S’élever et comprendre
Le site de Montreuil,
malgré une
topographie naturelle
singulièrement
favorable à la
fortification, ne se
livre pas aisément aux
regards des simples
promeneurs. En effet,
les vues lointaines et
dégagées sont rares.,
en particulier au Sud
du côté de la vallée
de la Canche. Le
marcheur appréhende
les lieux très
frontalement ; tandis
que l’oiseau découvre
l’ampleur des
ouvrages et l’audace
d’une fortification qui
dialoguent avec un
site.
Deux thèmes principaux semblent avoir retenu l’inspiration
des artistes venus exercer à Montreuil-sur-Mer et dans
les environs : la ville elle-même et ses fortifications et le
bucolisme des campagnes et villages alentours.
Pour la première, il s’agit surtout de dessins et de
gravures, parfois fort anciennes, qui montrent la ville
perchée et ceinturée de pierre, sur la défensive mais
néanmoins vivante et animée. Ces images témoignent
de la fierté d’un pays pour une oeuvre qui mobilisa des
générations entières ; elles portent également un message
d’affirmation guerrière : « regardez-moi, je ne suis pas à
prendre ! ». Victor Hugo y planta le décor de la première
partie des « misérables ».
Éoliennes et paysages
Le développement
des éoliennes suscite
d’importants débats
dans la société française,
opposant défenseurs d’une
énergie renouvelable et
partisans d’une prise en
compte des paysages. Les
dimensions de géants
de ces moulins du 3e
millénaire (nouveaux
personnages dans notre
société allant jusqu’à
12 mètres de hauteur)
transforment certains
paysages et peuvent les
mettre à mal. Ils écrasent
de leurs hautes silhouettes
ces paysages de la nuance
et de la délicatesse .
Les paysages de la mesure,
comme le sont ceux
du Montreuillois, sont
particulièrement sensibles
à ces impacts.
Le bucolisme du 19e siècle rompt vivement avec les images
des époques précédentes. Les couleurs explosent, les
places de marchés fourmillent, les paysages resplendissent
sous une lumière forte… Ces oeuvres renvoient une image
très riante de la vie de ces campagnes, et montrent une
fascination pour la fraîcheur et la sérénité joyeuse des
lieux. La végétation comme l’architecture sont restituées
avec une vivacité de tons exceptionnels : les murs blanchis
à la chaux éclatent de lumière, les toitures rouges vibrent
au soleil, les houppiers des arbres emplissent l’espace de
la toile, l’eau et le ciel amplifient l’espace, etc.
Finalement, l’association des images, en temps de paix
comme en temps de guerre, évoque l’aisance et la sécurité.
Les paysages du Montreuillois semblent dotés d’une force
intérieure impérieuse et néanmoins délicate, qui rejaillit
sur tous ceux qui tentent d’en fixer la nature. Quand bien
même l’ampleur de la vallée et l’intensité historique n’ont
rien à voir, les paysages des bords de Canche peuvent
évoquer ceux du val de Loire, ceux de la « douce France ».