L’état de l’environnement dans le Nord - Pas-de-Calais

Le troisième cahier régional de l’environnement publié aujourd’hui par l’Institut français de l’environnement (Ifen) et la Direction régionale de l’environnement (Diren) s’attache à une région en pleine mutation économique marquée par cent cinquante ans d’industrialisation et une forte urbanisation. Fruit du travail partenarial de tous les acteurs publics de l’environnement, le cahier régional présente un diagnostic complet et chiffré de l’environnement en Nord – Pas-de-Calais. Dans une contexte marqué par la décentralisation et la réforme de l’Etat, il dégage pour les décideurs des orientations d’action en faveur de l’environnement et du développement durable. Largement diffusé, il permettra l’information de tous pour mieux concilier le développement économique et social avec la protection et la mise en valeur de l’environnement, afin d’aller vers un développement plus durable.

Pour faire partager le concept et faire connaître les initiatives locales de développement durable, le Secrétariat d’Etat au Développement Durable a initié dès 2003, la semaine du Développement Durable. Dans le Nord Pas de Calais, la DIREN, en partenariat avec les services déconcentrés, l’Education Nationale, les collectivités territoriales, le Centre ressource du développement durable (CERDD), l’ADEME, l’Agence de l’Eau, la CCI et des associations, a lancé, comme en 2003, un appel à projets et a labellisé 37 actions de développement durable.

Des acteurs à la recherche d’un développement durable

Les acteurs régionaux se sont largement impliqués pour changer l’image du territoire et participer aux choix de reconversion. Lieux de concertation, dispositifs originaux d’association des citoyens, foisonnement associatif : cette dynamique fait du Nord-Pas-de-Calais une région en pointe dans la recherche d’un développement durable. Pour faire face aux problèmes de la reconversion, aux séquelles du passé industriel et à la prise en compte des installations à risque, des instances ont été créées telles que la Conférence permanente du bassin minier, le pôle de compétences « sites et sols pollués », ou le secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles (SPPPI) de Dunkerque. Avec les années quatre-vingt-dix, la région a vu l’essor des instances thématiques (commissions locales de l’eau, commissions locales d’information sur les risques…) prévues par la loi. Mais, c’est avec les démarches volontaires, comme les « Agenda 21 », que les acteurs locaux montrent leur détermination : le Nord-Pas-de-Calais est l’une des régions françaises comptant le plus « d’Agenda 21 ».

Une région fortement urbanisée et artificialisée

Parmi les régions métropolitaines, le Nord-Pas-de-Calais est la région la plus artificialisée (14,7 % du territoire) et la seconde région la plus urbanisée après l’Île-de-France (95 % de la population vit dans un espace à dominante urbaine). 4 millions d’habitants, soit 6,9 % de la population française, vivent sur 2,3 % du territoire métropolitain : la densité de population (322 habitants/km²) est trois fois supérieure à la moyenne nationale, le littoral est la 2e zone côtière française la plus densément peuplée (près de 700 habitants/km²) après celui de Provence-Alpes-Côte d’Azur. La métropole lilloise a la plus forte densité de population après Paris (1 281 habitants/km²).

Une forte consommation d’espace, altérant le patrimoine naturel

Le Nord-Pas-de-Calais est couvert en grande partie de zones urbaines diffuses où se mêlent zones d’habitat, zones d’activités, friches industrielles et zones agricoles (l’agriculture urbaine représente 17 % des surfaces agricoles utilisées). Cette situation résulte d’un phénomène périurbain ancien lié à une culture d’habitat individuel. L’habitat n’est pas le seul responsable de cette consommation d’espace, la création d’infrastructures et le développement des activités économiques y participent également : la région a une très forte densité routière (901 m/km2 contre 674 m/km2 pour la France) et ferroviaire (95 m/km2 contre 50 m/km2 pour la France), les zones d’activités occupent 1,8 % du territoire. Mais la prise de conscience de la nécessité d’économiser le sol progresse également : d’anciens sites industriels sont recyclés, les nouvelles surfaces affectées à l’accueil économique dans les documents d’urbanismes sont limitées. La concentration des activités humaines (agricoles et industrielles) et l’explosion démographique, qui en a découlé, ont eu pour conséquence d’altérer le capital naturel de la région, qui abrite pourtant une grande diversité de milieux. A tel point que le Nord-Pas-de-Calais est aujourd’hui la région ayant la plus faible part d’espaces naturels de toutes les régions françaises (seulement 12,3 % du territoire régional). Leur protection s’impose afin de garantir l’avenir de la région et le bien-être de sa population.

Des eaux de plus en plus soumises aux pollutions agricoles diffuses

La qualité physico-chimique des cours d’eau s’est améliorée depuis une vingtaine d’années. Ceux-ci restent néanmoins fortement artificialisés et ne sont pas dans un bon état écologique. L’eau souterraine, qui représente 67 % de l’eau prélevée, provient essentiellement des nappes de la craie, des calcaires du carbonifère et de quelques nappes alluviales. Les teneurs en nitrates des nappes d’eaux souterraines augmentent depuis une trentaine d’années d’environ 1 mg/l par an (la limite pour la consommation humaine est fixée à 50mg/l) et la contamination par les pesticides tend à se généraliser. La région est désormais classée en totalité « zone vulnérable » dans le cadre de la directive européenne « nitrates » et les pratiques de fertilisation sont encadrées de manière stricte. Quant à la pollution de l’eau par les pesticides, elle est surtout manifeste dans les eaux de rivières mais elle concerne également les ressources en eaux souterraines. L’état des lieux de la pression phytosanitaire réalisé en 2001 montre que toutes les stations de suivi des cours d’eau ainsi que 40 % des stations de mesure des eaux souterraines présentent des traces de pesticides. Par ailleurs, en vingt ans, 66% des communes ont été concernées par au moins un arrêté de catastrophe naturelle pour cause d’inondation, de crue ou de coulée boueuse. Les inondations de plaine peuvent présenter des temps de submersion particulièrement longs en raison de la faiblesse du relief.

Les sources de pollution de l’air changent

La pollution atmosphérique d’origine industrielle a tendance à diminuer contrairement à celle liée aux transports et au secteur résidentiel. L’industrie a fortement réduit les rejets dans l’atmosphère, notamment les émissions de dioxyde de soufre (SO2), responsables des pluies acides. Cependant, malgré les actions engagées par les industriels et les pouvoirs publics, certaines activités restent polluantes, entraînant une qualité de l’air moins bonne dans les pôles où se concentre l’industrie lourde. En zones urbaines, les incinérateurs d’ordures ménagères obsolètes ont été fermés ou remplacés. Les voitures et les chauffages individuels ont adopté des technologies moins dommageables pour la santé et l’environnement. Cependant, l’augmentation du nombre de véhicules et des déplacements, la forte densité de population et la production d’ordures ménagères par habitant élevée sont des facteurs aggravants qui gomment en grande partie ces progrès techniques.

Deux importants gisements de déchets

La région doit faire face à deux importants gisements de déchets : celui des ménages et celui des activités productives. En 1990, une enquête a montré qu’elle générait 20 % des déchets industriels produits en France. Ce chiffre est ancien mais reste néanmoins d’actualité : le Nord-Pas-de-Calais est toujours une grande région productrice de déchets industriels en raison de la présence d’industrie de transformation des matières premières et d’industrie lourde : plus de 500 000 tonnes de déchets industriels spéciaux auraient été produites en région en 2001. A cela s’ajoute un important gisement de déchets ménagers liés aux fortes densités de population. En 2001, la région a produit environ 1,6 million de tonnes de déchets industriels banals et 2,3 millions de tonnes de déchets de type ménagers collectés par le service public.

"L’environnement en Nord–Pas-de-Calais" comprend trois parties :


 Le diagnostic, appuyé sur les données les plus récentes, se rapporte aux principaux enjeux environnementaux mis en perspective au regard des forces motrices de la région : démographie et urbanisation, espaces naturels, eaux continentales, agriculture, tourisme, déchets, énergie, transports, risques naturels…

 Les orientations pour l’action, dégagées à partir du diagnostic, fournissent des pistes pour un avenir proche ou lointain, et constituent la parole environnementale de l’Etat.

 Enfin, un corpus de statistiques régionales et d’indicateurs de performance environnementale permet les comparaisons avec les autres régions françaises et constitue un véritable outil de pilotage pour concilier développement économique, besoins sociaux et environnement dans le Nord-Pas-de-Calais.

Comprendre les relations entre les mondes économique, social et environnemental, mobiliser les acteurs pour bâtir un développement plus durable, telles sont les ambitions de ce cahier.

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