Une agriculture « intra-urbaine »
L’agriculture périurbaine est
objet de recherches, de débats,
de politiques. Les paysages
miniers, marqués par une
imbrication d’usages, présentent
une forme particulière de
cette agriculture, en dialogue
quotidien avec la ville et ses
habitants. Des prairies qui ne
sont plus grasses voient paître
quelques brebis, des chevaux ;
les jardins semblent grignoter
des parcelles labourées ; des
productions vivrières sont
clôturées… Cette agriculture
est un élément majeur de
la diversité et des équilibres
paysagers en pays miniers.
La terre porte des fruits, elle
nourrit, elle permet toutes les
transplantations, l’expression de
la diversité des cultures.
La carte de 1950 ci-contre illustre bien « l’à peu près » de
la superposition entre la zone de contact entre les deux
grandes familles de paysages régionaux (Haut et Bas Pays)
et le bassin minier. La rupture géologique qui voit s’éteindre
les grands plateaux calcaires dans les vallées humides de
la Scarpe et de la Lys semble jouer de connivence avec le
filon carbonifère souterrain. Ainsi, le Sud du Bassin minier
montre des villages groupés, petites îles dans les labours ;
tandis que le Nord du bassin montre d’innombrables tracés
en quadrillage ponctués de maison… La ville minière
éclatée centrale apparaît alors comme une limite.
Avant la mine, l’agriculture occupait ces territoires variant
visages et productions au gré des sols, des spécificités
territoriales. Il y a là un parallèle entre le Bassin minier et la
Métrople lilloise, qui en « recouvrant » des paysages ruraux
ne les firent cependant pas complètement disparaître.
Ainsi, existe-t-il des campagnes minières basses : vallée
de l’Escaut, plaine de la Scarpe et des campagnes
minières hautes : plateau lensois, marches de l’Artois juste
au-dessus de la plaine de la Lys. Les franges minières
sont donc d’une grande variété : les terrils émergeant des
blés ou étant enfouis dans la végétation ! Le bassin minier
nordiste confronte le plus souvent son bassin minier à des
milieux humides ou forestiers. La mine joue avec l’eau, les
arbres, les prairies… Dans le Pas-de-Calais, l’ouverture
prime davantage. Les horizons lointains révèlent une
ponctuation de terrils, qui bleuissent dans le lointain.
La structure urbaine du bassin, discontinue par essence,
garde en son sein de nombreuses « enclaves » agricoles.
On parle souvent d’agriculture périurbaine, mais ici le terme
devrait être intra-urbaine. Une parcelle entre deux cités,
une ferme entre terril et carreau, des jardins potagers avant
quelques labours… Cette agriculture se décline à plusieurs
échelles : entre les quatre principales polarités du bassin
minier, entre les villes et enfin entre les cités. L’ensemble
de ces parcelles agricoles constituent une richesse
importante : elles ancrent le bassin dans son histoire et sa
géographie tout en offrant à ses habitants des espaces de
respiration, ne serait-ce que visuelle.