Éléments fort de composition
– Des paysages organisés
de part et d’autre de la
ligne de relief de l’Artois
– Un Grand paysage
régional clairement séparé
en deux sous-ensembles :
les coteaux au Nord du
relief et le Pays de Licques
au Sud
– Des boisements qui
occupent de manière
très régulière toutes les
hauteurs, tant sur la crête
de l’Artois qu’autour du
Pays de Licques
– Un territoire de
campagne artésienne
mêlant bois, coteaux
cultivés, secteurs humides
plus bocagers
– Une gradation de la
pression urbaine du
Nord au Sud, en lien
avec la proximité des
agglomérations littorales
– Des paysages de grande
qualité qui souffrent
cependant d’un certain
déficit d’image
Coteaux calaisiens
Les Coteaux calaisiens s’étirent entre deux autoroutes :
entre l’A 26 à l’Est et l’A 16 à l’Ouest. Une vingtaine
de kilomètres sépare ces limites, mais les Coteaux se
poursuivent à l’Est sur une dizaine de kilomètres encore.
Trois bourgs se succèdent sur ce coteau qui voit mourir
l’Artois aux pieds de la plaine maritime : Audruicq au levant,
Ardres ensuite et enfin Guînes au couchant.
Le coteau présente une lente succession paysagère
d’Est en Ouest, qui a justifié l’emploi du pluriel ! Autour
d’Audruicq, le relief est très doux, la plaine est là à peine
quelques mètres plus bas. Le secteur présente un habitat
assez diffus et une présence bocagère plus marquée.
Peu à peu, vers l’Ouest, au-delà de Nielles-les-Ardres, les
paysages s’ouvrent.
Les villages s’inscrivent plus franchement en haut ou
en bas du coteau dégageant un entre-deux propice aux
cultures. Les belles demeures sont plus visibles dans un
paysage ou la haie lentement s’efface. Ardres, et Guînes
est dans la même situation, est une ville au positionnement
stratégique : la ville est implantée sur les premières terres
« au sec » au-dessus de la plaine. Le lac pour la première,
les marais pour la seconde, ancrent cependant ces villes
dans la plaine autant que dans l’Artois. Enfin, au delà de
Guînes, le paysage s’ouvre encore un peu plus, et même
les forêts disparaissent à la pointe de la forêt domaniale
de Guînes. Alors, le paysage se prépare à basculer dans
la Manche, qui peut ici ou là être entraperçue dans les
lointains.
Les routes départementales reliant les trois villes sont de
très sûrs moyens de découvrir cette gradation progressive.
La RD 224 d’abord, puis la 231 et enfin pour finir la RD 244
entre Guînes et Pihen permettent cette expérience. Mais
l’autre transect s’impose dans ces paysages ; à savoir
le voyage Sud/Nord des hauteurs boisées à la plaine
maritime.
Pour cela, les RD 127 et 224 sont idéales. Courtes ou plus
longues, ces voies témoignent de l’organisation structurelle
de ces paysages en fonction du relief. Elles permettent
également d’apprécier le site d’implantation des villes
d’Ardres et de Guînes. Pour Audruicq, il est plus difficile
de décrire un itinéraire évident entre le haut et le bas. En
premier lieu parce que le secteur d’Audruicq peut être
apparenté à une petite île, avec au Nord et à l’Est la plaine
maritime, au Sud le passage de la Hem et à l’Ouest, le
ruisseau de Nielles. Le second élément d’importance est le
faisceau convergent de grandes infrastructures de transport
(RN, autoroute, LGV) qui cisaille les relations entre la forêt
d’Eperlecques et Audruicq.
Pays de Licques
Le Pays de Licques est un petit territoire d’une dizaine de
kilomètres du Nord au Sud pour une douzaine d’Est en
Ouest. La vallée de la Hem et ses nombreux affluents sont
contenus dans une véritable muraille du relief, couronnée
de boisements. Au Nord et à l’Est, le relief se dresse comme
un mur, une toile de fond pour tous les paysages. Au Sud
et à l’Ouest, en contact avec le Grand paysage régional du
Boulonnais, les sources nombreuses de la Hem et de ses
affluents entaillent le relief de plus d’une dizaine de mini
vallées. Ainsi, des lignes de relief avancent comme des
doigts dans le petit pays enfermé dans ses murs. Le Pays
de Licques n’est traversé par aucune grande infrastructure.
La RN 42 passe en crête sur la limite Sud ; tandis qu’au
Nord, le passage de la RN 43 et surtout de l’autoroute A 26
s’inscrivent dans le « pertuis » ouvert pour le passage de
la Hem entre les bois du Camp Bréhout et de Zouafques
et ceux de la forêt d’Eperlecques. Au coeur du Pays de
Licques, les villages sont nombreux, privilégiant un habitat
assez dispersé, niché pourtant dans les creux des petites
vallées évoquées plus haut.
Ces paysages dégagent un puissant sentiment d’harmonie.
Comme souvent dans le Haut Pays, l’échelle mesurée - ici
parfois miniature - du rapport entre les différents éléments
constitutifs des paysages y est pour beaucoup. Les villages,
les collines, les rivières, les forêts qui semblent présents de
toute éternité s’emboîtent à merveille . Seul l’isolement, plus
fortement sensible dans les villages, questionne l’avenir.
Ce sentiment connaît un gradient Nord/Sud progressif.
En effet, aux abords de Licques et sur tout le Nord de la
zone, l’influence des agglomérations d’Opale semble plus
prégnante.
Découvrir ces paysages appelle une vitesse adaptée
à l’échelle du Pays, à ses rythmes, à son silence. La
marche à pied ou le vélo sont plus adaptés que la voiture.
Une partie du sentier de Grande randonnée du Tour du
Boulonnais et le GR 128 permettent de passer les étapes
successives de l’appréhension de ces paysages. Alors, que
la route départementale 217, entre Tournehem et Licques,
propose d’entrer dans le Pays par sa seule véritable porte,
tous les autres chemins nécessitent d’expérimenter la
vue panoramique surplombante. Le premier regard sur le
pays se pose alors en conquérant, avant de se risquer à la
descente du coteau puis à l’immersion dans les secteurs humides des fonds de vallée. De Journy à Alembon, de
Bainghen à Audrehem, les cyclistes garderont sans doute
l’image de montagnes russes, heureusement d’échelle
modeste, tant l’intérieur du Pays de Licques ne connaît pas
vraiment de repos. Enfin, quitter le Pays de Licques, c’est à
nouveau gravir une pente, un peu plus rude et longue que
les autres. Il faut s’extraire de ces paysages et gagner les
couronnes boisées pour y souffler. Juste avant de pénétrer
dans l’ombre, un dernier regard en arrière dévoile à
nouveau un pan entier du Pays de Licques dans la lumière
plus chaude du soir.