La forêt d’Eperlecques
Aux confins de trois
grandes régions naturelles
(Flandre intérieure, Flandre
maritime et Artois), la forêt
d’Eperlecques souligne
les premières ondulations
du plateau d’Artois. Elle
s’étend entre les vallées de
la Hem et de l’Aa canalisée.
L’ensemble du massif boisé
se présente comme une
alternance de croupes et
de vallons de direction
Nord-Sud : certains
de ces vallons sont
parcourus de ruisseaux
temporaires au débit
très irrégulier. La Forêt
d’Eperlecques repose en
fait sur des argiles et des
formations résiduelles à
silex qui la différencient
totalement de la forêt de
Tournehem, pourtant très
proche. Cette géologie
particulière explique bien
l’originalité des végétations
forestières rencontrées :
hêtraie-chênaie sessiliflore
acidophile à Houx
et chênaie-charmaie
acidocline voire chênaie-
frênaie sur sols hygrophiles.
Cet ensemble recouvre trois entités écopaysagères bien
distinctes :
– les collines guînoises constituent le rebord septentrional de
l’Artois ;
– l’entité de Brédenarde appartient clairement à la
plaine maritime flamande sur le plan morphologique et
écologique ;
– enfin, la cuvette de Licques se distingue également
aisément dans le paysage.
Ce grand paysage est représentatif de la partie
septentrionale du plateau calcaire de l’Artois, au caractère
atlantique marqué malgré la présence d’éléments floristiques
plus continentaux. Ceux-ci témoignent de conditions
microclimatiques contrastées du fait d’un relief relativement
accidenté et d’altitudes dépassant fréquemment 150 m.
Avec 13 à 22 % de surfaces boisées, cette entité paysagère
montre un taux de boisement nettement supérieur à la
moyenne régionale. Les grands bois sont la plupart du temps
sur des placages de sols peu fertiles et en rebord de plateau
d’Artois en belvédère au-dessus de la plaine maritime. On
peut citer la forêt de Guînes, la forêt de Tournehem et la
forêt d’Éperlecques.
Les forêts domaniales représentent d’importants massifs
boisés, abritant des habitats forestiers essentiellement
neutroclines à neutrocalcicoles, typiques des craies
sénoniennes et turoniennes coiffées de limons argilo-sableux
sur les plateaux et les versants peu pentus. Ces habitats
forestiers présentent différentes sous-associations et
variantes écologiques, ainsi que des sylvofaciès diversifiés.
Traitées principalement en futaie équienne dominée par
le Hêtre, les forêts domaniales conservent encore de
nombreuses parcelles de taillis, taillis-sous-futaie et futaies
d’âges divers avec sous-bois arbustif plus ou moins dense.
La forêt de Tournehem
Aux confins de l’ancien
Comté d’Artois, la Forêt
de Tournehem ne forme un
seul grand massif boisé que
depuis 1828. Auparavant,
la partie Nord-Est était
rattachée au château de
Tournehem et la partie Sud-
Ouest dépendait de l’abbaye
de Blendecques.
C’est une forêt relativement
homogène dans la nature
de ses sols mais très
mouvementée quant à
son relief. Parsemée d’une
multitude d’anciennes
carrières de craie
aujourd’hui reboisées, elle
présente en de nombreux
secteurs une topographie
en bosses et en creux
tout à fait particulière.
On retrouve en Forêt de
Tournehem les associations
forestières typiques des
collines crayeuses de
l’Artois : hêtraie-frênaie,
hêtraie-chênaie. En lisière
Ouest, deux coteaux
crayeux en partie pâturés
sont à signaler : les Monts
d’Audrehem et le Mont de
Bonningues.
Ces habitats se singularisent par la présence d’espèces de
grande valeur patrimoniale en aire disjointe (la Cardamine
à bulbilles, rare à l’échelle française et l’Alisier blanc
rarissime à l’Ouest). Les boisements établis sur les pentes
fortes sont particulièrement remarquables du fait de leur
histoire (ancienne propriété des hospices) ; leur gestion
extensive a permis le maintien d’une strate arbustive très
riche et diversifiée. La plupart des communautés forestières
existantes ou masquées (peuplements de substitution)
relèvent de la Directive Habitats :
– Hêtraie atlantique à Jacinthe des bois ;
– Frênaie-Acéraie à Mercuriale vivace.
Des peuplements mixtes existent également : hêtraies-
chênaies, hêtraie-frênaie, chênaie-frênaie, …
Les pelouses de la cuesta du Pays de Licques et leurs habitats
associés se rapprochent des milieux que l’on trouve dans
le Boulonnais. De vastes coteaux crayeux se développent
sur le pourtour de la boutonnière. Ils sont occupés par un
ensemble pelousaire typique de la partie orientale de la
cuesta du Pays de Licques (série calcicole marnicole et série
calcicole mésophile à mésoxérophile), avec les différents
stades dynamiques de chaque série particulièrement bien
développés (pelouses-ourlets, ourlets, manteaux en contact
avec les boisements neutro-calcicoles). Cet ensemble
pelousaire présente un intérêt écologique remarquable par
la richesse en Orchidées (diversité spécifique et importance
des populations), le maintien d’un contingent significatif
d’espèces rares des pelouses mésophiles et par l’existence
de lisières thermophiles.
La couronne boisée qui borde cette entité paysagère est
intéressante pour les continuités biologiques : elle met en
liaison la cuvette boulonnaise, le Haut Artois et la Plaine
maritime flamande.