Un paysage européen
Les paysages miniers du
fait de leur dépendance
étroite, quasi infra-
structurelle, avec une
réalité géologique
trans-nationale, sont à
rattacher à un « Grand
paysage européen » dont
ils ne sont que le maillon
d’une longue chaîne
qui part de l’Allemagne,
traverse la Belgique et
s’achève en Grande-
Bretagne.
Un paysage anachronique
Le paysage minier
s’inscrit dans un
cycle court, celui de
l’exploitation d’un
gisement limité. C’est
un paysage qui, comme
l’énergie fossile qui
le produit, a une fin
programmée. Il faudra
lui donner une nouvelle
dynamique !
Les paysages miniers trouvent leur origine dans les
profondeurs. C’est à un facteur géologique et historique,
la découverte au XVIIIe siècle à Fresnes-sur-Escaut d’un
gisement carbonifère, que l’on doit l’apparition d’une des
formes paysagères les plus marquantes voire identitaires
de la région Nord - Pas-de-Calais. Presque tout, dans la
réalité de ce paysage et dans son unité, est relié à cette
réalité originelle. Dans ses limites tout d’abord, dictées par
l’invisible ruban souterrain s’étendant d’Est en Ouest et se
déployant sur près de 100 kilomètres. Dans sa période
de production ensuite, puisque les paysages miniers se
développent comme une traînée de poudre qui se serait
consumée de Fresnes à Bruay, du XIXe siècle à 1990.
Cette origine récente et cette brièveté historique (150
ans d’exploitation proprement industrielle) est une autre
caractéristique de ces paysages : ils sont dotés d’une sorte
de « fulgurance », ce sont des paysages éphémères qui
accèdent pourtant déjà au statut de patrimoine.
La réalité minière a traversé le territoire régional en léguant
un paysage nouveau composé d’un très grand nombre
de signes tangibles tout autant que d’une considérable
mémoire humaine. Mais, la réalité paysagère du bassin
minier est soumise à une perspective « d’effacement »
puisque déjà ses attributs primaires, liés directement à
l’extraction du minerai, ont disparu pour ne laisser perdurer
que des formes urbaines et rurales générées par cette
activité minière.
La réappropriation de cet ensemble, peut-être sa ré-
invention, est à l’oeuvre. Sans doute est-ce dans cette
dynamique, que le Bassin minier a fait acte de candidature
auprès de l’UNESCO au titre des « patrimoines culturels
évolutifs ».