Diagnostic

Sols agricoles

Dernier ajout : 30 juin 2016.

Le sol est une composante essentielle de l’environnement. Il rend de nombreux services écosystémiques : ce milieu complexe et multifonctionnel filtre les eaux, abrite une abondante biodiversité, régule le cycle du carbone et de l’azote, jouant ainsi un rôle essentiel dans les problématiques du changement climatique. Enfin, il est à la base des besoins des populations, en servant la production agricole et forestière.

Les sols résultent de l’altération des matériaux géologiques par l’action conjuguée des climats successifs et des activités biologiques sur une très longue durée (pédogénèse). Les propriétés du sol présentent une très grande variabilité spatiale et sont difficilement généralisables.

Huit risques principaux concernant les sols peuvent être identifiés : érosion, dégradation de la partie organique des sols, contamination, imperméabilisation, dégradation de leur structure par tassement, salinisation, inondation et glissements de terrain, dégradation de leur biodiversité.

De nombreux éléments relatifs à l’occupation des sols, aux risques et aux pollutions des sols sont traités aux chapitres ‎"paysage et cadre de vie", ‎"eau", ‎"risques naturels et technologiques", ‎"développement territorial, aménagement du territoire et déplacements", notamment relatif à l’artificialisation des terres agricoles.

Nature des sols

La Picardie est une région faiblement urbanisée. La surface agricole utile (SAU) couvre 69 % de la Picardie, essentiellement sous forme de grandes cultures (céréales, betteraves, pommes de terre…) localisées sur les plateaux fertiles : le Santerre, le Vermandois et le Plateau Picard, entre autres. En effet, ce sont des sols riches en limons et de très bonne qualité agronomique qui couvrent la Picardie de façon quasi continue.

Dans la Thiérache et le Pays de Bray, les sols sont plus argileux. Le niveau imperméable ainsi constitué leur confère une hydromorphie qui en fait des sols plus favorables aux zones de bocage et d’élevage extensif.

Les forêts de la région picarde (Massif des Trois Forêts, forêt de Compiègne, dans le Noyonnais) persistent sur les zones de contact, peu fertiles, entre la Picardie crayeuse et la Picardie calcaire.

Perte de surfaces agricoles

La Picardie dispose d’environ 1,345 Mha de surface agricole utile (SAU), mais en a perdu environ 2,5 % en 20 ans, surtout dans l’Aisne. Depuis 2006, la perte de terres agricoles exploitées s’est stabilisée, mais pas celle de la SAU totale. On estime la perte à environ 15 300 ha de SAU totale dont 10 700 ha de SAU exploitée en Picardie entre 1999 et 2009, soit une perte de 1500 ha/an en moyenne.

Qualité agronomique

La qualité agronomique des sols est une ressource naturelle non renouvelable à l’échelle humaine, directement liée aux conditions stationnelles et aux pratiques agricoles mises en œuvre sur le long terme (ses caractéristiques physiques et biologiques sont ainsi très variables spatialement).

En France, a été observée une baisse des teneurs en carbone organique des sols agricoles entre 1950 et 1980, à l’occasion notamment des retournements de prairies permanentes et d’approfondissement du labour. Depuis la réforme de la PAC en 1992, les retournements de prairies sont plus rares et les profondeurs de labour ont diminué (10 à 25 %) [1].

Dans l’Aisne et probablement dans les autres départements picards, les stocks de carbone organique semblent stables sur une période de 15 à 30 ans [2]. Localement, on perçoit une variation à la baisse dans certains cantons [3].

Selon le réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS-INRA), les sols de la région présent une généralisation de teneurs plus importantes en phosphore et en cadmium, plus ponctuellement en cobalt, chrome, cuivre, nickel, plomb, zinc (statistiques nationales des éléments traces métalliques des sols). A souligner la baisse moyenne des teneurs en phosphore dans la Somme entre 1990 et 2004 [4].

Pressions sur la qualité agronomique

Certaines pratiques agricoles (uniformisation des assolements, labours profonds, exportation trop importante de la paille, absence d’engrais verts…), les épandages, les retombées atmosphériques, les pollutions accidentelles, etc., peuvent perturber l’écosystème que constitue le sol.

Une prise de conscience ancienne

La préservation de la fertilité physique et biologique des sols bénéficie d’une prise de conscience en Picardie depuis plus d’une dizaine d’année par le monde agricole. Dès 1996, la chambre d’agriculture et le conseil général de la Somme s’associent sur les problèmes d’érosion. Depuis 2004, le programme de recherche - développement "Gestion et conservation de l’état organique des sols" associe les acteurs du monde agricole pour mieux connaitre les dynamiques et rôles de la matière organique dans les sols et pour apporter aux agriculteurs les moyens de gérer les matières organiques de leurs sols sur le long terme. La chambre d’agriculture de la Somme établit la carte des sols (cadre national), prévue fin 2012.

Les dispositifs, contractualisation, actions de conseil, constituent des outils favorables à la conservation des qualités des sols et de l’eau (cf. chapitre "eau").

Erosion des sols

cf. chapitre "risques naturels et technologiques"

L’ensemble de la région Picardie est concerné par le phénomène d’érosion des sols avec un aléa moyen dans l’Aisne et faible dans la Somme et l’Oise, mais de manière plus importante dans des secteurs plus vulnérables [5]. La région est en effet en grande partie couverte de sols limoneux de grande valeur agronomique mais sensibles à l’érosion dans les pentes due aux précipitations. Les zones les plus fortement sensibles sont le Ponthieu-Vimeu, la région de Laon-Soissons-Saint Quentin, Valois et certaines zones sableuses du Noyonnais et du Vexin. Toutefois, il s’agit d’un problème global pour la région.

Facteurs aggravant l’érosion des sols

La diminution de la teneur en matière organique et l’adoption de pratiques intensives diminuent la cohésion des sols et peuvent renforcer les risques d’érosion. L’imperméabilisation croissante, la disparition des prairies et des éléments paysagers agro-naturels (haies, mares…) et l’agrandissement des parcelles sont des facteurs aggravants.

L’érosion provoque la perte agronomique, mais aussi une dégradation de la qualité des eaux (turbidité des eaux, polluants dans les masses d’eau de surface et/ou souterraines vulnérables), elle peut aussi générer des risques (coulées de boues).

Des outils intégrés de la protection des eaux et des risques

Par la pression sur les ressources en eau, les risques naturels et l’agriculture, l’érosion est prise en compte dans les SAGE, les plans de prévention des risques et les politiques agricoles (MAEt, Programme de Développement Rural de Picardie) - cf. chapitre "eau".

[1Duparque et al.(2007)

[2Wylleman, 1999 
Wylleman et al., 2001 in Duparque et al. (2007)

[3Gis Sol (BDAT), 2007 in L’essentiel sur les sols : La matière organique des sols et le stockage du carbone

[4Gis Sol (BDAT), 2009 in L’essentiel sur les sols : Le phosphore dans les sols

[5Gis Sol – Inra – SOeS, 2010 in L’essentiel sur les sols : érosion des sols

Pertes cumulées de surface (ha) des terres agricoles

Source : Statistique agricole annuelle, Ministère chargé de l’Agriculture (SSP)
Producteur : SOeS - Données essentielles de l’environnement

Estimation de la variation de la teneur en carbone organique dans les sols entre les périodes 1990-1995 et 1999-2004

Note : ensemble des résultats d’analyses collectés entre 1990 et 1995 d’une part et entre 1999 et 2004 d’autre part.
Source : Gis Sol (BDAT), 2007
Producteur : SOeS - Données essentielles de l’environnement

Carte d’évolution des teneurs en phosphore entre les périodes 1990-1997 et 1998-2004

Source : Gis Sol (BDAT), 2009 - ©IGN (BD Carto®), 2006
Traitements : Gis Sol - SOeS, 2009
Producteur : SOeS - Données essentielles de l’environnement

Les sols en Picardie : aléa d’érosion des sols

Note : aléa érosif des sols par petite région agricole, déterminé à l’aide du modèle Mesale, qui combine plusieurs caractéristiques du sol (sensibilité à la battance et à l’érodabilité), du terrain (type d’occupation du sol, pente) et climatiques (intensité et hauteur des précipitations).
Source : Gis Sol - Inra - SOeS, 2010
Producteur : SOeS - Données essentielles de l’environnement
Traitements : Gis Sol - SOeS, 2009
Producteur : SOeS - Données essentielles de l’environnement