Avec les châteaux…
Le patrimoine
domestique remarquable
ne se limite pas aux
châteaux.
Le territoire est
également riche des
manoirs, grosses
demeures bourgeoises
et fermes aux allures de
forteresses…
Terre de châteaux, le Ternois recèle de nombreux témoins
d’une histoire particulièrement propice à la construction de
ces bâtisses d’exception !
Les châteaux visibles aujourd’hui datent pour la très grande
majorité du XVIIIe et du XIXe siècles et ne constituent
qu’une infime partie de « la production locale ».
Très longuement disputé par des dominations de toutes
origines, le Ternois a quasiment inspiré tous les styles
de château, allant de la mode féodale au château
renaissance.
Le château de Bours en demeure le plus ancien héritage,
fier de son donjon flanqué de ses six tourelles de grès,
couvertes d’ardoises. Ce château-fort du XIIe et XIIIe
siècles, classé monument historique depuis 1946, est un
témoin unique dans notre région.
Les autres châteaux médiévaux de ce secteur n’ont pas
résisté aux discordes des Français et des Espagnols.
Réduits à l’état de ruines, ces ouvrages de défense
implantés sur des sites choisis pour leurs qualités
physiques (relief, position dans le domaine, proximité de
l’eau…) connaissent très souvent une reconversion plus
« figurative » au XVIIIe siècle. Durant cette époque plus
calme et très prospère pour le Ternois, la noblesse se
lance dans une production architecturale toujours plus
ambitieuse.
Construit sur les ruines d’un château d’antan, hérité d’une
abbaye, ou implanté au sein d’une nouvelle propriété, la
construction des châteaux du Ternois s’égraine sur environ
200 ans du milieu du XVIIe au milieu du XIXe siècle. Passé
du « défensif » au « paraître », le château s’ouvre très
largement sur l’extérieur et s’entoure d’un jardin composé
avec le bâti. Lieu de vie et de représentation, le château
du XVIIIe siècle abandonne ses murailles massives pour
répondre aux ordonnances de la composition classique.
Composition symétrique, rythme des ouvertures, effets
d’horizontalité et de verticalité, matériaux issus des
carrières de pierres calcaires et des briqueteries de terre
cuite caractérisent ces constructions. Les lambris, le stuc,
le marbre des cheminées et les escaliers majestueux
« anoblissent » l’intérieur, tandis que les allées, les
parterres et les fontaineries donnent l’écho à l’extérieur.
Détruits en partie pour les uns durant les deux guerres
mondiales, remaniés pour les autres, ces châteaux
« stratifient » l’histoire du Ternois et de ses franges
immédiates ou plus lointaines.
Le château de Flore à Humeroeuille, le château d’Estruval
à Le Parc, le château de Berlencourt à Le Cauroy et ceux
de Forestel, de Chelers, d’Evin, de Fontaine les Boulans de
Verchin, de Tramecourt, de Brias, de Frévent, de Hermaville,
de Hautecloque, de Flers, de Grand Rullecourt… ponctuent
ce Grand paysage régional.
Majoritairement privés, les châteaux fascinent et
questionnent… Témoins d’une époque révolue, ces
demeures conjuguent valeur patrimoniale et totale
inadéquation avec les modes de vie contemporains.
Synonyme de gouffre financier et d’une manière d’habiter
qui n’est plus, « cette vie de château » masque très souvent,
une grande fragilité et un nouveau souffle à inventer, pour
faire perdurer ce patrimoine en « désuétude ».