Les paysages sont ici « sous influences ». Écartelé en trois
arrondissements administratifs entre Cambrésis, Avesnois
et Valenciennois, l’unité n’est pas de mise et pourtant ce
Grand paysage régional respire au rythme de vie des
trois agglomérations périphériques : l’agglomération
minière au Nord, l’agglomération sambrienne au Sud et
l’agglomération cambrésienne à l’Ouest. L’aire d’influence
de ces trois agglomérations délimite d’ailleurs le champ
de certaines problématiques qui ne sont pas propres à
ce grand paysage ; sont ainsi posées les questions des
évolutions urbaines et rurales des communes placées sous
l’emprise des villes.
Dans les villages, les énormes volumes de certains
bâtiments agricoles ou industriels semblent difficiles
à réemployer. Couplée à la tendance générale au
développement de zones pavillonnaires, cette difficulté
engendre un certain abandon des cœurs villageois. Quant
aux évolutions rurales, elles conduisent ici comme ailleurs
à une certaine simplification des paysages : diminution des
haies, disparition des arbres, développement des labours.
Quelques peupleraies, en particuliers dans les vallées,
soulignent une évolution possible des terres les moins
faciles.
Au regard des caractéristiques topographiques des
paysages hennuyers - tout ici se joue dans la finesse et
le glissement - l’effet conjugué d’une banalisation des
paysages urbains et des paysages ruraux laisse présager
une perte irrémédiable. Car ces paysages chuchotent une
mélodie qui leur est propre, nuancée et modeste, offrant
un étonnant mélange des principales notes des paysages
régionaux. L’exceptionnel est ici concentré sur les petites
villes ; ce qui paradoxalement implique une attention
extrême pour ces campagnes « banales », tout à la fois
rurales, industrielles et rurbaines.
Les petites villes du Hainaut suscitent des questionnements
spécifiques. Face aux villes plus grandes, ces dernières
ont tenté un positionnement « en concurrence », qui les a
conduit à multiplier l’offre de services et de commerces, au
détriment parfois de leurs entrées de ville. Dans les centres
historiques, les enjeux patrimoniaux se conjuguent aux
contraintes d’un cadre bâti qui répond peu aux aspirations
d’habitants de plus en plus exigeants. L’énorme effort de
valorisation des fortifications de Le Quesnoy ne suffit pas
à redynamiser un tissu urbain en souffrance. Et la question
est à double sens, comment intégrer l’histoire urbaine de
Bavay sans muséifier la ville ?