellement offensifs ? Quelle
modernité pour la Flandre, terre d’élevage ? Et
comment - fait nouveau par son ampleur - articuler
« l’éternité rurale » aux impératifs du développement
urbain ? Avec son habitat dispersé, la qualité de son
patrimoine et par là même de son cadre de vie, le
Houtland connaît et connaîtra une pression sans
cesse croissante, véritable chance ou fléau absolu
pour son agriculture !
