Les tourbières et les tremblants
Les tourbières sont des
milieux en constante
évolution. C’est
l’accumulation de détritus,
issus de certaines mousses
(sphaignes) qui forme la
tourbe. L’eau, acide et
pauvre en azote, ne permet
pas leur minéralisation :
ces particules restent donc
végétales pendant des
siècles…
Une tourbière met
plusieurs milliers d’années
avant d’immanquablement
se combler et évoluer vers
un haut-marais, turfigène
(qui produit de la tourbe)
et plus sec. Les plus
anciennes sont issues de
la dernière glaciation, il y a
12 000 ans, mais d’autres
sont plus récentes et sont
à un stade d’évolution plus
précoce.
Les formations les plus
spectaculaires sont les
prairies flottantes ou
tremblantes composées de
sphaignes et de cypéracées.
Cette végétation se forme
en colonisant les étangs
et mares (formation
limnogène).
Certaines ont été
exploitées artisanalement
pour la confection de blocs
de tourbe (briquettes).
L’essor de la houille et du
charbon de bois a signé la
fin de ces exploitations.
De nombreuses espèces
végétales (dont les
droséras, des plantes
carnivores) et animales,
présentes uniquement dans
ces milieux y vivent et sont
inscrites au livre rouge
des espèces menacées en
France.
Ces milieux sont très
dangereux : un homme
peut être englouti en
quelques secondes !
Leurs divers intérêts
(géomorphologique,
écologique, culturel,
hydraulique, floristique,
faunistique…) font des
tourbières des sites à
protéger en priorité. En
outre, par leurs propriétés
d’éponges immenses, les
sols tourbeux captent
d’énormes quantités
d’eau et la restituent
progressivement. Ils
participent ainsi à la
limitation des crues et à
la réduction de l’étiage en
été.
Un paysage créé par l’eau…
Lorsque l’on regarde une carte à moyenne échelle ou une
photographie aérienne, on est frappé par le caractère organisé et
régulier des fleuves côtiers du littoral depuis la Haute Normandie
jusqu’au Pas-de-Calais : la Bresle, la Somme, l’Authie et enfin
la Canche présentent des cours strictement parallèles. C’est
la géologie et la géomorphologie qui ont présidé à la mise en
place de ces formes majeures de relief. L’infrastructure de base
est simple et rigoureuse. Le bombement anticlinal artésien a
créé un soulèvement du plateau calcaire. La structure de base
est caractérisée par une mosaïque de blocs délimités par des
failles qui forment un réseau quadrillé complexe ou dominent les
directions NO-SE et SO-NE. Le jeu des failles et des pendages
a ensuite aidé au découpage par les rivières. L’Authie, du fait de
la proximité de la Canche et de la Somme, n’a pas développé un
bassin-versant très large, typiquement ovoïde. Il est au contraire
allongé et coincé entre ceux plus étendus de la Somme et de
la Canche. Le débit de l’Authie, intermédiaire entre celui de ses
deux jumelles, est toutefois assuré par le linéaire important et la
profondeur de la partie amont. Les débits à l’embouchure des trois
principaux fleuves côtiers de type picard sont de 30 m3 pour la
Somme, 15 m3 pour l’Authie et 10 m3 pour la Canche. Ils sont
modestes en comparaison des autres grands fleuves français
dont les débits se mesurent en centaines de m3.
Dans la vallée de l’Authie, c’est la géologie et la géomorphologie
qui ont dessiné les paysages : l’Homme par son travail séculaire
n’a pu faire que les finitions. Malgré son cours puissant, l’Authie
obéit elle-même à une géométrie globale commandée par la
structure du sous-sol : elle suit une orientation Sud-Est / Nord-
Ouest strictement parallèle aux cours de la Canche et de la
Somme pour aller se jeter dans la Manche à Berck. Elle a entaillé
sa vallée de manière remarquablement plane et régulière.
L’Authie, en entaillant très profondément le plateau artésien a créé
des entités écopaysagères très marquées :
– un plateau calcaire perché autour de 100 à 160 m s’étend
au Nord et au Sud du fleuve ;
– ce plateau est découpé par les vallées encaissées au
cours perpendiculaire et rectiligne des affluents de l’Authie,
la plupart de ces vallées étant sèches au moins une partie
de l’année ; un réseau de versants crayeux plus ou moins
escarpés et festonnés s’est ainsi constitué ;
– enfin, le fond de la vallée de l’Authie a été recouvert par une
épaisse couche d’alluvions, voire de tourbes localement.
L’altitude du plateau décline régulièrement depuis le pays de
Doullens (point culminant à 163 m) vers les Bas-Champs picards
(moins de 40 m).
La vallée de l’Authie s’évase imperceptiblement de l’Est vers
l’Ouest en s’approchant de la mer. En aval elle va se perdre dans
les polders maritimes de la plaine picarde avant de finir sa course
dans la Manche. Elle possède une pente très réduite, en moyenne
0,6 mètre pour mille.
Du fait de l’importance du marnage, le volume d’eau de mer qui
pénètre dans l’estuaire est très important, ce qui se traduit par une
faible dessalure des eaux de la baie et une intrusion marine qui
remonte très profondément vers l’amont ou s’effectue le mélange
avec l’eau douce. Le débit de l’Authie, à l’instar de celui de la
Canche, reste constant tout au long de l’année. On voit couler
les cours d’eau, même après des semaines sans pluie : le débit
provient alors uniquement des nappes et notamment des grandes
nappes de plateau, dont les réserves sont énormes. Ces nappes
profondes rechargent par dessous les nappes alluviales, qui elles-
mêmes transfèrent l’eau vers le cours d’eau.