Introduction

Point de rencontre entre deux planes infinitudes, la plaine maritime et la mer du Nord, le cordon littoral le plus septentrional de France apparaît comme un axe de symétrie horizontal. Le face à face des éléments y est toujours marqué par un effet de miroir contrastant ; la mer par exemple, forme naturelle épurée, y côtoie l’un des premiers ports industriels d’Europe, comme pour mettre en scène une rivalité dont les armes seraient la rudesse, la surenchère et la contradiction. Il n’est pas jusqu’à l’histoire qui n’ait marqué cette bande étroite par des soubresauts ayant eu raison de ses deux villes principales, Dunkerque et Calais, toutes deux anéanties par les « orages d’acier » de la Seconde guerre mondiale…

Forme symbolique et pacifiée de cette violence, la lumière qui se déploie ici sous forme de tempêtes relie les éléments hétérogènes qui forment ce paysage ou les lignes sont plus nombreuses que les points. La dune ciselée, la plage interminable, la vague régulière, la digue bétonnée, la promenade littorale, le chenal au large, la darse en eaux profondes, l’amarre torsadée, la cheminée crachant vers le ciel, les barres d’acier laminé, le filet dérivant, l’autoroute parallèle à la côte, les kilomètres de grillage bordant le terminal de Sangatte, le tunnel secret… sont autant de lignes entrecroisées faisant du paysage littoral un « paysage tissé ». Si les « limites littorales » de ce grand paysage sont géographiques à l’Ouest, quand la dune cède le pas à la falaise, elles sont politiques au Nord-Est, puisque la frontière ne termine pas le cordon dunaire qui se prolonge en Belgique, sous une forme beaucoup plus urbaine. Quant aux limites terrestres au Sud, c’est la distance jusqu’à laquelle l’influence directe de la mer se fait sentir qui le délimite : quelques kilomètres de sable et d’air marin…