Le Grand paysage audomarois vit sous la menace du déplacement géographique de son centre de gravité.
En effet, l’implantation de l’A26 largement plus à l’Ouest que la traditionnelle RN43 (doublée de sa rocade) devrait conduire à un relatif déplacement/glissement de l’agglomération dans cette direction, sur les plateaux situés entre cuvette et vallée de l’Aa. Lentement, l’agglomération quitterait son berceau aquatique d’origine pour les hautes terres sèches. Ces développements prévisibles s’inscrivent dans une logique séculaire qui, entre Lille et le littoral tourné vers l’Angleterre, trouve les paysages audomarois sur le chemin.
Suivant ce dispositif, les franges Est du territoire devraient conserver leur relatif isolement, en l’absence de réseaux et grands projets.
Quant au marais, l’avenir pourrait bien être sombre. Le marais prête le flanc à des productions paysagères de plus en plus contrastées même si elles sont toutes liées à la contrainte aquatique - maraîchage, tourisme et agrément, naturalisme, aménagements régionaux ou nationaux qui conduisent à une certaine segmentation de l’espace, « les marais » se substituent au marais. En premier lieu, la capacité de production du marais est en question. Le maraîchage « subit » un niveau de contrainte difficilement compatible avec les notions contemporaines de rentabilité économique. Pourtant, le marais a été aménagé dès les années 1970, afin de permettre sa mécanisation. De plus, l’exercice qui consiste à coupler production agricole et qualité environnementale est ici relativement délicat ; le maraîchage audomarois ne s’ancre pas dans une tradition de cette nature. son échelle, le marais maraîcher est un système intensif. Les espaces prairiaux, voire les boisements abandonnés, apparaissent plus propices à une approche environnementale. mais il faut pour cela remettre en place une activité, une filière Le Parc naturel régional travaille en ce sens de longue date.
Dans ce contexte, les seules pratiques productrices de paysage sont le tourisme et le naturalisme ! Basées sur des attitudes contemplatives, ces activités ne semblent pas toucher à l’essence du marais bien qu’elles en remodèlent totalement les formes, dans des directions toutefois opposées.
Les spécificités des paysages audomarois lui confèrent un statut d’exception. Mais le tribut est lourd à porter pour un territoire très marqué par une industrie mono-spécifique (cristallerie) et un positionnement stratégique central à redéployer. Les paysages audomarois vont connaître d’importantes transformations aux cours des prochaines décennies La question de l’eau restera essentielle, ne serait-ce que l’eau des profondeurs. Mais, il serait très regrettable que l’agglomération audomaroise tourne le dos ou encore oublie son marais. L’intimité de la relation est nécessaire à la survie du marais… comme le marché aux maraîchers !