Fraternités Paysagères
Le Kent et le Boulonnais correspondent aux deux extrémités d’une seule et même boutonnière (et l’on comprend enfin le terme de boutonnière qui en l’absence de cette explication pouvait laisser penser que les géographes avaient besoin d’une leçon de couture !).
Cette boutonnière a été coupée en deux, il y a 8 000 ans par le détroit du Pas de Calais. Les paysages du Kent bénéficient d’une forte renommée nationale et internationale, ainsi peut-on lire : « Le Kent est le paysage anglais par excellence : collines ondulées, vallées boisées, vergers et vignes mais aussi châteaux et jardins splendides et nombreuses demeures historiques. » (Source : site internet de promotion touristique du Kent)
Le jumeau paysager semble avoir capté tout le prestige !
Le Boulonnais ne peut être abordé sans quelques
concessions au vocabulaire des géographes : la
« boutonnière » bordée d’une « cuesta » définissant un pays
« d’enclosure »… Les secrets cachés derrière ces mots font-
ils écho au caractère secret de ces paysages bocagers ?
Du point de vue de ses limites, le Grand paysage régional
du Boulonnais peut s’enorgueillir d’une plus grande lisibilité
à l’échelle de la région tout entière. Dès la première
phase d’analyse des paysages, les paysages boulonnais
bénéficiaient d’une reconnaissance incontestée dans leur
description comme dans leur localisation géographique.
Le Boulonnais est un ensemble bocager, délimité, voire
« enfermé », dans un système de fortes pentes - la cuesta - en
forme de triangle ouvert sur la mer. Avec leur bocage très
prégnant et leurs bois, les paysages Boulonnais tranchent
donc de manière radicale par rapport aux paysages voisins,
avec leurs hauts plateaux soumis à tous les vents. Trois
Grands paysages régionaux voisinent, en effet, au-delà
de la ceinture de murailles : au Nord, les paysages des
Coteaux calaisiens et du Pays de Licques, à l’Est, le
paysage du Haut pays d’Artois, et au Sud, les paysages
Montreuillois. l’Ouest en revanche, la limite apparaît
moins tranchée, bien qu’il existe une certaine rupture entre
les paysages du littoral et ceux de l’arrière-pays. Cela n’est
pas seulement dû à l’inévitable opposition entre la ville et
la campagne. Une ligne de « monts » - il serait plus exact de
parler de petites collines - implantée Nord/Sud, sépare en
effet efficacement les paysages des Falaises d’Opale de
ceux du Boulonnais. La limite n’est certes pas très nette ni
constante, mais l’impact visuel est d’autant plus important
que les monts ouvrent de larges fenêtres sur la mer et
donnent à voir en surplomb la présence de la ville.