Les tourbières
La vallée de la Canche est
marquée par la présence
de milieux tourbeux
relictuels. Probablement
très étendus à l’époque, il
ne subsiste que quelques
fragments à l’Est de
Montreuil-sur-Mer : marais
de la Calotterie, d’Attin
et de la Madelaine-sous-
Montreuil, marais de la
Bassée à Beaurainville et
Brimeux…
Il s’agit de tourbières
de vallées créées par
accumulation de matière
végétale ayant contribué
localement à l’asphyxie
du sol puis au blocage
de la minéralisation.
La tourbe a été un
excellent combustible.
Autrefois menacée par
la surexploitation, des
risques d’une autre nature
pèsent actuellement sur
les milieux tourbeux :
déprise agricole, plantation
de peupliers et drainage,
extension de l’urbanisation
et des campings, création
artificielle d’étangs, …
La plupart des milieux
tourbeux représentés dans
la vallée de la Canche sont
des prairies tourbeuses,
des bas-marais ou des bois
tourbeux spontanés, en
particulier des aulnaies-
saulaies tourbeuses.
Ayant quasiment disparu
du Nord - Pas-de-Calais,
ces milieux abritent une
flore exceptionnelle sur
le plan régional, avec un
cortège d’espèces rares et
menacées.
Au niveau biologique,
les milieux tourbeux de
la vallée de la Canche
représentent des sites
de prédilection pour
la reproduction des
amphibiens, en particulier
des tritons.
Dans le Montreuillois, aussi, c’est la géologie et la géomorphologie
qui ont dessiné les paysages : l’Homme par son travail séculaire
n’a pu faire que les finitions. L’infrastructure de base est simple
et rigoureuse. Le bombement anticlinal artésien a créé un
soulèvement du plateau calcaire.
La structure de base est caractérisée par une mosaïque de
blocs délimités par des failles qui forment un réseau quadrillé
complexe ou dominent les directions NO-SE et SO-NE.
Le jeu des failles et des pendages a ensuite aidé au découpage
par les rivières. La Canche est ici la maîtresse qui donne le –la’ à
ses affluents. Ils viennent tous, dans une belle harmonie, se jeter
en rive droite en une succession très géométrique : la Ternoise,
la Planquette, la Créquoise, le Bras de Brosne, la Course, la
Dordogne et l’Huitrepin …
Pour vive et puissante qu’elle soit, la Canche elle-même obéit
à une géométrie globale commandée par la géomorphologie :
elle suit une orientation Sud-Est / Nord-Ouest strictement
parallèle aux cours de l’Authie et de la Somme pour aller se jeter
dans la Manche à Étaples. Elle a entaillé sa vallée de manière
remarquablement plane et régulière.
On a ici des entités écopaysagères très tranchées :
– un plateau calcaire perché autour de 100 à 190 m
s’étend au Nord et au Sud de la Canche ;
– ce plateau est découpé par les vallées encaissées au
cours sinueux et aux versants raides des affluents de la
Canche et de quelques vallons secs ;
– enfin, la Canche a réussi au cours des temps géologiques
à entailler profondément le plateau artésien.
Très étroite en amont de Montreuil, la vallée de la Canche
s’évase en aval pour aller se fondre dans les terrains plats
poldérisés de la plaine maritime picarde avant de finir sa course
dans la Manche. Elle possède une pente très réduite, en
moyenne 0,6 pour mille.
Autrefois, il est probable que la Canche était soumise au
phénomène du mascaret (d’ou la dénomination Dordogne de
l’un de ces derniers affluents –nom d’origine occitane- ?).
présent, seules les marées de vives eaux font encore pénétrer
de l’eau de mer dans la Canche.
Le climat est assez peu différent du Haut Artois, avec des
précipitations importantes mais toutefois une amplitude
thermique plus faible (influence océanique plus marquée par
l’arrivée des masses d’air dans les vallées).
Ici aussi les fortes pentes et la structure des sols rendent les
risques d’érosion assez importants. Le bassin versant de la
Canche, du fait d’une population et d’une industrialisation assez
faibles, possède une qualité d’eau correcte sur la majeure partie
de son réseau.
L’urbanisation a strictement respecté également ces règles
contraignantes imposées par la géomorphologie : tout le tissu
urbain suit les fonds de vallée et très rares sont les constructions
humaines ou villages perchés sur les plateaux.
Cette dichotomie très forte de l’espace (de vastes plateaux
déserts et des vallées très urbanisées) engendre des conflits
d’intérêt. En effet, les vallées concentrent de ce fait les
zones urbaines, les zones de loisirs (campings en très forte
croissance), les voies de communication (voies ferrées, routes,
…), l’élevage bovin et les espaces naturels (marais, étangs,
tourbières, …). Cette région cherche un second souffle au
travers de ses paysages relativement bien conservés sur la
base d’un développement économique lié au tourisme vert, à
l’histoire et à la gastronomie. La ville de Montreuil, son glorieux
passé historique et son patrimoine (remparts) servent de phare
à un tourisme très apprécié des étrangers. La réussite de ce
développement à fort potentiel dépendra de la capacité des
collectivités à gérer ces conflits d’usage de l’espace au sein de
ce territoire tout en contraste.