Éléments forts de composition
– Une unité fonctionnelle
: la mine ; mais, une
infinité de déclinaisons
paysagères
– Une grande intimité
entre paysages ruraux
sous-jacents et paysages
urbains post-miniers
contemporains
– Un réseau urbain
fédérant cinq des
grandes villes régionales
: Valenciennes, Douai,
Lens, Béthune et Bruay-
la-Buissière,
– Une richesse
patrimoniale de
très large spectre :
patrimoine naturel,
architectural,
urbanistique,
ethnographique, etc…
– Une irrigation par
toutes les voies d’eau
régionales et par de très
nombreuses routes et
autoroutes
Bassin valenciennois
Dans le Valenciennois, le bassin minier bénéficie d’une colonne
vertébrale structurelle : l’Escaut. Le fleuve, entre Roeulx et
Condé-sur-l’Escaut, traverse 25 kilomètres d’une ville industrielle
continue, mais complexe, hétéroclite. L’histoire paysagère et
urbaine du Valenciennois commence bien avant la découverte
du charbon à la fin du XVIIIème siècle. Valenciennes est une ville
drapière, joyau architectural sur le cours d’un fleuve essentiel
dans l’Europe du Nord. La ville entre forêt, vallée-plaine de
l’Escaut et riches terres à labours du Sud ne manque de rien ;
tandis que Condé-sur-l’Escaut protège la frontière. Le fleuve,
avant l’explosion du rail et même au-delà, est le moyen de
transport souverain pour un matériau lourd mais non périssable
comme le charbon. L’industrialisation aux abords du fleuve a
dépassé la ville de Condé pour remonter jusqu’à Mortagne-du-
Nord ; et il est remarquable de noter combien cette partie du
cours de l’Escaut paraît paisible et rurale aujourd’hui. Avant que
les cheminées n’envahissent le paysage, les bords de l’Escaut
devaient avoir cet aspect champêtre, prairial et ouvert. Au Sud
de Valenciennes, le fleuve traverse des terres calcaires et s’y
creuse une vallée légèrement encaissée. Au Nord, commençent
les plaines argileuses au sein desquelles le fleuve semble perdre
son chemin. Les paysages urbains miniers et industriels sont
empreints de cette géographie sous-jacente. Lourches, Denain,Douchy-les-Mines, Trith-Saint-Léger, Anzin accompagnent les
coteaux de l’Escaut aux lignes bien plus douces que celles des
terrils. Tandis que Fresnes-sur-Escaut, Escautpont, Bruay-sur-
l’Escaut, Beuvrages ou Raismes sont des villes de marais et des
villes forestières. Cette composante est toute singulière dans le
bassin minier du Nord - Pas-de-Calais.
La découverte du bassin minier du Valenciennois appelle toutes
les vitesses de déplacement. Sur l’autoroute A 2 en amont de
Valenciennes, le Denaisis offre ses paysages ou la terre entière
semble avoir été retournée. La RD 935 entre Valenciennes et
Condé permet d’appréhender le tissu urbain minier le long d’une
de ces voies très larges qu’empruntaient des tramways. Mais
c’est l’ancien cavalier de mine de Somain à Péruwelz qui, en
vélo ou à pied, permet de pénétrer le territoire forestier autant
que minier de la lisière Sud de la forêt de Raismes-Saint-Amand-
Wallers. Sur la RD 40, il est intéressant de découvrir et d’arpenter
les cités minières de Denain, d’Haveluy et d’Aremberg (commune
de Wallers).
Bassin douaisien
Le Bassin minier du Douaisis est peut-être le plus complexe
de tous, c’est-à-dire le moins unifié soit par la géographie
– comme dans le Bassin minier valenciennois – soit par une
relative homogénéité historique, comme dans le Pas-de-Calais.
Douai en premier lieu n’est pas une ville minière, c’est une ville
administrative, riche de son passé de capitale. Le Douaisis est
par ailleurs situé sur une charnière géographique entre le Haut et
le Bas Pays, charnière dont l’appréhension est compliquée par le
« recouvrement minier ». l’Est, le Bassin s’inscrit à cheval entre
les vastes terres céréalières et les herbages de la plaine alluviale
de la Scarpe. Les paysages miniers mêlent terrils et milieux
humides, grandes cultures et carreaux, fermes et corons. Les
communes de Somain, Aniche, ou encore Lewarde, ponctuent
les plaines calcaires du Haut Pays ; tandis que Fenain, Rieulay,
Pecquencourt, ou encore Lallaing, flirtent avec la plaine et ses
lignes d’eau. Au Nord, le Bassin minier s’attache au cours de
la Deûle. Oignies, Libercourt, Ostricourt, etc. représentent une
avancée du Bassin vers le Nord, qui vient border la métropole
lilloise, tandis que la forêt de Phalempin marque la limite Est
du Bassin. Au Sud-Ouest, la vallée de la Scarpe propose une
variante plus industrielle que minière. La Scarpe entre Vitry-en-
Artois et Courchelette présente un cours artificiel créé au Moyen-
Âge pour rendre possible la navigation entre Arras et Douai,
reliant cette dernière à tout le dispositif fluvial du Bas Pays. Enfin,
au Nord-Ouest de l’agglomération douaisienne, le Bassin minier
poursuit son long itinéraire vers Béthune.
La découverte du Bassin minier douaisien est aussi délicate
que sa description. La rocade minière qui le traverse d’Est en
Ouest n’offre d’ailleurs pas le panorama attendu en raison d’une
certaine tendance à la végétalisation de ses abords. Mais, les
choses changent et le Bassin minier ne semble plus devoir se
voiler la face à lui-même. Dès lors, les itinéraires dilettantes
apparaissent plus propres à confronter une réalité extrêmement
diversifiée avec l’image stéréotypée des pays miniers. La RD 957
permet une perception « en coupe » des plateaux vers la plaine
de la Scarpe. La RD 13 traverse les marais de Dechy. La RD 54
coupe la forêt de Phalempin et aboutit sur la cité minière du Bois
Saint-Éloi. Entre Brebières et Vitry, les bord du canal de la Scarpe
ou la RN 50 permettent de franchir la très modeste colline qui
séparaient les deux bassins hydrauliques. Tout ceci sans omettre
la promenade au sein même de la ville de Douai, seule ville
régionale à proposer une si belle union entre l’eau et la ville.
Bassin lensois
Le Bassin minier autour de Lens est le plus proche de l’image
d’Épinal du Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais. Aux
approximations près c’est un bassin « homogène », largement
reconstruit et conforté après la première guerre mondiale.
L’architecture minière y semble à son niveau maximum
d’uniformité et de perfectionnement, de densité également. Car
le Bassin minier Lensois repousse la campagne à ses portes ;
il n’y a plus ici les inclusions rurales si nombreuses dans le
département du Nord. De Hénin-Beaumont à Bully-les-Mines en
passant par Lens, de Liévin à Harnes, la ville minière tisse son
réseau de cités et d’anciens carreaux. Ici, les vides sont apparus
avec la fin de l’exploitation. Vingt kilomètres d’Est en Ouest d’un
territoire urbain aussi important que celui de l’agglomération
métropolitaine. Moins de dix kilomètres du Nord au Sud d’un pays
minier fort des plus forts symboles de la région : terril magnifique
des bord de l’A1, véritable repère identitaire, fosse du 11/19,
etc. Ce Bassin est également le seul qui se soit développé sans
ville historique antérieure ; ce n’est pas faire injure à Lens que
de qualifier la commune de bourgade rurale avant l’explosion
minière. Ce Bassin s’est ainsi étendu comme une culture
nouvelle, chassant toutes les autres, sans gènes ni entraves.
Seules les collines d’Artois marquent au Sud-Ouest une limite
géographique sensible, comme si elles étaient parvenues à
arrêter la vague.
C’est ainsi que le Bassin minier lensois peut être découvert d’un
peu plus haut que les hauteurs de terrils ! Sur les hauteurs de
Vimy ou de Notre-Dame-de-Lorette, la ville minière se révèle
dans toute son étendue et son verdoiement quand toutes les
représentations d’hier sont de flammes et de fumées. Pour
découvrir ces paysages, l’A 21 est encore une fois le chemin le
plus court mais sans doute pas le plus riche. Suivant un réseau
en étoile assez bien marqué au Nord, les entrées dans Lens
orchestrent assez bien le passage progressif de la campagne
à une ville minière encore un peu lâche puis complètement
continue. Au Sud, des voies comme la RD 919 témoignent de
l’incroyable netteté du trait qui sépare encore communes rurales
et communes minières ; l’exemple d’une commune comme
Rouvroy avec son bourg ancien « rural » et sa centralité « minière »
témoigne de cette frontière singulièrement tranchée.
Bassin bruaysien et béthunois
Ce Bassin minier est très marqué par la géographie singulière
de l’Artois et de ses marches. Cent cinquante mètres d’altitude
séparent les hauteurs non minières de Diéval et la plaine de la
Lys au pied de Béthune. Cent cinquante mètres franchis en deux
étapes, la première semble caler le Bassin minier au Sud-Ouest,
la seconde la ville de Béthune. Entre les deux, l’agglomération
bruyaisienne tisse son drap en incluant plaines cultivées et
massifs forestiers (Bois des Dames, Bois du Maréquet). Sains-
en-Gohelle, Noeux-les-Mines, Barlin… sont dans la continuité
du Bassin lensois, la densité en moins. Ici, la campagne cultive
encore ses champs au ras des clôtures des jardinets des cités.
Ici, les terrils voisinent avec les labours, les boisements. Bruay,
Calonne-Ricouart et Auchel sont, à l’extrémité occidentale du
Bassin minier, des villes denses et compactes. La ville y est
dessinée, courbes et droites se succèdent, s’enchevêtrent en un
réseau de cités aux dimensions plus vastes, aux programmes
urbains plus composés. Ce Bassin minier est également plus
indépendant du réseau des canaux. Lens, la petite rivière a été
recreusée en canal pour rejoindre la Deûle. Dans le Douaisis et le
Valenciennois, les grands canaux historiques préexistaient. Dans
le Bruaysis, la Lys est assez loin, dix kilomètres environ. Béthune
n’est d’ailleurs pas exactement une ville minière. La ville s’est
implantée en bord de plaine profitant de sa position charnière
entre territoire humide de la Lys et terres à blé ; comme pour
Valenciennes, c’est davantage l’industrie textile qui fait connaître
la ville avant la découverte du charbon.
Découvrir le Bassin minier du Bruaysis et du Béthunois, c’est
une fois de plus privilégier la direction Nord/Sud à la direction
principale des veines de charbon. La RN 41 propose d’emprunter
l’escalier évoqué ci-dessus. Mais, cette direction oblitère un
système très ancien, préalable au système minier, un système
Sud-Est/Nord-Ouest qui longe la plaine de la Lys, impraticable
l’hiver il y a encore un siècle. La RN 43 (entre La Bassée et
Lillers), la RD 341 (ancienne voie romaine située bien plus haut)
et encore l’A 26 appartiennent à ce système.