Une logiqjue souterraine
Absence de solution
de continuité entre
les profondeurs et la
surface : ainsi, le bassin
se déploie « sur » des
paysages très différents
Un peu d’histoire…
Tout débute en Belgique ou le charbon est exploité depuis le
Haut Moyen-Âge dans la région du Borinage, dans un sillon
carbonifère qui s’étend jusqu’à Liège en passant par Namur et
Charleroi et dont les couches affleurent la plupart du temps. En
France aucun prolongement en surface de la veine wallonne
n’est recensé avant 1713. l’Ouest les couches carbonifères
s’enfoncent progressivement sous le Crétacé et les sables
tertiaires pour atteindre -250 mètres dans la partie occidentale.
Les tentatives pour trouver le prolongement du bassin wallon
durent traverser une importante épaisseur de « morts-terrains »
avant d’atteindre le socle.
Elles aboutirent à la découverte en 1720 de la première veine
française de charbon maigre à Fresnes-sur-Escaut suivie en 1734
de la découverte de la houille grasse à Anzin. Le décrochement
du bassin vers le Nord-Ouest dans la région de Douai occasionna
également de nombreuses recherches infructueuses en direction
du haut pays d’Artois, jusqu’en 1842 ou un sondage à Oignies
et un peu plus tard à l’Escarpelle, au Nord de Douai permit
d’appréhender la morphologie du bassin et de découvrir de
nouvelles veines.
Ces veines ont été dans l’ensemble difficiles à exploiter. D’une
épaisseur peu importante, inférieure en moyenne à 1 mètre, elles
ont été à la fin de l’ère primaire fortement plissées et cassées
par les mouvements hercyniens. Issue d’un phénomène de
charriage (recouvrement de couches récentes par des couches
plus anciennes non productives), la célèbre « faille du Midi », qui
constitue la limite Sud du bassin minier, a quant à elle fortement
contribué à la grande variété des pendages, rendant l’exploitation
des veines plus délicates.
Dans les années qui suivirent, le Bassin minier fut divisé en 15
concessions minières à peu près égales et tranversales à l’axe
du bassin afin que tout le monde puisse bénéficier des différentes
variétés de charbon.
Situé au cœur de la région, dans la zone de contact entre
les pays de la craie au Sud et les vallées humides au Nord,
étendu d’Est en Ouest sur plus de 120 km, mais n’ayant
qu’une vingtaine de km de large, le bassin houiller a été un
facteur essentiel dans le développement industriel du Nord-
Pas-de-Calais.
Tout d’abord en tant qu’axe de communication, il occupe
une bonne partie d’une vaste dépression « pré-artésienne »
de très faible altitude (jamais plus de 30 mètres), qui s’étend
du littoral à Mons en Belgique et qui a constitué de tout
temps un axe naturel de pénétration Est-Ouest important.
Ensuite par la richesse de son sous-sol qui a permis, dès
le début du XVIIIe siècle, un développement économique
sans précédent.
Aujourd’hui « bassin houiller sans houille » selon l’expression
de P. Flatrès, il continue d’alimenter l’imaginaire collectif et
de façonner le paysage et les hommes.
Si sa structure interne constituée de veines de houille est
relativement homogène, il n’en est pas de même en surface
ou les couches géologiques supérieures présentent une
grande variété morphologique de surface et une réalité
géographique plus complexe.
Le bassin minier s’étend sous des milieux physiques très
contrastés :
– l’Est, prédomine un milieu humide avec le val d’Escaut.
L’exploitation minière a commencé ici, près de Fresnes-
sur-Escaut. Elle s’est prolongée à l’Ouest dans les
vallées humides de la Scarpe et de la Haute Deûle, qu’il
a fallu drainer dès le Moyen-Âge. Dans ces zones, les
affaissements miniers, dont le plus représentatif est la Mare
à Goriaux en forêt de Saint-Amand, sont venus perturber
les systèmes d’écoulement et l’assèchement de ces zones
déprimées, en constante évolution, est toujours d’actualité.
Au niveau de Douai, le gisement opère un décrochement
vers le Nord et se retrouve sous-jacent à un élargissement
de la vallée de la Deûle.
Dans ces régions, les forages ont été réalisés dans les
zones les plus sèches et l’habitat ouvrier, corons et cités, se
sont installés sur la craie, en périphérie Sud des plaines.
– Plus à l’Ouest, le bassin houiller glisse au-dessous de
la plaine crayeuse de Lens. Ici l’extension de l’habitat et
l’implantation des fosses se sont réalisées sans contrainte
au sein d’un milieu agricole qui reste très vivace.
– Enfin l’extrémité occidentale du bassin, dans la région de
Béthune présente un caractère plus champêtre et plus
accidenté. Le Sud en particulier est déjà au contact des
premiers escarpements de l’Artois, entaillés par des vallées
étroites de direction Nord-Sud, aux versants boisés ou se
sont installées les exploitations minières