Le Ternois apparaît comme une déclinaison singulière des
paysages artésiens. Au sein de la famille nombreuse qui
traverse de part en part le département du Pas-de-Calais,
le Ternois est un enfant sage, malgré la tenaille de ses deux
grandes vallées : la Canche au Sud et la Ternoise au Nord.
Ce Grand paysage régional tire de son relatif isolement
une image de havre de paix qui fait référence dans le
Nord - Pas-de-Calais. Dans les vallées et sur les plateaux,
les villages et leurs couronnes bocagères composent un
paysage très équilibré ou le temps s’écoule sensiblement
en dessinant et redessinant ombres et lumières.
Les limites extérieures de ce grand paysage sont
suffisamment nettes pour qu’il ne soit pas qu’un continuum,
l’élément d’une longue transition entre les plaines cultivées
du Cambrésis et le bocage du Boulonnais. La vaste vallée
de l’Authie et les balcons de l’Artois, avec ses vues sur
le bassin minier, le délimitent clairement au Sud et au
Nord. Il faut en revanche faire preuve d’un certain sens de
l’observation pour en cerner la limite Est, tant la continuité
visuelle avec les plateaux cambrésiens est grande.
Pourtant, dans l’infime succession des gradients vers les
terres plus pauvres de l’Ouest, le Ternois marque une
étape, suffisamment longue pour que s’installe un paysage.
Insensiblement, les cultures changent, laissant deviner
une terre plus lourde. Les labours cèdent de plus en plus
souvent la place aux herbages, même sur les hauteurs.
La pluie est plus fréquente, le froid pince davantage. Au
Nord-Ouest, les plateaux du Haut-Artois - verdoyants
sous la lumière - imprimeront une nuance plus agreste
à ces grands espaces artésiens. l’Ouest, enfin, c’est la
rythmique accélérée des vallées affluentes de la Canche
qui marque le passage du Ternois au Montreuillois.