État des masses d’eau et pressions

Eaux souterraines

Dernier ajout : 29 juin 2016.

En 2006, les eaux souterraines fournissent 81 % de l’eau destinée à l’alimentation en eau potable de la région, contre 95 % en 1996. Elles sont essentiellement localisées dans l’aquifère de la craie sous la quasi-totalité de la Picardie, sauf la Thiérache qui repose directement sur le socle primaire et le sud-est de la région qui s’appuie sur des nappes superposées de plus faible puissance.

L’aquifère de la craie est très productif notamment au droit des vallées, mais fragile car faiblement protégé en de nombreux secteurs.

État de référence SDAGE en 2006-2007

L’état des eaux souterraines* en Picardie est assez dégradé du fait de leur état chimique*, puisque seules 3 masses d’eau (ME*) souterraines sont évaluées en bon état* sur 27 [1]. Ce mauvais état général est notamment dû aux taux de nitrates et de certaines substances phytosanitaires.

État des ME souterraines en 2006-2007 en Picardie [2]
ME souterraine
(% en nombre de ME)
Bon état en 2006-2007 Mauvais état
État chimique 12 % 88 %
État quantitatif 100 % 0 %
État global 12 % 88 %

Les 3 masses d’eau souterraines en bon état en 2006-2007 sont celles du Pays de Bray, de l’Éocène du Valois dans l’Oise et du socle ardennais au nord est de la Thiérache dans l’Aisne.

Toutefois, toutes les masses d’eau souterraines ont un bon état quantitatif*. Cependant, il faut noter qu’une zone de répartition des eaux a été définie sur le bassin de l’Aronde afin de corriger la tendance à la dégradation sensible sur ce bassin. En outre, malgré l’abondance de la ressource, des conflits d’usage se produisent ponctuellement, notamment face à la demande croissante pour l’irrigation. En plaine maritime, la forte demande estivale liée au développement touristique engendre des risques de mélange eaux salées / eaux souterraines.

Objectif d’atteinte du bon état

En Picardie, l’état chimique actuel étant assez dégradé, seules 15 % des masses d’eau souterraines devraient pouvoir atteindre un bon état en 2015, les autres nécessitant un report justifié de délai : 44 % pour 2021 et 41 % pour 2027.

Objectifs de bon état des ME souterraines en Picardie [3]
ME souterraine
(% en nombre de ME)
Bon état en 2015 Report de délais
Objectifs état chimique 15 % 85 %
(2021 : 44 %
2027 : 41 %)
Objectifs état quantitatif 100 % 0 %
Objectifs état global 15 % 88 %
2021 : 44 %
2027 : 41 %

Un bilan réalisé par la DREAL sur la qualité des masses d’eau en 2009-2010 sera disponible en 2012. Y seront identifiés les paramètres limitant l’atteinte du bon état par masse d’eau (cartographie).

Pressions

Sur les eaux souterraines, les facteurs déclassant sont en majorité liés aux nitrates et aux produits phytosanitaires et de manière ponctuelle aux micropolluants (pollutions historiques).

Les nitrates, produits phytosanitaires et leurs métabolites (ex. deséthylatrazine, produit de dégradation de l’atrazine) sont les principaux facteurs de risque de non atteinte du bon état, pour la quasi-totalité des masses d’eau souterraines de la région. Certaines molécules phytosanitaires peuvent se retrouver dans les sols et les eaux, longtemps après leur interdiction d’utilisation.

Des facteurs sont aggravants pour la pollution des nappes souterraines : retournement des prairies, présence de sols nus avant culture de printemps, drainages et remembrements par leurs impacts sur la dynamique de ruissellement, d’érosion et de lessivage des sols, la vulnérabilité par la géologie (certains secteurs à faible recouvrement limoneux et au sous- sol fracturé, régions crayeuses ou calcaires notamment).

Les nitrates constituent le stade final d’oxydation de l’azote. Ils proviennent de l’utilisation en agriculture de fertilisants azotés (effluents d’élevage et engrais de synthèse, épandage des eaux résiduaires d’industries agro-alimentaires), des rejets de l’épuration domestique (infiltration des rejets de stations d’épuration et des assainissements autonomes, rejets directs), des apports des collectivités (entretien des espaces verts), des gestionnaires d’infrastructures (voiries) et des particuliers (jardinage). On note une tendance générale à la dégradation par les nitrates de la qualité des nappes souterraines de Picardie entre 2005 et 2008. En 2008, plus de 30 % des stations des réseaux de surveillance des nappes souterraines ont une teneur moyenne supérieure à 40 mg/l [4]. De plus, le seuil de potabilité de 50 mg/l est dépassé pour 7 stations parmi les 125 mesurées.

Concernant les pesticides, leurs présences fluctuent selon les conditions sèches ou humides des années précédentes. De nouvelles molécules et produits de dégradation sont détectés. D’un point de vue spatial, on constate souvent que les captages situés en amont des bassins versants sont les plus sensibles. Certains secteurs sont particulièrement touchés comme le sud-ouest et le nord-ouest de l’Oise (Vexin normand et picard, vallée du Matz, haute-vallée de l’Avre), le sud ouest de la Somme (vallées de la Poix et des Evoissons), le nord-est et le sud de l’Aisne (vallées de la Serre, du Thon et de l’Oise amont, vallée de l’Ourcq et secteur viticole de la vallée de la Marne).

Les pollutions de micropolluants sont issues de très rares et plutôt historiques rejets industriels par infiltration (ex. dans le Vimeu). Les rejets en nappe souterraine sont interdits ou, lorsqu’ils sont tolérés, avec des prescriptions fortes et des contrôles importants.

[1Atlas de l’eau en Picardie, 2010

[2Atlas de l’eau en Picardie, 2010 d’après SDAGE 2010-2015

[3Atlas de l’eau en Picardie, 2010 d’après SDAGE 2010-2015

[4DREAL, 2010. Atlas de l’eau en Picardie

Carte de l’état global des masses d’eau en 2007

Source : DREAL, 2011

Carte des objectifs de bon état des masses d’eau

Source : DREAL, 2011