Peu de Grands paysages régionaux présentent 47% de
leur sol en herbe ou en forêt ! Avec 31% d’herbages, le
Boulonnais est bien ce pays bocager, préservé au creux
de l’échancrure du relief de la boutonnière. Mais, rares
également sont les Grands paysages régionaux pour
lesquels la carte d’occupation des sols est à ce point
« décevante », puisqu’elle ne permet guère de deviner la
structure secrète de ces paysages.
La partie Sud des paysages boulonnais est d’une grande
homogénéité. En dehors de Samer ou de Desvres, l’habitat
apparaît aussi diffus que les prairies, les champs ou les
petits bois. Cette marqueterie fine d’usage des sols est
émaillée en partie centrale par les deux grandes forêts
domaniales : forêt de Boulogne et forêt de Desvres. Quelles
sont donc les logiques géographiques ou agronomiques
qui justifient la place respective de l’herbe, du labour et
du bois ? Les innombrables petits vallons, les lisières
forestières, les abords des villages et des fermes semblent
mieux attirer l’herbe et avec elle les bois. Tandis que les
sommets, les pentes ensoleillées au pied de la cuesta et
les rares solitudes se parent des sillons des labours. Mais
qu’en est-il des haies arborées ou basses et taillées ?
Les haies ne sont pas analysées par la présente photo-
interprétation. Invisibles depuis les hautes sphères des
satellites, elles composent cependant une part essentielle
du champ visuel !
L’extrême découpage des taches prairiales apparaît dès
lors comme le signe unique d’un paysage que les cartes
parviennent mal à saisir. Comme si la profusion -de reliefs,
d’arbres, de maisons, de haies, de ruisseaux, etc.- et
aussi l’évolution de chacune des parties de ce tout avaient
irrémédiablement découragé le cartographe.
Au Nord du Grand paysage régional du Boulonnais, la
part des labours augmente, jusqu’à atteindre 45%, et l’on
retrouve la traditionnelle organisation structurelle en vallée
et en plateau autour de la vallée du Wimereux et de celle
de la Slack. Le bocage n’a pas disparu pour autant, mais sa
force d’expression s’est amoindrie à mesure que la part des
cultures augmentait.
La place des carrières, avec 11% d’occupation du sol des
paysages du Bassin carrier, est le fait marquant de cette
zone. Avec 7 kilomètres de long et 5 de large, le bassin
carrier est un puissant générateur de paysage. En amont
de Marquise, la vallée de la Slack offre des paysages
urbains et industriels tournés vers l’exploitation de ce
marbre célèbre bien au-delà des frontières régionales. La
ville, l’industrie, les carrières couvrent près du quart du sol
de cette partie Nord du Boulonnais, qui apparaît pourtant
comme l’un des secteurs les plus ruraux du Nord - Pas-de-
Calais !
ce titre, les nombreuses bien que de modestes emprises
industrielles très dispersées dans l’ensemble du Grand
paysage régional rappellent, à qui souhaiterait l’oublier, que
de Desvres à Samer, de Rinxent à Saint-Martin-Boulogne,
de la vallée de la Liane à celle de la Slack, le Boulonnais est
une terre plus complexe qu’il n’y paraît. Une terre d’herbe
sans doute, mais aussi une terre qui parle et crée avec son
sous-sol.